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Giezendanner : "Kitzbühel, c’est champagne et Formule 1 !"

François-Xavier Rallet

Mis à jour 20/01/2018 à 17:32 GMT+1

COUPE DU MONDE - Privé de départ en 2016 après les chutes de Svindal et Reichelt, 22e en 2017, Blaise Giezendanner, très bon 9e du Super-G vendredi, s’élance sur la Streif en configuration descente pour la deuxième fois de sa carrière. Un moment forcément particulier sur une piste mythique qui en effraie plus d’un. Et une atmosphère qui n’a rien de commun.

Bernie Ecclestone et Niki Lauda à Kitzbühel

Crédit: Getty Images

Deuxième à Kitzbühel en 2006, Marco Buechel disait de la Streif : "Au départ, on ressent un mélange de tension, de respect, de nervosité agrémenté d’accès de panique et de confiance simulée."
Blaise Giezendanner : C’est un bon résumé (rires). Quand tu es là-bas, l’état d’esprit est différent. La pression est tout autre. Le départ est impressionnant. Cette mise en action, on ne la retrouve nulle part ailleurs. Et puis, on est à Kitzbühel. Dans la cabane de départ, on en prend plein les yeux. Après, on fait de la descente pour éprouver toutes ces sensations. A chaque descente, il y a de la peur. Mais là, on skie dans un endroit mythique. Tu n’oses pas y aller. Et puis tu te lances et quand tu passes la ligne, tu as une banane géante.
Le départ a une déclivité de 85%. Un chiffre quasi-irréel pour le commun des mortels. A quoi pense-t-on au moment de poser ses deux bâtons derrière le portillon ?
B.G. : Bizarrement, on pense à beaucoup de choses lors de la préparation, de l’échauffement. Puis, la machine se met en route. Moi, je refais le parcours dans ma tête. Et puis, je me dis : "maintenant, c’est rock and roll !". Et je n’ai qu’une chose en tête : je dois découper ce premier virage. Les deux premiers virages sont importants à Kitzbühel pour imprimer l’état d’esprit de la course. Si tu subis ces deux premiers virages, tu subis l’intégralité de la descente. Si tu mets de l’intention dès le départ, ça se passe mieux.
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Blaise Giezendanner à Kitzbühel en 2017

Crédit: Getty Images

Quel premier souvenir gardez-vous de cet endroit mythique ?
B.G. : Quand j’étais petit, je ne regardais pas trop le ski à la télévision. Mais je me souviens, il y a une dizaine d’années, avoir regardé la course le samedi. C’était incroyable. Il n’y avait jamais eu autant de monde au bord de la piste.
Sur place, qu’est-ce qui rend cette station de Kitzbühel si attrayante ?
B.G. : C’est toute une vallée qui vit autour de cette piste. Au moment de monter en haut de la Streif, on monte dans ces fameuses cabines avec le nom des anciens vainqueurs dessus. Ça fait quelque chose de voir toutes ces légendes du ski. Tout le monde rêve d’avoir une cabine à son nom, moi le premier. La première image que j’ai eue quand je suis venu à Kitzbühel, c’est ce dévers au loin qui brillait. On était allé faire un volley-ball en ville la veille de la course et ce dévers m’avait choqué. C’était tellement immense. Et puis, cette longue ligne droite. A l'arrivée, tu sens que tu es aspirée par la foule. C'est incroyable. Et puis il y a l'ambiance. Si différente de Wengen ou Bormio par exemple. Ici, c'est champagne et Formule 1.
En 2016, vous n’aviez pas pu prendre le départ. Les chutes de Svindal et Reichelt et une pluie incessante avaient contraint l’organisation à annuler la descente. Frustrant ?
B.G. : J’avais bien envie d’y aller à l’époque. En fait, mes sentiments étaient mélangés après l’annulation. J’avais le dossard 38… ou 40 (NDLR : 40), je ne sais plus. J’attendais mon tour. Je voyais la course se dérouler. Et je me disais que ça allait être horrible à skier. De là-haut, on voyait la vallée qui se bouchait. A un moment, on se dit : "Bon, maintenant, il n’y a plus à réfléchir. T’es à Kitzbühel. Les autres y sont allés, alors à ton tour." Donc, je m’étais mis en mode course. Et puis, on te dit que tu ne partiras pas. Sur le coup, j’étais un peu vert. Finalement, quand je suis redescendu dans la cabine, j’ai vu toute cette pluie, je me suis dit que c’était peut-être mieux ainsi (rires).
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Aksel Lund Svindal lors de la descente de Kitzbühel

Crédit: AFP

Vous vous êtes rattrapé l’hiver dernier, avec une 22e place en descente…
B.G. : C’était une fausse première et à l’arrivée, j’avais un sentiment mitigé. J’avais eu tout de suite l’impression d’en avoir gardé sous le pied. Je n’avais pas réussi à donner tout ce que j’avais. Quand j’avais vu tous les autres mecs devant, surtout les Français (NDLR : Giraud-Moine 2e, Clarey 3e Théaux 7e, Poisson 12e, Muzaton 14e, Fayed 16e), j’avais eu plus envie de participer à la fête. Même si la fête était belle. Mais ça m’avait donné envie d’aller plus vite. A Kitzbühel, il faut passer la 6e (vitesse). Si tu restes en 4e, tu ne joues pas avec les meilleurs.
Gagner à Kitzbühel, c’est plus fort que tout ?
B.G. : Il y a deux écoles. Dans le groupe, il y en a quelques-uns qui préfèrent gagner Kitzbühel plutôt que d’être champion olympique.
On veut des noms !
B.G. : (il hésite) Par exemple, Adri (Adrien Théaux), il aime bien (rires). En fait, Kitz’, c’est une course symbolique. Quand tu gagnes ici, tu entres dans la légende des descendeurs. Etre champion olympique, c’est un titre magnifique mais ce n’est pas pareil. Gagner un globe sans gagner Kitzbühel, c’est une saveur différente. Après, je ne suis pas le mieux placé pour espérer ça encore, mais c’est mon avis.
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Roi du Super-G, Svindal était au-dessus du lot

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