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Kitzbühel - "Ce qu'il fait à 40 ans est exceptionnel" : Johan Clarey, plus qu’une exception, un exemple

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 24/01/2022 à 11:00 GMT+1

KITZBÜHEL - Encore 5e de la deuxième descente sur la Streif, Johan Clarey a retrouvé son meilleur niveau comme toujours lorsqu’il se retrouve sur la piste autrichienne. A 41 ans, le Français ne cesse de repousser son départ à la retraite et impressionne le circuit par son mental à toute épreuve. Et rêve - enfin – de lever les bras pour la première fois.

Kitzbühel de l’intérieur : embarquez dans le temple du ski alpin

Lorsqu’il s’est élancé pour la première fois de sa carrière en Coupe du monde, le 29 novembre 2003 à Lake Louise, Johan Clarey n’était qu’une promesse du ski alpin français de 22 ans, 4e deux ans auparavant des Mondiaux juniors de descente. Personne ne s’imaginait alors que le Tignard serait sur le circuit dix-huit ans plus tard. Encore moins qu’il évoluerait à un tel niveau. Ce week-end, à Kitzbühel, le Français est encore passé tout près de la victoire, en prenant la 2e place de la première descente vendredi et la 5e place de celle de dimanche.

Privé de retraite par les cadors…

Un seul autre skieur a fini dans le top 5 des deux courses et il s’agit de Marco Odermatt. Excusez du peu ! Mais, malgré la performance, Johan Clarey n’est pas vraiment du genre à se satisfaire d’un top 5. "Je suis un peu vert, je fais une énorme faute en haut du tracé, analysait-il après la course. Sans ça j'avais largement la troisième place dans les jambes. Les deux premières non, mais la troisième oui. Après je me bats comme un lion jusqu'en bas mais je pense que je suis très loin en passant la ligne et je finis 5e. C'est un peu les boules sur le coup !" Mais finir 5e de la descente de référence de la saison, à 41 ans, est un exploit extraordinaire. Encore plus en vitesse.
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Une faute sur le haut qui coûte le podium : la descente de Clarey

Le Tignard aurait pourtant pu s’arrêter bien avant la quarantaine si la chance avait tourné plus tôt. "Il s’est dit un truc depuis 3-4 ans, c’est qu’il arrêterait dès qu’il aurait gagné, rappelle notre consultant Gauthier de Tessières. Le problème, c’est qu’il y a toujours un mec qui est intouchable… » Comme Aleksander Aamodt Kilde vendredi ou Beat Feuz l’an dernier, déjà à Kitzbühel. Mais lui a toujours continué à performer, donnant même l’impression de se bonifier au fil des années, comme le bon vin. Alors qu’il n'avait fait qu’une seule fois partie du top 10 classement de descente avant 2019 (7e en 2014), Clarey reste sur des 8e, 7e et 4e places au classement de la spécialité.
Ce qu’il fait à 40 ans, dans un sport comme le ski, c’est exceptionnel
"ll ne voulait pas arrêter parce qu’il a longtemps eu peur de l’après mais aussi parce qu’il ne baissait pas de niveau, raconte Gauthier de Tessières. Il a toujours cru qu’il pouvait faire des choses… S’il avait baissé, comme cela a été le cas en début d’année, peut-être qu’il aurait arrêté. Au début de l’hiver, après toutes les courses, je pense qu’il rentrait à l’hôtel en se disant que 2022 serait la dernière". Mais son week-end sur la Streif, là où il a acquis quatre de ses neuf podiums en Coupe du monde, pourrait bien tout remettre en question pour le Français, également plus serein sur sa vie personnelle depuis qu'il s'est marié.
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Clarey : "J'ai encore une chance de gagner dimanche"

D’autant qu’il n’abordait pas ce week-end idéalement, après un début de saison en demi-teinte et en étant privé de son technicien, positif au Covid-19 et absent en Autriche. Le plus dur finalement pour Johan Clarey n’est ni la piste, ni les conditions, ni les adversaires mais bien lui-même. "Sur les épreuves comme Kitzbühel, où il y a un enjeu, il va réussir à contrôler sa peur, à se motiver, à y croire, explique notre consultant. Il a testé des choses aux entraînements, ça a bien fonctionné. et il s’est rassuré. Le matin, il s’est levé, il s’est dit ‘Ça va, je suis à peu près en forme, je peux le faire’. Le plus fort finalement, c’est qu’il l’ait fait sur deux jours ! Tous les skieurs le diront : ce qu’il fait à 40 ans, dans un sport comme le ski, c’est exceptionnel". Surtout en vitesse, où le danger est présent à tout instant.

La retraite sur un titre olympique ?

"Je ne sais pas où il va chercher tout ça, explique Gauthier de Tessières. A 40 ans, tu as beaucoup plus de peur, beaucoup plus de pensées négatives, tu penses plus au danger, tu acceptes moins de prendre des risques… Mais lui, il arrive encore mentalement à faire cet effort, à balayer toutes les peurs et c’est très fort". Et le vice-champion du monde de Super-G à Schladming en 2013 sait de quoi il parle. "Moi j’ai le même âge (quelques mois de moins même) que lui, j’ai grandi avec lui, je l’ai toujours vu évoluer donc je me compare un peu, témoigne-il. Mais quand j’étais dans la cabane là-haut, je me suis dit que c’était impossible que j’y aille. C’est impossible ! On a peur à 40 ans…" Pas Johan Clarey.
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La reconnaissance de Clarey avant sa 2e place comme si vous y étiez

Mentalement, le Tignard réussit encore et toujours à se motiver comme continuer et faire les efforts nécessaires. Même si c’est parfois difficile. "Physiquement ça allait, mais mentalement, c'était plus compliqué d'enchaîner après la descente de vendredi, avouait-il après sa 5e place dimanche. Il fallait se remettre dedans. Je l'ai fait". Une force mentale qui impose le respect sur le circuit où tous reconnaissent le Français comme un exemple. "Ça leur donne des idées mais ça ne sera pas donné à tout le monde, explique de Tessières. Il n’y a qu’un seul Johan Clarey". Et, à deux semaines des Jeux Olympiques de Pékin, le Français a retrouvé l’ambition. "Je vais pouvoir aborder les JO en confiance, je ne pense plus qu'à ça, racontait-il ce dimanche. On va essayer de tout lâcher là-bas". Histoire de lever les bras, enfin ? Partir sur un titre olympique, ça aurait de la gueule.
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