Montillet: "Fière de moi"

"Il y a des moments où la vie est belle. J'en profite ". Carole Montillet est heureuse, tout simplement. Bien dans ses skis, bien dans son corps, bien dans sa tête. Et en ski, quand vous associez solidiité technique, physique et mentale, la victoire n'est jamais très loin. Surtout quand on possède, comme la skieuse de Villard-de-Lans, l'expérience. Cette expérience qui lui a permis de gérer tranquillement le report de deux heures de la seconde descente, disputée samedi.

"Je n'étais pas trop stressée. On a tellement attendu en haut que je n'ai pas réfléchi. J'avais beaucoup moins de pression qu'hier. Lors de la première descente, je voulais vraiment bien faire, et c'est pour ça que j'ai commis cette petite faute sur le haut. Mais à cause de la tempête, ils ont abaissé le départ samedi. Du coup, on me supprime le haut, et je ne fais plus de fautes", s'esclaffe la Française, évidemment de très bonne humeur.

Ce doublé, elle y croyait, elle le sentait à sa portée, mais elle a tout de même réussi à se surprendre. "Quand je suis arrivée en bas, avec mon dossard 30, et que j'ai vu que j'avais gagné, j'étais vachement fière de moi", raconte Carole. "Avant, je regardais les gens qui réussissaient des doublés, en me disant qu'ils étaient exceptionnels. Aujourd'hui, c'est mon tour." En s'imposant à deux reprises en l'espace de 24 heures, il est clair qu'elle a franchi un cap.

Mais au fait, comment expliquer une telle symbiose entre une athlète et une piste ? La championne olympique, qui a glané trois victoires et huit podiums à Lake Louise, avance une explication toute simple. "D'abord, j'aime beaucoup l'endroit. Je me sens bien ici. Mon futur mari est là, c'est très important, car ça me permet de sortir l'après-midi, de faire d'autres choses comme du hockey. Pendant ce temps, on ne pense pas à la course et on se libère l'esprit" explique-t-elle.

Il y a le cadre certes, mais aussi, évidemment, des raisons techniques à son épanouissement dans les Rocheuses canadiennes. "La neige est parfaite pour moi à Lake Louise", poursuit Carole. On peut glisser, aller vite, j'ai toujours eu de très bonnes sensations ici ". Pour toutes ces raisons, Carole Montillet est donc devenue "Miss Lake Louise", un surnom qui risque de lui coller à la peau jusqu'à la fin de sa carrière. A moins qu'elle ne se mette à gagner un peu partout, auquel cas il conviendra de la rebaptiser.

La Française a quoi qu'il en soit déjà pris une option sur la Coupe du monde de descente, qui lui avait "filé sous le nez l'hiver dernier". Dimanche, un autre défi l'attend. Lors du premier Super G de la saison, discipline dont elle est détentrice du globe de cristal, Montillet a l'occasion de réaliser un triplé historique. Elle en a assurément les moyens. Sa maîtrise du Super G, ajoutée à son capital confiance, peut lui permettre de martyriser une troisième fois la concurrence.