Retour vers le futur

De son accident à l'entraînement en décembre 2002, Kostner, 28 ans, ne parle que des bons souvenirs. Elle revoit vaguement ses skis qui se croisent, puis son réveil quelques minutes plus tard dans la civière pendant sous l'hélicoptère qui l'évacuait de la piste. "C'était un des plus beaux moments de ma vie. Vraiment. Je n'avais jamais fait cela auparavant et je trouvais cela magnifique, raconte la vice-championne olympique de descente, avec un grand sourire. Le fait d'être blessée, ce n'était alors pas important pour moi, ce n'est qu'une demi-heure plus tard que j'ai pensé aux possibles conséquences".

Elle s'en tire avec une légère commotion cérébrale et des contusions, qui la tiennent hors de la compétition pendant près de deux mois. Mais le mental est touché plus durement. " J'ai perdu toute confiance en moi-même", insiste celle qui compte 11 podiums en descente en Coupe du monde et 3 en super-G. Et d'ajouter: "Ce n'est pas facile de retrouver confiance en soi tant qu'on ne fait pas de résultats".

Sa 29e place dans la première descente de la saison 2003/04, vendredi à Lake Louise, avec près de 2 secondes de retard sur la gagnante, Carole Montillet, n'a pas de quoi la satisfaire. " Je dois être plus détendue, je suis toujours nerveuse pour la première descente, mais là j'étais vraiment nerveuse ", estime Kostner. Il y a un an, elle était arrivée impériale à Lake Louise, au sommet de sa forme, forte de trois belles saisons. Cette année, l'Italienne semble bien fragile, et ne se considère plus comme une favorite.

"C'est sûr que j'aimerais gagner mais le plus important pour moi est de retrouver des bonnes sensations", souligne l'ancienne maîtresse des lieux. "J'avais encore hâte de venir ici, j'ai toujours aimé la course, l'endroit, la nature...", assure-t-elle. Kostner refuse de faire le parallèle avec une autre star miraculée: l'Autrichien Hermann Maier, absent du grand cirque blanc en 2001-2002 à la suite d'un accident de moto, qui a fait un retour fulgurant la semaine dernière à Lake Louise en gagnant le super-G.

"Il est plus une machine qu'un être humain, moi je suis moins forte, je suis plus émotive", pense la douce brunette. En revanche, la descendeuse ne compte pas faire ses adieux prochainement à la compétition, même si l'idée lui a traversé l'esprit. La tenue des Championnats du monde à Bormio en Italie en 2005, et puis les jeux Olympiques d'hiver à Turin en 2006 ont de quoi la motiver à continuer à dévaler les pentes.