L'Autriche sur son Olympe

L'Autriche du ski alpin a été digne de son appellation de "Wunderteam" - héritée de la grande équipe de football de l'entre-deux-guerres - avec un record de 14 podiums aux jeux Olympiques de Turin (sur 30 places, en 10 épreuves), dans le sillage de Benjamin Raich et de Michaela Dorfmeister, quatre médailles d'or partagées à deux.

"Nous avons réussi à transposer nos résultats de Coupe du monde aux JO. Ce que nous n'avions jamais fait auparavant dans de telles proportions", a souligné Hans Pum, le grand patron de cette formidable machine. A l'exception du slalom géant féminin, les Autrichiens ont en effet placé un de leurs représentants sur tous les autres podiums de ski alpin de ces Jeux !

Michaela Dorfmeister et Benjamin Raich symbolisent ce transfert parfaitement réussi dans les montagnes piémontaises. Libérée à l'idée de disputer sa dernière année de compétition, la Viennoise a fondu sur ses adversaires dans les épreuves de vitesse. "C'est la force de l'expérience et du plaisir", a-t-elle souligné à San Sicario, après son premier or en descente, qui devait être suivi, une première chez les dames dans l'histoire des Jeux d'hiver, par celui du super-G.

Raich, qui aura 28 ans le 28 février, a atteint sa plénitude. Large leader de la Coupe du monde générale, "Benni" domine aussi la saison en slalom géant et détient le titre mondial du slalom. Il a remporté à Sestrières les deux épreuves techniques, entraînant dans son sillage, lors du slalom qui clôturait les épreuves alpines à Turin, ses coéquipiers Reinfried Herbst et Rainer Schoenfelder pour un triplé formidable (le troisième depuis le début des Jeux après ceux réalisés par les Autrichiens en géant en 1956 et les Norvégiens en combiné en 1994) .

Le Tyrolien n'a pas oublié de louer l'esprit collectif. "Il y a une bonne ambiance au sein de notre équipe. Il faut remercier tous les entraîneurs et techniciens pour ces résultats", a déclaré le champion de la vallée du Pitztal (sud-ouest).

A ces quatre médailles d'or s'ajoutent les doublés argent-bronze de Marlies Schild (combiné et slalom) et de Hermann Maier (super-G et slalom géant), et le doublé en bronze de Rainer Schoenfelder (combiné-géant). La répartition messieurs-dames est de mise parmi les médaillés uniques : à l'argent de Michael Walchhofer et Rainer Herbst (descente et slalom) répondent l'argent et le bronze de Marlies Schild et Alessandra Meissnitzer (combiné et super-G).

Finalement, le seul regret de la Wunderteam autrichienne, et de son public, est sans doute d'avoir laissé filer le titre le plus prestigieux de la quinzaine olympique : celui de la descente masculine. L'échec de Maier (6e, alors que "Herminator" tenait tant à conquérir le seul titre qui manquait à son palmarès), et celui, plus relatif, de Michael Walchoffer, 2e, est en effet aussi celui de tout un pays, où la descente est non seulement considérée comme la reine des disciplines, mais surtout un pré carré des "rouge et blanc".

Huit ans après son compatriote Jean-Luc Crétier, le Français Antoine Dénériaz a réussi la course parfaite sur une piste qui lui allait comme un gant. "En ski alpin, les JO c'est la course d'un jour", a remarqué Heinz-Peter Platter, entraîneur des Canadiennes. Une évidence qu'il a détaillée : "Il faut le bon jour assembler tous les éléments du puzzle, à savoir les aptitudes à la piste, à la neige, le fartage réussi, le mental, et tant d'autres". En matant, sur tous ces plans, l'invincible armada autrichienne, Antoine Dénériaz a bel et bien réalisé une performance digne de la "Wunderteam" !