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Miller, l'iconoclaste

Eurosport
ParEurosport

Publié 18/02/2006 à 09:00 GMT+1

Si on l'écoute, Bode Miller se moque du titre olympique comme de sa première paire de skis. Ça tombe bien. Pour l'heure, le fantasque américain ne possède toujours aucune médaille d'or à son palmarès. A Turin, il a semblé plus à l'aise sur les pistes de

Question: à quoi servent les médailles que Bode Miller a remportées à Salt Lake City voilà quatre ans. Réponse: à réparer la cuvette des toilettes de son camping car. L'anecdote, véridique, témoigne du peut d'intérêt que porte le skieur du New Hampshire à la chose olympique. Ce dédain, complètement assumé, l'impayable Bode s'est largement employé à l'entretenir depuis son arrivée dans le Piémont. "Ce sont les autres qui veulent que je gagne les médailles. Les médailles d'argent de Salt Lake ne m'ont rien apporté ", a-t-il encore claironné dans la Gazetta ces derniers jours.
Le pire, c'est que Miller ne dit pas ça pour épater la galerie. Il se fout vraiment des Jeux, comme de beaucoup d'autres choses. "S'il gagnait une médaille d'or aux Jeux, il ne la mettrait pas en évidence chez lui. Elle servirait probablement à caler sa porte", confirme Jim McBride, responsable de l'équipe de vitesse américaine. A la limite, c'est à se demander pourquoi Bode est venu à Turin. Sans doute parce qu'il n'a pas le choix. Après tout, qu'il le veuille ou non, Miller vit de son métier, et son métier, c'est de skier.
"Je veux seulement m'amuser"
Il n'est d'ailleurs pas avare de contradictions. Il se dit libre comme l'air, se donne des airs à la Jim Morrison, crache sur les diners en ville et chez les sponsors mais c'est aussi un roi de la pub. Il a vendu son image à un célèbre fabricant italien de pâtes et Nike, dont la devise en matière d'économie tranche singulièrement avec celle du Baron de Coubertin, le considère comme un de ses plus beaux fleurons. Il refuse aussi toute intrusion dans sa vie privée. Louable et respectable. Mais il vend à l'occasion des images de sa chambre à coucher. En fait, Bode Miller aime dicter le jeu et abhorre qu'on lui impose quoi que ce soit. En cela, il est un homme libre.
Un homme marche avant tout à l'envie. Depuis quelques temps, il parait avoir perdu ce moteur. Il ne s'en cache d'ailleurs pas vraiment. "L'an dernier, je m'étais fixé l'objectif de remporter la Coupe du monde générale. C'était mon défi personnel. Cette année, je veux seulement m'amuser. Oui, je pourrais très bien m'arrêter demain, sans aucun regret. Je pourrais prendre une année sabbatique et puis, peut-être, ressentir l'envie de me prouver quelque chose", confesse-t-il. Ce n'est pas la première fois que le meilleur skieur de la saison passée évoque une possible retraite.
Atypique jusqu'au bout des planches, Miller ne fait rien comme tout le monde. Sur la piste, où son style ne ressemble à rien de ce qu'on vous apprend dans les écoles de ski, comme en dehors, où son sens de la fête prend souvent le pas sur les règles les plus élémentaires du professionnalisme. Mardi, après sa disqualification en combiné, à l'heure où le village olympique dort depuis belle lurette, Bode faisait ainsi la fête avec des amis à lui dans la boite de nuit "Tabata" de Sestrières. "Au moins, je n'ai pas besoin d'aller à Turin chercher une médaille", rigolait-il alors, toujours aussi provocateur.
A fond tout le temps
Dans un milieu parfois aussi lisse qu'une piste damée au petit matin, Miller fait du bien. Seul problème, quand on provoque de manière incessante, on se doit d'être irréprochable au niveau des résultats. Les grandes gueules ont besoin de grands actes. A défaut, elles risquent de perdre tout crédit. Or depuis le début de l'hiver, l'Américain s'est très souvent distingué en dehors des pistes. Rarement dessus. C'est tout son problème. "Bode pourrait être le plus grand skieur de l'histoire s'il le voulait. Il dit qu'il prend chaque départ pour gagner mais est-ce vraiment le cas? A mon avis non", confie McBride.
Miller a inventé une façon d'être dans le milieu du sport, surtout dans celui du ski. Un état d'esprit dans l'état, une "zen attitude millerienne", qu'il ne veut imposer à personne, sinon à lui-même. En échange, il refuse qu'on le fasse entrer dans un moule. Sur les skis, il ne sacrifiera pas son idéal. Pas même pour une médaille d'or. Samedi, lors du Super G, comme lors du géant ou du slalom, il restera lui-même, en prenant tous les risques. Quoi qu'il arrive. "Or, argent, bronze, ce n'est pas à cela que je pense en prenant le départ. Je pense à courir à fond tout le temps. Parfois tu gagnes, parfois tu tombes", sourit le Yankee. Sacré Bode.
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