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En quête d'un 7e titre mondial, Ronnie O'Sullivan ne se "considère pas comme le plus grand"

Laurent Vergne

Mis à jour 15/04/2022 à 12:01 GMT+2

CHAMPIONNATS DU MONDE – Sextuple champion du monde, Ronnie O'Sullivan, de nouveau installé à la première place mondiale, part à Sheffield à la conquête d'une septième couronne. Elle lui permettrait d'égaler le record de Stephen Hendry et de solidifier son statut de plus grand joueur de l'histoire. Statut que la légende anglaise refuse pourtant de revendiquer.

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Ronnie O'Sullivan n'est pas du genre à scruter le classement mondial. A 46 ans, ce n'est plus vraiment de son âge. Alors, quand il est revenu numéro un le 4 avril, il a été le premier surpris. "Franchement, je n'en revenais pas, a-t-il juré. J'étais totalement surpris et je n'ai rien vu venir. Je ne suis pas du genre à m'occuper du nombre de titres, des records, du classement, mais à ce stade de ma carrière et à mon âge, je me suis quand même dit 'C'est un sacré accomplissement'."
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Un de plus. Légende absolue de la discipline qu'il a su transcender, "The Rocket" est presque unanimement considéré comme le plus grand joueur de l'histoire du snooker. Un titre honorifique qu'il refuse pourtant de s'octroyer. "Je ne me considère pas comme le plus grand de tous les temps, a-t-il confié à Eurosport en amont des Championnats du monde, qui débuteront ce samedi à Sheffield. Je pense que Stephen Hendry a de vrais arguments. Tant que mon nom apparaît dans le débat, vous devez laisser les autres décider. Tout ce que j'ai fait, c'est essayer de gagner en jouant de la façon dont je voulais jouer."

Le plus grand ? "Pas à moi de décider"

Si O'Sullivan revendique une chose, c'est cela. Sa différence, sa vision et sa faculté à s'y tenir depuis maintenant près de trois décennies. "C'est plus dur de gagner en jouant comme Federer qu'en jouant comme Nadal. J'ai pratiqué un style de jeu qui est très difficile à imposer, rappelle-t-il. Jouer comme je joue, ce n'est pas simple. Parfois, il est plus simple d'être plus défensif, plus 'négatif', d'être un joueur plus contre-attaquant. Je suis resté un joueur très offensif, je prends des risques et parfois, vous le payez. Mais je veux juste prendre du plaisir. En restant fidèle à ce style de snooker, j'ai réussi à être six fois champion du monde. Ce n'était pas évident."
Six fois, et pourquoi pas sept puisque l'Anglais va s'attaquer au Crucible de Sheffield à un des derniers grands défis de sa carrière : aller chercher une septième couronne mondiale pour égaler un des derniers records du snooker qui ne lui appartient pas. Stephen Hendry, le roi des années 90, le devance encore d'une couronne.
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Ronnie O'Sullivan, avec un 7e titre égalerait Stephen Hendry.

Crédit: Getty Images

Ce record-là changerait-il sa propre perception de ce débat du "GOAT" du snooker ? "Encore une fois, ce n'est pas à moi de décider, c'est aux autres de le dire, reprend-il. Les records ne sont pas mon obsession, mais si les gens veulent regarder ça de près, en ce qui concerne le Championnat du monde, je suis derrière Stephen Hendry. Il y a pire. Mais j'ai fait mieux dans les deux autres 'Majeurs' et dans quelques autres domaines, si vous voulez en tenir compte."

Numéro un fragile

L'an dernier, à l'occasion du Grand Récit que nous avions consacré à Ronnie O'Sullivan, notre confrère anglais d'Eurosport, Desmond Kane, avait estimé que ce débat n'avait justement plus de sens : "O'Sullivan n'a pas besoin de gagner un ou deux titres de champion du monde de plus pour être considéré comme le plus grand de tous les temps. Il l'est, et il est un véritable génie du sport. Il détient tous les autres records majeurs du snooker."
Entretenant le flou depuis plusieurs mois sur la date de son départ à la retraite (dans un an ? Deux ? Davantage ?), le Rocket n'aura sans doute plus beaucoup d'occasions d'atteindre ce fameux septième ciel planétaire. Alors qu'il vient donc de s'installer pour la cinquième fois de sa carrière au sommet de la hiérarchie, cette édition 2022 sera-t-elle la bonne ? A voir. Numéro un mondial, oui, mais pas forcément le meilleur joueur du moment.
Si le classement en snooker suit à peu près la même logique que le classement ATP en tennis, il existe une différence majuscule : l'ATP calcule sur l'année écoulée, quand le snooker prend en compte les deux dernières saisons. O'Sullivan doit donc en partie sa place au sommet à son titre mondial acquis en 2020, et dont il va perdre le bénéfice début mai à l'issue des Mondiaux.
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Chaque match a l'air d'être une finale pour beaucoup de mes adversaires
Or depuis ce sacre N°6, il n'a décroché qu'un seul titre sur le circuit, en décembre dernier lors du World Grand Prix. Ronnie reste d'une très grande régularité (il est le plus souvent en demie voire en finale), continue de pratiquer un snooker aventureux, mais il lui manque souvent un petit quelque chose pour aller au bout, comme lors de sa dernière défaite en date, 10-9, contre Neil Robertson, lors du Tour Championship.
L'Australien a été cette saison un des principaux bourreaux de Ronnie O'Sullivan, qu'il a battu trois fois en quatre confrontations. Mais en dépit de sa dernière victoire, Robertson, peut-être le vrai grand favori de ce Championnat du monde ("Je pense qu'il sera l'homme à battre, il évolue à un niveau exceptionnel", juge O'Sullivan lui-même), reste convaincu que le niveau de jeu affiché à cette occasion par son rival peut l'autoriser à croire à la victoire finale au Crucible : "Je l'ai trouvé en très grande forme. Très peu d'erreurs, et toujours cette capacité à 'blitzer' la table en un rien de temps. Je ne n'avais pas vu Ronnie aussi concentré depuis longtemps et, ça, ça le rend très dangereux."
Sa constance au plus haut niveau à 46 ans reste sidérante. Surtout avec son statut. Vainqueur de son premier tournoi de la Triple Couronne (Championnat du monde, Championnat du Royaume-Uni et Masters) en... 1993, Ronnie O'Sullivan est l'homme à battre depuis bientôt trente ans. "Mon passé et ma place dans l'histoire du jeu font que chaque match a l'air d'être une finale pour beaucoup de mes adversaires, alors que d'autres sont un peu plus tranquilles. Et je dois composer avec ça." Malgré tout, il est encore là. Il a raison. Redevenir numéro un mondial après tout ça, à cet âge, c'est un sacré accomplissement. Mais conquérir un septième Championnat du monde ne serait pas mal non plus.
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Ronnie O'Sullivan et ses rivaux prennent la pose au Crucible Theatre avant les Championnats du monde.

Crédit: Eurosport

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