Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

"Djokovic n'a pas compris la nature du problème" : L'Adria Tour vu par une épidémiologiste

Maxime Battistella

Mis à jour 23/06/2020 à 16:39 GMT+2

ADRIA TOUR - Avec quatre joueurs contaminés - Grigor Dimitrov, Borna Coric, Viktor Troicki et Novak Djokovic - et d'autres personnes de leurs entourages, la tournée organisée par le Serbe dans les Balkans a pris du plomb dans l'aile. Si elle ne remet pas en cause le principe d'un tel événement, l'épidémiologiste Catherine Hill a accepté de revenir pour nous sur les failles de son organisation.

Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

Fallait-il organiser l'Adria Tour ? Avec les contaminations de Grigor Dimitrov, Viktor Troicki, Borna Coric et Novak Djokovic, ainsi que plusieurs personnes des entourages des joueurs engagés au Covid-19, il est très tentant de répondre sans hésiter par la négative. Mais dans des pays où la pandémie a fait beaucoup moins de victimes qu'en France (respectivement 107 en Croatie et 262 en Serbie), par exemple, et où la vie presque "normale" avait repris depuis des semaines (réouverture des restaurants et autres clubs de sport), il n'était pas forcément condamnable d'organiser une tournée avec un objectif caritatif louable. Ce qui pose réellement problème, ce sont les conditions dans lesquelles celle-si s'est déroulée.
A ce propos, l'épidémiologiste Catherine Hill est revenue sur les précautions d'usage à adopter en ces temps de coronavirus et ignorées par l'Adria Tour. "Ce qui est important, c'est que les joueurs portent des masques (en dehors des matches, NDLR), qu’ils ne se tapent pas dans la main, qu’ils soient éloignés les uns des autres. Tout simplement qu’ils fassent attention", fait-elle tout d'abord valoir. Les fameux gestes barrière ont ainsi été pour le moins oubliés à Belgrade et à Zadar.
picture

Adria Tour - La finale annulée, Dimitrov positif au Covid-19 !

"La boîte de nuit, c'est parfait" pour propager le virus

Circonstance aggravante, les joueurs ont fait la fête ensemble en boîte de nuit en Serbie. "La boîte de nuit, c’est parfait (pour la propagation du virus, NDLR). Un espace fermé où les gens crient, c’est très efficace. Il y a eu d’ailleurs un exemple de ce phénomène en Corée du Sud. Là-bas, ils avaient très bien contrôlé la maladie et un type est allé dans cinq boîtes de nuit et a laissé derrière une quantité de cas positifs absolument impressionnante", souligne Catherine Hill.
Si l'épidémiologiste concède que le danger est moindre dans ces régions où, selon les chiffres officiels (peut-être parfois sujets à caution), le virus circule moins. Il n'est pas, pour autant éradiqué et les autorités locales ont un rôle à jouer dans ce constat. Si l'organisation a été défaillante, c'est aussi parce que les autorités n'ont pas été assez vigilantes. "Le nœud du problème vient du fait que la moitié des contaminations a pour origine des personnes qui n’ont pas de symptômes, soit parce qu’ils n’en auront jamais, soit parce qu’ils n’en ont pas encore. Et si on ne teste pas massivement, on ne repère pas ces gens-là", explique-t-elle.
picture

Fotografiile de la Adria Tour care au indignat o lume întreagă

Crédit: Eurosport

Une piqûre de rappel salvatrice ?

Dans ces circonstances, la décision de Novak Djokovic de regagner Belgrade sans se faire tester à Zadar au motif qu'il n'avait pas de symptômes interpelle. "Il n’a pas compris la nature du problème. Il y a une étude sur les 100 premiers cas à Taïwan et leurs 2761 contacts identifiés. Parmi ces 2761 contacts, 22 sont devenus positifs. Et on a regardé quand ces 22 cas positifs ont croisé la personne qui les a contaminés. Certains s’étaient croisés quatre jours avant l’apparition des symptômes et une seule fois. C’est ça la réalité de ce coronavirus qui ne tue pas beaucoup, mais qui circule très vite y compris à cause de personnes asymptomatiques", détaille enfin l'épidémiologiste.
Une piqûre de rappel importante alors que la reprise des circuits est prévue pour le mois d'août. L'ATP a d'ailleurs communiqué lundi sur l'urgence de respecter la distanciation sociale et sur une série de protocoles sanitaires stricts envisagés pour les tournois nord-américains de l'été. Gageons désormais que les leçons des dernières heures seront tirées par tous les acteurs de la petite balle jaune.
picture

Moutet: "Le circuit ne devrait pas être suspendu à cause des cas positifs au covid sur l'Adria Tour"

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité