ATP Barcelone I Ruud n'est plus maudit après sa victoire contre Tsitsipas : "Cela valait la peine d'attendre"

Ce n'était pas un petit défi. Casper Ruud en connaissait l'étendue au moment d'entrer sur le court dimanche à Barcelone. En face, il y avait Stefanos Tsitsipas, celui qui totalisait dix victoires en dix matches sur terre battue cette saison. Et qui l'avait dominé à Monte-Carlo la semaine passée. Sur le Rocher, le Norvégien avait concédé sa septième défaite en sept finales sur des tournois supérieurs au niveau ATP 250. Il avait bien l'expérience de ses dix titres sur le circuit à faire valoir. Mais il lui restait toujours à briser ce plafond de verre. Ruud l'a fait voler en éclats.

Son entame a pourtant laissé croire à une nouvelle frustration avec un break concédé d'entrée. Mais Ruud ne s'est pas découragé. Il avait son plan en tête après avoir tiré les enseignements de sa défaite face au Grec à Monte-Carlo. "J'ai juste essayé de lui mettre la pression un peu plus que la semaine dernière, a expliqué le Norvégien. Lors de la finale de Monte-Carlo, j'étais toujours sur le reculoir, trop loin derrière, et il avait trop de temps pour contrôler le jeu. Le départ a été un peu difficile, mais j'ai réussi à m'installer et à le faire reculer."

Entre deux joueurs ultra-sollicités ces deux dernières semaines, c'est bien Ruud qui a su garder le plus de fraîcheur. Son départ manqué était un leurre. Derrière, il a su hausser son niveau de jeu pendant que celui de Tsitsipas se délitait. Contrairement au Grec, victime d'un gros trou d'air entre la fin du premier set et la moitié du deuxième, le Norvégien a fait preuve d'une constance remarquable tout au long d'un récital bouclé sur un jeu blanc (7-5, 6-3). Une partition proche de la perfection pour mettre enfin un terme à la malédiction.

Ruud était maudit dans ses finales en ATP 500, en Masters 1000 et en Grand Chelem. Il en avait perdu quatre en 2022 (Miami, Roland-Garros, l'US Open et le Masters), une en 2023 (Roland-Garros) et déjà deux en 2024 (Acapulco et Monte-Carlo). La huitième a été la bonne. "Honnêtement, cela valait la peine d'attendre, a-t-il affirmé. Beaucoup de finales que j'ai perdues ont été difficiles, un peu décevantes, bien sûr. Chaque fois que vous atteignez une finale, c'est quand même une bonne semaine, donc vous ne pouvez pas être trop dur avec vous-même, mais celle-ci a été longue à venir."

Symboliquement, elle est venue à Barcelone. Sur un court où Ruud a de bons et lointains souvenirs, même s'il ne s'y était jamais imposé. "Je suis très heureux de le faire ici, à Barcelone, devant un stade plein à craquer et sur le court Rafa Nadal, a-t-il reconnu. C'est spécial pour moi parce que je l'ai admiré pendant toute mon enfance, je suis venu moi-même ici à 13 ans pour le voir jouer, lui et les autres. C'est un sentiment extraordinaire."

Cela s'est senti. Dans le rayonnement de son sourire, dans son début de discours prononcé en espagnol pour le plus grand plaisir du public, dans le petit mot qu'il a adressé à sa sœur pour son anniversaire. Dans l'hommage qu'il a rendu à Tsitsipas aussi. Les deux hommes forts de ce début de saison sur terre battue n'ont peut-être pas fini de se croiser. Peut-être à Madrid, dès la semaine prochaine. Un tournoi que le joueur de 25 abordera enfin libéré de cette malédiction qui le poursuivait.