ATP Barcelone - Sorti, Rafael Nadal relativise : "C'est à Paris que ça vaut la peine de tout donner et mourir, pas ici"

Il fut un temps où perdre de cette manière sur terre battue l'aurait sûrement profondément troublé et inquiété. Mais Rafael Nadal revient de tellement loin qu'il ne s'est pas alarmé le moins du monde devant les journalistes de sa défaite nette (7-5, 6-1) face à Alex de Minaur, 11e joueur mondial, au 2e tour du tournoi de Barcelone mercredi. Après avoir sans cesse repoussé sa reprise depuis le mois de février à Doha jusqu'à Monte-Carlo la semaine dernière, le Majorquin a savouré son retour à la compétition, aussi imparfait soit-il.

Une victoire facile au 1er tour contre un jeune 62e mondial intimidé et un vrai combat pendant un set de plus d'une heure face à un adversaire de niveau Top 10, voilà le bilan brut de son passage sur la terre battue catalane. "Mes sensations sur le court ont été bonnes, conformes à celles que j'ai eues depuis mon arrivée ici. Pour le moment, l'essentiel n'est pas de gagner, mais de quitter le tournoi en bonne santé. Après avoir perdu le premier set, le match était terminé", a-t-il commenté en conférence de presse d'après-match.

Ce genre d'affirmation a de quoi interloquer, quand on connaît la passion de Nadal pour le combat sur un court de tennis, à l'entraînement comme en compétition. Mais ce mercredi, on a effectivement vu le Majorquin dans le second set parfois ne pas faire l'effort pour bien se placer avant de frapper la balle. Il a également balancé quelques revers à l'échange et quelques retours dans le filet, donnant l'impression de se débarrasser de la balle ou de refuser le bras de fer, un exercice sur lequel il a pourtant construit toute sa carrière et sa réputation.

Mais après une saison blanche en 2023 et trois nouveaux mois d'arrêt en 2024, Nadal n'a plus le choix : il doit changer de perspective pour se donner une chance de progresser. "Désormais, l'objectif est d'accumuler les entraînements et de se sentir chaque jour plus à l'aise. Dans une semaine, il y a Madrid, où nous espérons être un peu mieux préparés. Aujourd’hui, il m’est difficile d’être compétitif dans un match de 2-3 heures. À Madrid, je jouerai selon ce que je ressens, je dois d'abord accumuler une semaine avec de bonnes séances d'entraînement. Si je réussis, je pourrai faire un pas en avant. J'ai besoin que mon corps encaisse la charge de travail et progresse", a-t-il insisté.

On l'aura compris, le "Taureau de Manacor" fait avec les moyens du bord et les incertitudes sur le plan physique sont telles qu'il doit avoir du recul même quand il est en pleine action en compétition. Mercredi, il a effectivement choisi ses moments pour augmenter l'intensité de son tennis par cycles. En milieu de premier set, sa balle a davantage giclé en coup droit et il s'est totalement lâché en revers, à la fois court croisé et le long de la ligne par séquence. Complètement dépassé sur ses séquences, Alex de Minaur l'a d'ailleurs souvent applaudi sportivement.

Mais Nadal ne peut maintenir la constance de cette implication sans risquer la rechute, du moins pour le moment. Alors, il se ménage. Et face à un joueur de la trempe de De Minaur, aussi solide sur le plan de l'endurance comme de l'explosivité, la différence se fait naturellement, comme ce fut le cas à 5-5 dans le premier set puis dans tout le second acte. L'Espagnol a vite compris qu'il ne pourrait pas tenir le rythme sur la longueur. Le jeu n'en valait pas la chandelle pour un ATP 500 de reprise, alors qu'il espère monter en puissance à Madrid puis à Rome. Et ce même si Barcelone n'est pas un tournoi comme les autres pour lui puisque son nom a été donné au court central.

"Ce n'était pas aujourd'hui que tout donner et mourir valait la peine, mais à Paris (Roland-Garros, NDLR), a-t-il estimé. J'ai eu l'occasion de faire mes adieux à Barcelone en jouant le tournoi. Il y a une semaine, je pensais que je ne pourrais pas rejouer ici. Le message avant le tournoi était clair : ne prendre aucun risque. Le plus important, c'était de pouvoir jouer et je l'ai fait. Être sur le court, c'est une grande nouvelle. J'ai vraiment aimé jouer ici, j'ai gagné 12 fois, je ne peux que vous remercier de la manière dont vous m'avez toujours accueilli. Je continuerai mon chemin et le tournoi continuera. J’ai eu la chance d’écrire mon histoire ici."