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ATP Cincinnati : Marathonien ambitieux, Cameron Norrie passe de moins en moins inaperçu

Maxime Battistella

Mis à jour 20/08/2022 à 19:41 GMT+2

MASTERS 1000 CINCINNATI - Impressionnant face à Carlos Alcaraz (7-6, 6-7, 6-4) dans la nuit de vendredi à samedi dans l'Ohio pour se qualifier pour sa 2e demi-finale en Masters 1000, Cameron Norrie a volé la vedette au prodige espagnol. Si son jeu ne déchaîne pas les passions, il s'affirme comme l'un des meilleurs joueurs du monde depuis quelques mois et ne manque pas de confiance en lui.

Plus de 3h de lutte et Norrie a eu le dernier mot : le résumé de sa victoire contre Alcaraz

C'est le nouveau "pénible" du circuit. Celui dont le tennis ne fait pas rêver, mais que personne ne veut vraiment affronter. De ce point de vue-là, le Cameron Norrie 2022 ressemble beaucoup au Gilles Simon 2008 : une sangsue qui écœure la plupart de ses adversaires à force de tout ramener, tout en étant capable d'accélérer quand les circonstances l'exigent. Et ce n'est pas Carlos Alcaraz qui dira le contraire, lui qui a dû céder en quart de finale à Cincinnati après une farouche bataille de 3h04.
Pourtant, le Murcien avait remporté ses trois premiers duels sur le circuit face au Britannique. Mais ce dernier apprend vite de ses défaites et peu l'égalent dans sa capacité à analyser le jeu d'autrui pour s'y adapter. Déjà à Madrid voici quelques mois, Norrie avait donné du fil à retordre à Alcaraz avant que ce dernier ne gagne le tournoi. Et cette fois, il a fini par prendre le dessus, alors même que l'Espagnol semblait avoir fait le plus dur en revenant de 4-1 dans un deuxième set arraché au tie-break - avec un point fabuleux à la clé -, avant de faire le break en début de troisième acte (7-6, 6-7, 1-3).
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Une défense de titan au filet : Battu par Norrie, Alcaraz s'est au moins offert le point du match

Une endurance à la Simon de la grande époque

Peu de joueurs auraient résisté à la tornade et encaissé un tel scénario. Mentalement, le natif de Johannesburg, élevé en Nouvelle-Zélande, a quelque chose de spécial, c'est évident. "Je voulais juste rester avec Carlos dans le 3e set, lui donner du fil à retordre. Et je pense que le seul domaine dans lequel j'étais meilleur, c'était physiquement, j'avais de bonnes jambes. Donc j'essayais de rendre chaque échange aussi physique que possible et lui demander de beaucoup travailler pour finir les points. Quand il dicte le jeu avec son coup droit, c'est vraiment dur et vous courez beaucoup. Il fallait que je remette la balle dans des zones du court qui le gênent", a-t-il expliqué après sa victoire.
Le Britannique de 26 ans a toujours eu foi en ses capacités, tout en ayant conscience de ses limites en termes de puissance notamment. Peu de fulgurances donc, mais pas vraiment de faiblesses non plus dans son jeu. Et le déclic dans la tête s'est produit la saison dernière au cours de laquelle il a compilé 52 victoires, soit plus de matches gagnés sur le circuit principal que depuis le début de sa carrière. Son sacre à Indian Wells, dans un tournoi il est vrai privé de pas mal de têtes d'affiche et exceptionnellement décalé en octobre, a constitué un autre tournant majeur. Depuis, il n'a plus quitté le Top 20.
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Solide en fond de court, Norrie se débarrase de Rune : le résumé de sa victoire

Si la comparaison avec le Gilles Simon de la grande époque a du sens en termes de style et de classement, Norrie a toutefois deux atouts majeurs pour aller encore plus haut. Sa patte gauche lui donne un avantage tactique sur la plupart des autres joueurs du circuit habitués à affronter des droitiers et donc bousculés dans leurs repères. Et il possède surtout cette fameuse confiance en soi qui peut renverser bien des montagnes. En témoigne sa dernière demi-finale à Wimbledon, alors qu'il n'avait jusqu'ici jamais atteint la seconde semaine d'un tournoi du Grand Chelem.
Je veux essayer de gagner un Grand Chelem
"Gérer le fait de jouer sur le Centre Court, jouer des gars contre lesquels je suis censé gagner en huitième ou en quart de Grand Chelem, c'est nouveau pour moi et ce n'est pas facile. C'est toujours sympa d'aborder ces matches en tant qu'outsider et de n'avoir rien à perdre", avait-il témoigné après Wimbledon. Avant d'ajouter avec aplomb : "Donc pour moi, me présenter sur le court malgré cette pression et parvenir à gagner des sets et des matches, c'était beaucoup de plaisir. Je peux en tirer beaucoup de confiance. Atteindre les demi-finales, c'est assez fou. Mais je ne veux pas m'arrêter là : je veux faire davantage, passer une étape supplémentaire et essayer de gagner un Grand Chelem."
N'avait-il pas d'ailleurs affirmé dans le sillage de son titre à Indian Wells vouloir devenir numéro 1 mondial ? Avec son style et sa qualité de frappe presque anodine, ces ambitions pourraient paraître bien présomptueuses. Cette semaine à Cincinnati, avant son combat contre Alcaraz, il avait d'ailleurs bien souffert pour se débarrasser d'entrée du jeune (et talentueux certes) Holger Rune, puis de son glorieux aîné Andy Murray, redevenu compétitif mais loin de son niveau d'antan.
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C'était un vrai "derby" : le résumé du succès renversant de Norrie contre Murray

Anti-héros sans complexes

Reste que Norrie s'en est sorti à chaque fois, qu'il compte déjà deux titres en 2022 (Delray Beach et Lyon) et deux finales respectivement perdues à Acapulco contre Rafael Nadal en février, et à Los Cabos début août face à Daniil Medvedev. A son meilleur niveau, seuls les cadors lui sont clairement supérieurs. Mais il compte bien passer encore un cap pour les rattraper. D'ailleurs, l'actuel numéro 1 mondial russe n'est pas spécialement un modèle à suivre sur le plan technique, même si son envergure lui donne plus d'atouts au service.
Avant son épopée à Wimbledon, il faisait figure d'anti-star dans son propre pays en comparaison du héros Sir Andy et de la pépite Emma Raducanu. Assuré d'obtenir son meilleur classement lundi (au pire 9e mondial), il retient désormais bien plus l'attention : car s'il n'est pas flashy, Norrie ne se fixe pas de limites.
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