Masters Turin ATP - Andrey Rublev, entrepreneur en devenir avec sa marque "Rublo", défie Carlos Alcaraz aux ATP Finals

Nous sommes le 2 janvier 2023. Dans un long message où il reconnaît être dépressif, "penser beaucoup trop à la vie et à la mort", Andrey Rublev annonce le lancement de sa marque de vêtements. Dans une belle vidéo tournée à Barcelone, où il s’entraîne, le Russe, fraîchement signé par Kosmos Management - la boite de l’incontournable Gerard Piqué, entrepreneur devant l’éternel - affiche le côté "streetwear" de celle-ci et évoque une marque sociale, capable d’aider les gens et d’apporter un peu de lumière dans un monde noir. Une belle accroche marketing en rapport avec sa personnalité faite de hauts et bas.

Le nom de cette marque ? Il est tout simple : "Rublo", soit le surnom du 5e joueur mondial. Celui-ci joue d’ailleurs les vedettes dans sa vidéo, où il se balade dans Barcelone avec un hoodie logoté "Rublo" sur la poitrine. A 26 ans, Rublev rejoint la liste des sportifs - entrepreneurs à double casquette. Sans être exhaustif, on peut citer en exemple Fernando Alonso qui a lancé sa marque de vêtements "Kimoa" en 2017 ou encore l'ancien skieur Ted Ligety qui avait co-fondé sa marque de lunettes, masques et protections de skis "Shred" pendant sa carrière. Les deux hommes ont perpétuellement porté et mis en avant leurs produits.

Dans le cas de Rublev, la double lame "streetwear" et "sport" de sa marque fait penser à la démarche de Michael Jordan avec Jordan Brand, lancée en 1997 avec l'appui de Nike. "MJ" avait fait le choix de ne pas proposer uniquement des vêtements pour sportifs. Rublev, revenons à lui, dispute ce mercredi son deuxième match dans ce Masters 2023. Une rencontre face à Carlos Alcaraz (qui est... chez Nike) où il va jouer sa survie dans le tournoi des maîtres.

Face à l’Espagnol, il portera donc sa tunique noire spéciale Masters avec le logo - ^^ - qui a de faux airs de l'emblème de Batman dans "The Batman" (Matt Reeves, 2022). Tout au long de la saison, Rublev a donc porté ses propres couleurs histoire de promouvoir au maximum son bébé, ce qui a créé pas mal d'attentes chez ses fans. Le tout a surtout été réalisé avec la bénédiction de Nike, avec qui Rublev est toujours sous contrat.

"C’est une chose à laquelle je pensais depuis un moment. J’ai une très bonne relation avec Nike. Nous sommes très proches et je leur ai juste demandé si je pouvais faire un break d’un an pour moi pour essayer de faire quelque chose", a révélé Rublev en début d’année. "Pour le moment, ils m’y autorisent sans casser notre contrat de travail dans le futur."

Cette année sabbatique de promotion est donc une première pierre. La marque à la virgule équipe le bouillant moscovite depuis qu’il est chez les juniors et elle n’a pas été écartée de l’équation. A l'heure où les contrats longues durées et rémunérateurs avec les équipementiers sont devenus des denrées rares sur le circuit, Rublev pourra difficilement se passer du Swoosh à l’avenir, lui qui continue logiquement de se chausser avec Nike.

Mais à défaut de porter la déclinaison sport de sa propre marque dans le futur, Rublev aura d'autres options qui vont s'ouvrir à lui comme... équiper des joueurs. Ces derniers sont en quête perpétuelle de sponsors pour s'habiller. Rublev connaît le problème comme personne, lui qui a régulièrement donné des tenues, notamment à son compatriote Ivan Gakhov. Ce dernier s'était fait connaître à Monte-Carlo cette année en tenant la dragée haute à Novak Djokovic en portant les équipements de 2022 de Rublev.

Interrogé sur son entrée dans l’entreprenariat plus tôt dans la saison, Rublev a révélé qu’il avait découvert un autre monde, où il n’avait pas tous les codes, sauf le pouvoir d'avoir le dernier mot. Pour ses tenues de sport, il avoue participer un peu au design, en proposant des couleurs ou des détails qui lui plaisent, mais sans pouvoir tout passer au peigne fin. Il l'a vite compris : il ne peut pas tout contrôler, même en étant le grand patron. "Ce que j’ai appris ? Pour le moment, je n’ai rien appris. J’ai juste appris que j’ai dépensé beaucoup d’argent !"

D’abord lancé avec une simple idée sociale et de partage en tête, Rublo est rapidement devenu un projet solide et pensé, même si les contours de celui-ci sont secrets. En janvier, au tout début, Rublev n’était pas certain de faire du commerce avec. Puis les plans ont vite changé. D’abord prévu pendant Roland-Garros, le lancement auprès du grand public a été reporté plusieurs fois. La dernière fois que Rublev en a parlé, c’était à l'US Open.

Une chose est sûre, tout est prêt pour le lancement. "Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, on va voir ce qu’il va se passer. Cela fait 2-3 mois que c’est en entrepôt. Les vêtements sont prêts. Le problème, c’est qu’il faut composer avec la partie juridique", expliquait-il à New York, sans trop s'étaler non plus. Si la vie de sportif est difficile, Rublev a probablement trouvé quelque chose d'encore plus complexe en mettant les pieds dans le monde de l'entreprenariat. Mais c'est une belle aventure. Là où il y a une volonté, il y a un chemin.