Masters 2025 - Carlos Alcaraz et Jannik Sinner en finale - "Sur le plan physique, ils ont 10 longueurs d'avance sur les autres", dit Justine Henin

What else ? Une finale Alcaraz - Sinner, bien sûr. L'évidence, jusqu'au bout. Comme à Rome, Roland-Garros, Wimbledon, Cincinnati et l'US Open, l'Espagnol et l'Italien vont se disputer en face à face le dernier grand trophée de l'année 2025. Il n'y a qu'eux. A eux deux, ils ont gagné 29 matches sur… 29 cette saison face aux six autres joueurs présents à Turin cette semaine. Ce n'est pas un ruisseau qui les distingue du reste du circuit. C'est un océan. Plusieurs, même. "On ne peut pas faire un circuit à eux deux mais…", pointe Justine Hénin, sans avoir besoin de compléter la phrase.

Pour la consultante d'Eurosport, au micro lors de toutes les rencontres de ces ATP Finals 2025, la marge des deux champions apparaît plus béante que jamais. Parce qu'ils ont poursuivi leur évolution et ont encore avancé ces derniers mois, pendant que derrière eux, ça stagnait, quand ça n'a pas reculé. Alors, forcément, sachant qu'ils avaient déjà acquis un avantage substantiel en 2024, le gouffre ne pouvait que s'accroître, dans ces conditions. "On a un Top 10 qui a été chamboulé, rappelle l'ancienne numéro un mondiale, avec des joueurs qui en sont sortis après avoir beaucoup donné ces dernières années, Rublev, Medvedev, Ruud… Tsitsipas, ça fait déjà un moment. Certains arrivent, d'autres reviennent, mais on a vu les lacunes d'Auger-Aliassime, on a du mal à imaginer que De Minaur puisse aller beaucoup plus haut, donc..." Donc personne n'est prêt à rivaliser.

Les demi-finales de samedi ont en effet parfaitement illustré le problème. Alex de Minaur et Félix Auger-Aliassime n'ont pas constitué de réelle menace pour Sinner et Alcaraz. Pourtant, l'Australien a produit un premier set de haut niveau, peut-être un des meilleurs de sa carrière. Mais ça n'a pas suffi. Lorsqu'on souligne la chose en conférence de presse à l'Australien, son sourire se fait un brin amer : "C'est dur quand vous me dites ça, ce n'est pas très positif, parce que ça a l'air de vouloir dire que même la meilleure version de moi-même, ce n'est pas assez."

Mais oui, c'est la réalité, Alex. C'était la même pour Taylor Fritz en milieu de semaine face à Alcaraz. L'Américain avait sorti un gros, gros match, mais il a fini par rendre les armes. "On peut essayer de réinventer l'histoire autant qu'on veut, c'est ça, la réalité, insiste Justine Henin. Il y a eux, et les autres. Alors, oui, on aspire forcément à les retrouver en finale. J'ai vu d'autres belles choses cette semaine de la part d'autres joueurs, mais pas quand ils affrontent Sinner ou Alcaraz. Là, il n'y a pas de suspense. Tout simplement."

Pour la Belge, c'est peut-être dans la dimension physique que l'écart est le plus criant. Or, tout part de là dans le tennis d'aujourd'hui, comme l'avait esquissé Lorenzo Musetti, qui n'avait pu tenir la distance contre l'Espagnol jeudi soir. Par physique, il faut entendre ce terme dans toute son acceptation et à travers toutes ses facettes, dans sa pleine dimension.

"Pour les gens, poursuit Henin, le physique, c'est souvent la capacité à tenir des très longs matches. Mais non, en tout cas ce n'est pas que ça. C'est aussi ce qu'ils imposent, dans la durée bien sûr, mais aussi au niveau de l'intensité, de la vitesse de déplacement et de la vitesse d'exécution. Ils ne cessent, par leur œil et leur réactivité, de poser problème." Avec eux, tout va donc plus vite. Tout va trop vite.

Là encore, la démonstration a été implacable, particulièrement de la part du numéro un mondial face à Auger-Aliassime. "Quand il décide de mettre un coup sur l'accélérateur, quand il l'agresse sur son côté revers, il le fait dérailler, y compris de l'autre côté, ajoute le quadruple championne de Roland-Garros. Alcaraz, ce qui est phénoménal, c'est son travail de pied. Il a dû faire énormément de proprioception, car il a une réactivité au niveau des pieds qui lui permet de démarrer plus vite que quelqu'un d'autre. Et Sinner n'est pas mal dans son genre non plus. Alors, quand on tient compte du côté aérien et de la vélocité, on arrive à cette différence énorme. Sur le plan physique, ils ont dix longueurs d'avance sur les autres."

Des accidents peuvent toujours arriver. Comme pour Sinner, pris par les crampes à Shanghai. Comme pour Alcaraz, cueilli à froid par Cameron Norrie à Paris, juste avant le Masters. Mais ces faux-pas ne peuvent être que rares et distants les uns des autres. Depuis le retour de l'Italien à la compétition en mai, le Rolex Paris Masters est le seul tournoi où ils ne se seront pas affrontés en finale lorsqu'ils sont tous les deux sur la ligne de départ. Un monde d'écart. Ils ont créé leur propre dimension.