Et maintenant, cap sur la decima allemande

Jusqu'à cette semaine, Stuttgart et Federer, ça faisait deux. Ces deux dernières années, le Suisse était venu dans la capitale du Bade-Wurtemberg, sans grande réussite : deux victoires et deux défaites en quatre matches, non sans avoir eu balle de match à chaque fois, contre Dominic Thiem en 2016 et Tommy Haas l'an passé.

Le troisième aura donc été la bonne. "J'ai eu deux défaites difficiles et un peu malheureuses ici, mais cette fois, tout a tourné dans mon sens, a jugé celui qui sera à nouveau numéro un mondial lundi. Je suis vraiment très content de gagner pour la première fois à Stuttgart, ça fait plaisir."

On ne lui parlera pas de la mini-malédiction qui semble frapper le vainqueur de Stuttgart ces derniers temps : Rafael Nadal en 2015, Dominic Thiem en 2016 et Lucas Pouille en 2017 se sont succédé au palmarès, avant de tous disparaitre au deuxième tour à Wimbledon. Il en faudra quand même a priori plus pour égratigner la sérénité d'un Roger Federer qui n'a pas donné l'impression de ne pas avoir joué depuis près d'un trimestre entier. "Sachant que je n'avais pas joué en trois mois, je peux vraiment être très content de mon niveau de jeu", a ainsi glissé le Bâlois après sa victoire en finale contre Milos Raonic.

Il va maintenant mettre le cap sur Halle, où il a une tout autre carte de visite. Si Stuttgart fut une première, il vise rien de moins qu'un dixième titre à Halle. Dans l'histoire du tennis masculin, seul Rafael Nadal a réussi à remporter au moins dix fois un même tournoi. Plutôt trois fois qu'une d'ailleurs puisque l'Espagnol a accompli cet exploit à Monte-Carlo, Barcelone et Roland-Garros, où il compte 11 titres. D'ici son entrée en lice, il avait prévu de s'offrir une petite escapade à la maison. "Je vais rentrer à Bâle dimanche soir en voiture, a-t-il confié, je vais regarder Brésil-Suisse à la télé et je reprendrai l'avion pour Halle lundi."

Roger Federer pense jouer son premier tour "probablement mardi", ce qui, en cas de victoire, lui permettrait d'avoir 48 heures de repos avant son huitième de finale jeudi, et de ne pas jouer cinq jours de suite s'il devait aller en finale. Halle, c'est presque sa deuxième maison, et il tient à ce titre, autant pour la portée symbolique de cette éventuelle decima allemande que pour entretenir une dynamique positive avant Wimbledon. Wimbledon où, si tout se passe bien à Halle, il pourrait s'aligner pour conquérir non seulement le 21eGrand Chelem de sa carrière, mais aussi son 100e titre.

L'évocation de cette perspective le fait sourire, comme celle du record plus si lointain de Jimmy Connors et de ses 109 titres. "Si je peux accomplir ça (égaler Connors), ce serait incroyable, mais je n'y pense pas, assure-t-il. Je ne pensais même pas atteindre les 98 tournois gagnés un jour. Mais 100, ce serait déjà un nombre très sympa." Halle peut donc l'en approcher. Outre un 10e titre, Federer jouera aussi là-bas pour ne pas perdre la place de numéro un qu'il s'apprête tout juste à récupérer. Tout autre résultat qu'une victoire finale et Rafael Nadal reviendra sur le trône.

Si tout se passe bien pour lui à Halle, jamais Federer n'aura abordé Wimbledon avec autant de matches sur gazon. Bon pour la confiance, évidemment, mais dangereux pour le corps ? Non, estime le Suisse, qui compte sur la semaine de coupure entre Halle et Londres pour récupérer. "J'aurai une semaine très calme avant Wimbledon, je n'ai pas grand-chose de prévu, aucune obligation spécifique, ce qui est parfait, dit-il. J'ai juste besoin d'arriver là-bas sans blessure."

Après trois mois de repos, sinon forcés, en tout cas pleinement assumés, Roger Federer veut croquer à pleines dents dans l'été. Une saison sur herbe bien chargée, un programme sur dur complet de Toronto à l'US Open en passant par Cincinnati, il a prévu six tournois, dont deux levées du Grand Chelem, en deux mois et demi. "Ma saison commence vraiment maintenant, avec un gros enchainement et j'espère vraiment pouvoir jouer tous les tournois prévus. C'est le plan."