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ATP Indian Wells - Beaucoup trop rare mais toujours attendu : Nick Kyrgios, ce si précieux 132e mondial

Maxime Battistella

Mis à jour 10/03/2022 à 17:11 GMT+1

INDIAN WELLS - Un peu plus d'un mois après l'Open d'Australie, Nick Kyrgios fait son retour sur le circuit cette semaine grâce à une invitation pour jouer le premier Masters 1000 de l'année. Car les organisateurs le savent : le phénomène australien reste une assurance de frissons et de spectacle, malgré un rapport au tennis de plus en plus difficile à cerner et un classement indigne de son talent.

"Kyrgios est capable de jouer au niveau des meilleurs" : Hénin pas surprise par l'Australien

Nick Kyrgios est-il encore un joueur de tennis professionnel ? La question est aussi provocatrice que le personnage, mais elle mérite indéniablement d'être posée tant l'intéressé s'est peu produit raquette en main ces dernières années. Invité cette semaine dans le désert californien, il y disputera au 1er tour contre l'Argentin Sebastian Baez son 3e match en simple de la saison, et seulement le 27e depuis début 2020, soit 11 de moins que lors de sa dernière année "pleine", pour ainsi dire, en 2019. A tel point que sa réapparition à Indian Wells où il n'a plus joué depuis 2019 constitue un véritable événement.
Redescendu à la 132e place mondiale, le fantasque Aussie ne s'était plus retrouvé si bas depuis le 23 juin 2014, soit quelques jours avant son éclosion spectaculaire à Wimbledon où il avait atteint les quarts de finale à 19 ans en battant Rafael Nadal au passage. C'est dire s'il a pris ses distances ces dernières années avec son sport. Et pourtant, à chaque fois (ou quasiment) qu'il se produit contre un grand nom, Kyrgios est à la hauteur de sa réputation : celle d'un joueur aussi talentueux et imprévisible que spectaculaire.

Le joueur le plus spectaculaire du circuit... quand il est motivé

Pour s'en convaincre, il suffit de se remémorer son 2e tour contre Daniil Medvedev à Melbourne. Si le Russe s'était montré d'un sang-froid et d'une maîtrise impeccables pour éviter la sortie de piste, il y avait vraiment eu match (7-6, 6-4, 4-6, 6-2), du moins pendant les trois premiers sets. "Peu importe combien de temps je m'entraîne ou combien de matches je joue, je hisserai toujours mon niveau pour des matches comme celui-ci. Je ne vais pas me défiler. Bien sûr que je ne suis pas heureux de devoir affronter Daniil Medvedev dès le 2e tour à cause de mon classement. Contre 95 % des joueurs ce soir sur ce court, je pense que je gagne, honnêtement", avait d'ailleurs estimé Kyrgios.
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Le show pour Kyrgios, la victoire pour Medvedev : le résumé vidéo d'un match pop-corn

Mais le problème justement pour l'Australien, c'est de trouver la même motivation face à 95 % des joueurs du circuit. Depuis ses débuts professionnels en 2013, il ne s'en est jamais caché : Kyrgios ne travaille pas assez pour exploiter à 100 % son potentiel. C'est même le moins que l'on puisse dire. La vie sur le circuit, faite de voyages incessants, l'a assez vite usé, voire miné comme il l'a révélé récemment. Jusqu'à ne pas écarter en fin de saison dernière la possibilité d'une retraite précoce.

L'Open d'Australie a écarté le spectre d'une retraite précoce

Sa quinzaine australienne et le titre en Grand Chelem acquis en double avec son ami Thanasi Kokkinakis devant un public en folie ont, semble-t-il, éloigné cette perspective. "J'ai gagné quelques grands titres (6 en simple, dont le plus important en ATP 500 à Washington en 2019, NDLR), joué des matches fantastiques. Mais celui-ci se classe numéro 1 pour moi, témoignait-il après la finale. Quand je dis que je n'aurais voulu le faire avec personne d'autre, je le pense. C'était juste spécial. Toute la semaine, chaque tour passé, j'ai tout apprécié à sa juste valeur. Je m'en suis totalement imprégné. Je suis juste super fier de moi, de l'engagement que j'ai montré toute la semaine avec mon équipe. La défaite contre Medvedev n'avait pas vraiment d'importance pour moi, mais gagner le titre en double avec Kokk, c'était fou."
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Du grand spectacle et un immense bonheur : le résumé du sacre de Kyrgios et Kokkinakis

De l'analyse de ces propos, deux constats s'imposent. D'abord, Kyrgios est effectivement capable de travailler à haute intensité, mais seulement ponctuellement pour atteindre un objectif à court terme. A Melbourne, il soulignait ainsi de manière assez désarmante qu'il se levait à 7h30 pour s'entraîner à 8h30 lors des jours de repos et qu'il faisait des bains de glace pour soigner sa récupération pendant le tournoi. Une manière aussi de sous-entendre que cet engagement professionnel relevait tout de même de l'exception. Ensuite, comme son appétence pour le basket et la NBA le montre l'Australien n'est jamais plus déterminé que quand il joue en équipe (sous le maillot australien en Coupe Davis aussi par le passé).

Une saison à la carte pour conserver de la fraîcheur mentale ?

A 26 ans, Kyrgios est encore jeune et pourrait modifier son approche du tennis. Mais il se connaît aussi assez pour comprendre que vivre au rythme du circuit ne lui convient pas. Il a d'ailleurs d'ores et déjà annoncé qu'il ferait l'impasse sur Roland-Garros et le printemps sur terre battue, une surface qu'il déteste. En somme, le natif de Canberra s'est aménagé une année à la carte, sur les terrains où son jeu explosif est le plus susceptible de payer : durs australien et américain, gazon londonien. Certains estiment qu'ainsi il manque de respect au sport qui lui a permis d'acquérir une notoriété.
Aussi fondée soit la critique, ce n'est pas de cette manière que Kyrgios envisage les choses. Sensible au sujet de la santé mentale mis sur la table par Naomi Osaka la saison dernière, l'Australien est à la recherche d'un équilibre personnel depuis quelque temps déjà. S'il a fait le voyage jusqu'à Indian Wells, c'est aussi parce qu'il a pu le partager avec sa compagne du moment, joignant l'utile à l'agréable. On l'a d'ailleurs aussi vu à la Crypto.com Arena pour assister, au premier rang, au match de NBA entre les Lakers de Los Angeles et les Golden State Warriors.
Et si le secret de l'implication et des performances futures de Kyrgios résidait dans ce dosage aussi subtil qu'atypique ? Se faire rare et se ressourcer mentalement pour mieux se donner à 100 % sur le court. A le voir à l'entraînement, enchaînant les services canons sous les yeux admiratifs de Naomi Osaka, ou tout sourire après une séance intense partagée avec Gaël Monfils, on peut l'espérer dans de bonnes dispositions lors de son entrée en lice. Si c'est le cas, il pourrait enflammer le public californien comme lui seul sait le faire. Alors comme dirait Nick le maverick : carpe diem, profitons de son tennis même à petites doses... tant qu'elles sont susceptibles de nous transporter.
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