Indian Wells - Taylor Fritz prêt à assumer : "S'il y a de la pression, c'est uniquement celle que je me mets"

Taylor Fritz essaie de ne pas penser à ça. Ça, c'est ce titre à Indian Wells, il y a un an. Le premier de cette envergure dans sa carrière. Avec la satisfaction que cela a pu lui apporter, mais aussi les obligations qui vont avec. A commencer par les 1000 points glanés en mars 2022 dans le désert californien, qu'il doit désormais défendre. Après avoir intégré le Top 5 il y a deux semaines, l'Américain rétrograde au classement virtuel au 10e rang et, selon les résultats de ceux qui sont aux portes de cette frontière emblématique, il pourrait même sortir du Top 10.

"J'essaie de ne pas trop penser à ces 1000 points, a-t-il avoué la semaine passée en revenant sur la terre de son plus grand exploit. Chaque année, on repart à zéro. Ce qui compte, c'est le classement à la fin de la saison. Oui, je remets 1000 points en jeu ici mais il faut aussi regarder la Race et je suis plutôt bien parti dans ce domaine (il occupe la 6e place sur les résultats acquis depuis le 1er janvier 2023, NDLR)."

Mais le tenant du titre le concède, ce n'est pas tout à fait un tournoi comme les autres pour lui, précisément en raison de ce statut, sans oublier qu'il est ici quasiment à domicile, lui le Californien du sud qui a grandi à San Diego. Mais il a peut-être fait le plus dur en évitant la chausse-trape de son duel 100% US dès son entrée en lice contre Ben Shelton (victoire 4-6, 6-4, 6-3). Devant lui, un tableau qui s'ouvre désormais sur le papier avec ce lundi un match contre l'Argentin Sebastian Baez puis un potentiel huitième de finale contre Marton Fucsovics ou Alex Molcan.

A 25 ans, Taylor Fritz se veut confiant quant à sa capacité à appréhender son étiquette de top player. S'il avait gagné un Masters 1000 à 20 ou 21 ans, tout aurait sans doute été beaucoup plus compliqué. Il a payé pour l'apprendre. A 18 ans, son avancée météorique au classement, avec au passage une première finale sur le circuit ou ce match qui l'avait vu bousculer un certain Roger Federer sur le gazon de Halle, avait généré de l'autre côté de l'Atlantique des attentes qu'il n'était pas prêt à assumer.

"Quand j'avais 18 ans, j'ai signé quelques bonnes victoires et, soudainement, je me souviens avoir ressenti une énorme pression sur mes épaules et tout ça m'a stressé, explique-t-il aujourd'hui. Je vois beaucoup de jeunes joueurs avoir du mal à gérer ça. C'est une des choses les plus dangereuses dans le tennis de haut niveau. Ressentir que tout le monde attend beaucoup de vous. Cela vous empêche parfois de jouer aussi libéré que vous le souhaiteriez."

Heureusement pour lui, Taylor Fritz n'en est plus là. Appelez-ça l'expérience, la maturité, peu importe, mais à l'heure de s'aligner pour la première fois dans un aussi grand tournoi en tant que vainqueur sortant, il ne ressent aucun stress particulier de nature à lui donner envie de s'enfermer dans un placard. "C'est différent aujourd'hui, assure-t-il. Je me moque de savoir ce que les autres attendent de moi. Je suis plus âgé et s'il y a de la pression, c'est uniquement celle que je me mets moi-même pour atteindre les objectifs qui sont les miens."

Ils sont plutôt élevés. Pour 2023, le Californien s'est fixé comme objectif de regagner un titre de premier plan, retourner au Masters et, plus que tout, franchir un cap significatif en Grand Chelem : "Je veux faire un grand résultat dans un des quatre grands tournois du circuit. Jouer une première finale, au moins." Dans ce domaine, il a plutôt mal attaqué l'année, en étant éliminé dès le deuxième tour de l'Open d'Australie, par Alexey Popyrin. Alors que ses compatriotes flambaient à Melbourne, il n'avait pas donné l'exemple.

Depuis, Fritz a bien réagi en remportant un titre, à Delray Beach, et atteint deux autres fois le dernier carré à Dallas et Acapulco. Mais il sait que c'est ici, à Indian Wells, qu'il est scruté de près. Pour son pote Tommy Paul, dont la trajectoire ascendante a culminé dans ce même Open d'Australie où il s'est hissé jusqu'en demi-finales, il reste le leader de ce groupe. "Jouer contre lui, ce n'est pas fun, dit-il. Vous êtes constamment sous pression. Il est super dangereux pour n'importe quel joueur du monde. Il reste sur une année fantastique, il est le plus régulier d'entre nous et c'est pour ça qu'il est N.5 mondial et le N1 américain."

"Je me sens prêt pour la suite, jure Taylor Fritz. J'aurais aimé être performant plus tôt au top niveau, ne pas me préoccuper de tout l'environnement quand j'étais plus jeune. Je crois que les progrès que j'ai pu effectuer depuis deux ans auraient pu venir plus tôt, oui. Mais c'est comme ça et je suppose qu'il fallait que j'apprenne la leçon et que j'en passe par là." L'apprendre, et la retenir. Pour être mieux armé devant ce qui l'attend. Indian Wells 2022 a marqué son explosion au sommet. Indian Wells 2023 c'est peut-être le premier tournoi de la nouvelle phase de sa carrière. Celle où il doit s'ancrer là où il est arrivé, et si possible s'élever encore davantage. Ça commence aujourd'hui pour l'Américain.