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ATP Miami - Carlos Alcaraz, simplement hors normes

Laurent Vergne

Mis à jour 01/04/2022 à 13:59 GMT+2

MASTERS 1000 MIAMI – Miami après Indian Wells. Qualifié pour sa deuxième demie de suite en Masters 1000, Carlos Alcaraz a mis en transe le public floridien jeudi soir lors d'une ébouriffante victoire face à Miomir Kecmanovic. L'Espagnol n'a pas encore 19 ans, mais sortie après sortie, tournoi après tournoi, il renforce notre conviction : ce gamin-là a tout pour aller très loin. Et très vite.

Du suspense, des points de dingue et Alcaraz a terrassé Kecmanovic

Dire qu'il se passe quelque chose avec Carlos Alcaraz relève de l'euphémisme. Demi-finaliste voilà deux semaines à Indian Wells, où il n'avait cédé que face à Rafael Nadal, le revoilà à nouveau dans le dernier carré à Miami. Tout, chez lui, invite au superlatif. Ses résultats. Son jeu. Son attitude. Ce qu'il est. Ce qu'il fait. Ce qu'il dégage. Une forme d'évidence qui nous murmure à l'oreille qu'il incarne l'avenir du tennis. Peut-être n'est-il pas si loin d'en être le présent. Oui, il se passe quelque chose avec Carlos Alcaraz. Tout le monde peut le sentir et ce parfum-là possède des effluves presque inédits.
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Un combat de Titans sous le vent : comment Nadal est venu à bout du coriace Alcaraz

Depuis quand n'a-t-on pas vu un joueur de cet âge aussi fort ? A minima, sans doute depuis Rafael Nadal. Carlos Alcaraz n'a pas encore 19 ans. Il les fêtera au mois de mai. 19 ans, c'est l'âge auquel Nadal avait remporté le premier de ses 21 titres du Grand Chelem, en 2005. Son compatriote n'en est pas encore là. Pour le champion de Manacor, tout s'était accéléré au printemps 2005, qu'il avait abordé aux portes du Top 30, à l'entame de la saison sur terre battue. Deux mois et demi plus tard, il était numéro 2 mondial, avait décroché son premier Masters 1000 et donc ouvert son palmarès en Grand Chelem, à Roland-Garros.
Avec Nadal aussi, il était "facile" d'avoir ce pressentiment. Cette même forme d'évidence. Surtout sur terre battue. Chez Alcaraz, la donne est différente. Il est sans doute un joueur plus complet que ne l'était Rafa au même âge, mais le niveau de son aîné était déjà tellement invraisemblable sur sa surface fétiche qu'il était plus proche de rafler des grands titres. Alcaraz, lui, ne possède encore que deux tournois à son palmarès. On notera, quand même, qu'en cas de titre dimanche en Floride, il s'offrirait son premier Masters 1000 à 18 ans et 333 jours. Nadal affichait 18 ans et 318 jours.
Peut-il suivre les traces nadaliennes au point de devenir le deuxième joueur de moins de 19 ans au XXIe siècle à remporter un Masters 1000 ? Ou devenir le deuxième joueur de moins de 20 ans au cours des trois dernières décennies à soulever un trophée en Grand Chelem ? La réponse à la première question peut être réglée dès dimanche, même s'il aura beaucoup à gérer physiquement et émotionnellement pour aller au bout au Hard Rock Stadium. Concernant la seconde, cela impliquerait de remporter un des quatre prochains Majeurs. Difficile à matérialiser pour un esprit cartésien.
Après tout, on parle d'un joueur qui n'a encore atteint qu'une seule fois la seconde semaine en Grand Chelem. C'était lors du dernier US Open et il était arrivé rôti en quarts de finale contre Félix Auger-Aliassime. La raison indique que c'est trop gros, trop tôt. Mais Alcaraz apprend si vite que l'on ne conseillera à personne de mettre toutes ses économies sur l'impossibilité de la chose. Il n'est, déjà, plus le même joueur qu'il y a six mois. Qui peut prédire celui qu'il deviendra dans les six prochains ?
Rien n'est normal dans ce qu'accomplit ces dernières semaines Carlos Alcaraz, au sens où cela sort des normes en vigueur dans le tennis actuel. Il ne devrait pas être favori, presque grand favori d'un Masters 1000 à l'aube des demi-finales. Il n'aurait pas dû être favori avant d'affronter Stefanos Tsitsipas en huitièmes, et c'était pourtant le sentiment le plus répandu chez les observateurs. Ce n'est pas normal, mais c'était le cas. Parce qu'il fracasse les normes. "Je ne sais même pas s'il faut parler de surprise", a suggéré Andy Roddick après la (nette) défaite du Grec face au prodige.
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Tsitsipas emporté à son tour par la tornade Alcaraz : les temps forts en images

Il y a d'abord tout ce qui se voit et saute au visage. Cette puissance sidérante pour son âge. Une caisse physique plus proche de celle d'un joueur de 25 ans que de celle d'un ado. La qualité de ses déplacements. Celle de ses frappes. Cette première balle qui constitue déjà une arme presque massive. Le Murcien est d'ores et déjà un joueur de tennis de premier ordre. Cela, tout le monde peut le voir. Mais il y a aussi ce que chacun ressent.
S'il intrigue et attire autant, c'est aussi parce que, en plus de tenir un potentiel futur grand champion du tennis masculin, Carlos Alcaraz a sans doute l'étoffe pour en devenir un vrai personnage. "Ce qu'il dégage", comme écrit plus haut. Or ça, ça ne s'invente pas, ça ne se travaille pas. Quand tu l'as, tu l'as. "Alca", il l'a. Il suffit de voir dans quel état il met le public de Miami ces derniers jours. Contre Tsitsipas, le Grandstand était en délire. Face à Miomir Kecmanovic jeudi soir, c'était la folie. "J'ai eu l'impression de jouer en Espagne", a admis le jeune Carlos, presque étonné de susciter un tel engouement. Oui, quand on met une foule dans cet état, il se passe quelque chose.
Certains diront, et ils n'auront pas tort, qu'il est dangereux de s'emballer pour un si jeune joueur. Qu'on a vu ces dernières années des éléments précoces, tels Alexander Zverev ou Félix Auger-Aliassime, émerger très vite avant de connaître des coups d'arrêts plus ou moins durables sur les divers obstacles sur le chemin de leur progression. Ce sera peut-être aussi le cas de l'Espagnol, mais, au risque de prendre un risque, il nous semble que sa précocité à lui possède une substance plus solide.
On peut afficher bien sûr afficher une fausse pudeur de circonstance ou de prudence, dire ou écrire "Laissons le tranquille, il a le temps". Mais ce serait omettre une réalité : c'est Carlos Alcaraz lui-même qui dicte le tempo de sa fulgurante ascension. Jusqu'à aujourd'hui, elle pulvérise les standards observés récemment. Si ce n'est pas totalement une garantie d'avenir, c'est tout de même un indicateur qu'il est impossible d'ignorer.
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Carlos Alcaraz "is the real deal" selon Andy Roddick, sous le charme du prodige espagnol.

Crédit: Getty Images

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