Carlos Alcaraz, l'arbitre du duel pour l'histoire entre Novak Djokovic et Rafael Nadal ?

Il est parfois difficile d'appréhender le fait que Carlos Alcaraz n'a pas encore 20 ans. Il a déjà tant accompli et semble si abouti à tous les plans en tant que joueur, que le jeune Espagnol, qui entrera dans la vingtaine au printemps, fait plus vieux que son âge. Il est même déjà de tailler à jouer dans la cour des immenses, en compagnie de Novak Djokovic et Rafael Nadal. Face à eux, il a déjà plus que son mot à dire.

A tel point qu'on peut se demander s'il ne va pas contribuer en grande partie à départager les deux monstres, au moins au plan comptable pour ce qui est du palmarès, alors que "Rafa" et "Nole" totalisent chacun 22 titres du Grand Chelem. Alcaraz, une sorte de jugement dernier venu de Murcie pour les deux légendes ? Mats Wilander le croit :

"Quand Daniil Medvedev a remporté l'US Open il y a deux ans, nous avons pensé 'OK, il est celui qui peut faire la différence.' Mais ça n'a pas été le cas, car Nadal et Djokovic ont continué à gagner des tournois du Grand Chelem. Il y a donc une chance qu'Alcaraz soit celui qui décidera de l'histoire future de notre jeu."

L'ancien numéro un mondial suédois n'est même plus très loin de considérer que, du possible, nous passions au stade du probable. La démonstration du protégé de Juan Carlos Ferrero à Indian Wells a fini de le convaincre. "Sur ce que j'ai vu là-bas, on peut même parler d'une 'très grande chance', dit-il. Il a tout. Le talent, l'enthousiasme, mais aussi une sélection de coups complète.

"Il y a une très grande chance, en raison de ce que j'ai vu à Indian Wells (où Alcaraz a remporté le titre), le talent, la joie, et en raison de la sélection de coups qu'il possède, poursuit Mats Wilander. Quand Alcaraz est en charge de l'échange, il a beaucoup plus d'options que n'importe quel joueur de tennis que j'ai vu, à l'exception de Roger Federer. On a l'impression que ce que fait l'autre n'a pas d'importance, parce que quand il le contrôle, il peut frapper tellement de coups différents..."

S'il est toujours délicat de se projeter vers l'avenir, toujours susceptible de se montrer capricieux, il y a chez Alcaraz une forme d'évidence en dépit de sa jeunesse. Paradoxalement, en dépit des absences conjuguées de Djokovic et Nadal en Californie, et même s'il ne s'agissait "que" d'un Masters 1000, le consultant vedette d'Eurosport semble encore plus confiant quant au futur de l'Espagnol qu'il ne l'était après son sacre inaugural en Grand Chelem à la fin de l'été dernier à Flushing Meadows.

"Je n'étais pas convaincu qu'il resterait tout de suite numéro un mondial après l'US Open, nous dit-il. Mais après Indian Wells, après avoir vu la façon dont il a détruti Medvedev en finale, je crois à 100% que Carlos Alcaraz a plus que ce qu'il faut pour être le numéro un mondial durablement. Il sera numéro un mondial pendant de nombreuses années au cours de sa carrière. Il sera l'un des meilleurs joueurs de tous les temps."

Sa marge sur l'essentiel des joueurs du Top 100 est d'ores et déjà colossale et il a déjà prouvé qu'il pouvait battre Novak Djokovic et Rafael Nadal, même s'il n'a pas encore eu l'opportunité de les défier sur les plus grandes scènes. "A l'avenir, il n'aura aucun problème avec environ 90% du circuit professionnel, et c'est ce que Djokovic, Federer et Nadal ont fait dans le tennis pendant près de 20 ans, rappelle Wilander. Désormais, 90% du vestiaire n'a aucune chance, et à peine 10 % peuvent éventuellement l'inquiéter."

Sachant que les deux plus illustres membres de ces 10% sont au repos forcé, qui pourra priver Carlos Alcaraz du "Sunshine Double", un des principaux défis du calendrier, que seuls Federer et Djokovic ont accompli ces vingt dernières années ? Lui, peut-être, si son corps, beaucoup sollicité ces dernières semaines depuis son retour à la compétition, ne tient pas la distance. Sinon...