ATP Miami : En Floride, Carlos Alcaraz espère confirmer malgré des conditions de jeu moins favorables qu'à Indian Wells

Un sourire resplendissant. Celui du gamin qui s'amuse avant tout sur un court et qui profite pleinement du plaisir simple du jeu. C'est l'une des grandes forces de Carlos Alcaraz depuis qu'il a explosé au plus haut niveau, mais il l'avait quelque peu égarée ces derniers temps. A Indian Wells, la semaine dernière, le prodige murcien a retrouvé la recette et les conséquences ont été spectaculaires sur le plan tennistique. Ses victoires face à l'invincible (alors) Jannik Sinner en demie et Daniil Medvedev en finale ont tant impressionné qu'il est le favori logique à Miami où il se lancera samedi.

Mais réaliser le "Sunshine Double" – ils ne sont que sept à l'avoir fait, Federer étant le dernier en date voici sept ans – n'a rien d'une sinécure. D'abord en raison de l'enchaînement puisqu'il faut gagner 12 matches consécutivement si on est tête de série comme Alcaraz, 14 sinon. Ensuite parce que les deux premiers Masters 1000 de l'année, bien que tous les deux sur le sol américain, ne se ressemblent pas vraiment, même s'ils se jouent tous les deux sur dur. A Indian Wells, le numéro 2 mondial avait tous les atouts pour réussir.

"Je pense que le voir gagner à Indian Wells était en quelque sorte attendu, considère même Mats Wilander, expert pour Eurosport. Oui, il n'avait pas gagné depuis Wimbledon, mais clairement l'année dernière et même l'année d'avant (titré en 2023, il avait échoué de peu dans le vent en demi-finale contre Rafael Nadal en 2022, NDLR), nous avons compris à quel point les conditions étaient bonnes pour lui. Sur une surface aussi lente et abrasive, Alcaraz est si rapide, notamment sur ses premiers appuis, qu'il peut aller chercher toutes les balles. Et le rebond haut, ça l'aide aussi parce que ça ralentit encore les conditions et qu'il joue avec beaucoup de lift. Comme les balles 'volent' et vont plus vite dans l'air chaud du désert, sa capacité à imprimer du rythme le favorise. Son service devient une arme bien plus importante parce que son effet kické prend plus d'ampleur."

Le service d'Alcaraz avait justement été pointé du doigt par Andy Roddick voici quelques semaines comme le seul secteur de jeu où l'Espagnol n'avait pas vraiment progressé. Celui-ci a déclaré à Indian Wells l'avoir travaillé ces dernières semaines, mais il sera plus aisé de le constater éventuellement à Miami où la surface ne favorisera pas particulièrement son kick extérieur sur première balle.

"Miami, c'est différent. Daniil Medvedev adore Miami (il est tenant du titre, NDLR) parce que c'est humide et les balles ne rebondissent pas aussi haut, et le court est un peu plus rapide, ce qui rend les conditions comparables à celles de l'Open d'Australie, explique Mats Wilander. Mais je pense qu'Alcaraz a besoin d'enchaîner une autre bonne semaine et s'il fait au moins une demi-finale, ça augmenterait encore sa confiance. En revanche, s'il sort tôt, on reviendra à la case départ pour ainsi dire, dans l'incertitude sur son niveau."

Frapper la balle à hauteur de hanche, voilà qui convient mieux en effet à ses deux grands rivaux du moment en l'absence de Djokovic : Jannik Sinner et Daniil Medvedev. En Floride en 2023, l'Italien avait d'ailleurs renversé Alcaraz dans ce qui fut l'un des matches de l'année, autant pour son intensité que pour son niveau de jeu. Contrairement à Indian Wells où le Murcien a progressivement inversé la tendance la semaine dernière en arrondissant les trajectoires et en mettant plus de lift et de poids dans sa balle, à Miami, Sinner aura plus de latitude pour imposer son tennis en cadence.

Reste que si Alcaraz défie à nouveau son rival transalpin, cela voudra dire qu'il a atteint la finale, ce qui constituerait déjà une forme de confirmation de son retour au premier plan. A son meilleur niveau, l'Espagnol en est parfaitement capable, lui qui avait ouvert son compteur en Masters 1000 il y a tout juste deux ans à… Miami. Comme pour tous les joueurs de tennis, et a fortiori les meilleurs, la clé réside pour lui dans la confiance retrouvée et l'enclenchement d'un cercle vertueux après une période de doute.

"Je suis plus calme maintenant, a-t-il insisté devant les caméras de la chaîne de l'ATP, Tennis TV. Je n'avais pas gagné de titre depuis Wimbledon. Mais la meilleure sensation, ce n'était pas de soulever le trophée, c'était de me retrouver, de prendre du plaisir sur le court. J'ai montré mon meilleur niveau, ce que j'avais un petit peu de mal à faire ces derniers temps. Je sais que peu de joueurs ont fait le Sunshine Double, et je veux en faire partie. Je vais travailler dur pour ça et on verra bien."