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Open Sud de France - Holger Rune vise la "Une", à plus d'un titre

Rémi Bourrières

Mis à jour 09/02/2023 à 17:29 GMT+1

MONTPELLIER - Holger Rune fera une entrée en lice attendue ce jeudi à l'Open Sud de France où, pour la première fois, il jouera un tournoi du circuit principal avec le statut de tête de série numéro 1. Cela tombe bien pour lui qui escompte se familiariser avec ce chiffre 1 et ses responsabilités afférentes. Il l'a d'ailleurs encore répété : à terme, il ne vise rien d'autre que décrocher la Une.

Y aura-t-il un vainqueur inédit en Grand Chelem cette année ?

A vrai dire, cette information statistique nous avait un peu échappé et c'est l'intéressé lui-même qui s'est chargé de la rappeler à l'assistance journalistique dès le préambule de sa conférence de presse de pré-tournoi, lundi à l'Open Sud de France : cette semaine, Holger Rune jouera à Montpellier – plus précisément à Pérols, où est implantée la Sud de France Arena – le premier tournoi de sa carrière professionnelle en tant que tête de série numéro 1.
C'est peut-être un détail pour vous, mais manifestement pas pour le jeune Danois de 19 ans, si l'on en juge l'empressement et l'enthousiasme avec lesquels il a livré son information, le tout packagé du sourire à la fois angélique et carnassier qui le caractérise. C'est en tout cas symbolique et révélateur du changement de statut qu'il a opéré depuis sa pharaonique fin de saison 2022, marquée par trois titres en indoor dont celui du Rolex Paris Masters, et une accession au top 10.
C'était il y a seulement trois mois, mais cela paraît bien loin maintenant. Holger Rune n'est plus ce jeune chien fou qui débarque à toute berzingue sur la piste de bowling et fait tomber comme des quilles les meilleurs mondiaux pour réussir un strike assez décoiffant. Le voilà auréolé d'un tout autre statut, certes plus installé mais aussi plus inconfortable : désormais, la quille, c'est lui. Le but à atteindre, c'est lui. L'homme à abattre, c'est lui aussi.
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Holger Rune.

Crédit: Imago

"Je sais tout cela et je suis prêt à cela, répond celui qui a débarqué à Montpellier en droite ligne de la charmante quoi que réfrigérante commune de Hillerod, au Danemark, où il a battu l'Inde à peu près à lui seul dans une rencontre de barrage du Groupe Mondial 1. Je sens bien qu'aujourd'hui, tous les joueurs que j'affronte veulent me battre encore plus qu'avant. Et c'est sûr que cela va me compliquer la vie parce qu'il y aura maintenant beaucoup plus de matches que je suis supposé gagner. Or, si je ne suis pas préparé, je les perdrai. Mais ça va, c'est un sentiment positif. Cela veut dire que j'ai accompli de bonnes choses."

Le seul depuis huit mois à avoir battu Djokovic

Là, on est sur un bel euphémisme. A ce jour, Holger Rune est ni plus ni moins le seul joueur qui a réussi à battre Novak Djokovic en compétition officielle depuis Rafael Nadal à Roland-Garros en juin dernier, autant dire une autre vie. C'était à Paris également, mais de l'autre côté de la Seine, à Bercy. Et à ce jour, "cela reste le meilleur moment de carrière, et même de toute ma vie", rappelle le teenager scandinave dont on sait à quel point il suinte son sport par tous les pores de la peau.
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Du talent et du cran : Comment Rune a fait plier Djokovic

Au hit-parade des matches qu'on aurait bien aimé voir en ce début de saison et qu'on n'a finalement pas eus, la revanche entre le boss serbe et l'impudent Danois se situe d'ailleurs probablement en tête. Rune a manqué d'un cheveu le rendez-vous, programmé en quart de finale de l'Open d'Australie, par la faute d'un soupçon de passivité – qui ne lui ressemble guère – sanctionnée d'un manque de réussite flagrant au moment d'achever Andrey Rublev au super tie-break du cinquième set.
Quand on connaît la suite, la manière dont Djoko s'est "trimballé" jusqu'à son inéluctable 10e sacre australien, face à des adversaires soit trop métronomiques pour le sortir de ses rails, soit qui n'y croyaient peut-être pas assez, on se dit qu'il n'y aurait guère eu que la folie insouciante d'un Rune pour lui glisser quelques peaux de banane sous les pieds, et extraire cette fin de tournoi de la torpeur australe dans laquelle l'absence de suspense l'aura finalement plongé. Jusqu'à le battre, encore une fois ?
"Je ne sais pas, je ne peux pas prédire des choses qui ne se sont pas produites, répond en souriant le 9e mondial. Ce qui est sûr, c'est que j'aurais adoré affronter Novak à nouveau. J'aurais joué ce match beaucoup d'envie et d'excitation. Avec également la ferme conviction que j'aurais pu le gagner, comme c'est le cas de tous les matches que je joue." Mais pas forcément le cas de tous ceux qui affrontent Djokovic et spécialement à Melbourne, soit-dit en passant.
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Le Top 5 de Djokovic : lob, point sans filet, passing et retour cinglants

Comme le dit justement Holger, on ne peut pas réécrire l'histoire. On peut néanmoins s'amuser à faire un peu de tennis-fiction. Aujourd'hui, Novak Djokovic est l'incontestable patron du tennis mondial, il faudrait avoir des arguments solidement affûtés pour prétendre le contraire. Mais "si" Rune avait converti l'une de ses deux balles de match contre Rublev ? Et "si" il avait dans la foulée renouvelé son exploit contre Djokovic ? Et "si" il avait ensuite poursuivi son rêve jusqu'au bout ?
Après le sacre de Carlos Alcaraz (19 ans) à l'US Open, on se serait retrouvé dans la situation historique où pour la première fois depuis 1931, deux Grands Chelems masculins auraient été consécutivement gagnés par deux joueurs de moins de 20 ans (les Américains Sidney Wood à Wimbledon et Ellsworth Vines aux Internationaux des Etats-Unis à l'époque). Et on aurait alors hurlé, avec le sens de la mesure qui sied à tout observateur sportif, au renouvellement définitif des générations.
C'est un nouveau challenge et je suis excité de le relever (…) Maintenant, je n'attends pas de moi de gagner à tous les coups.
Au lieu de quoi, le coffre-fort du tennis mondial reste fermement détenu par la vieille garde. Et voilà notre jeune viking danois positionné pour sa part entre le marteau et l'enclume, à la fois gibier aux yeux de la grande majorité des joueurs du circuit, mais prédateur des huit qui le devancent encore dans la hiérarchie mondiale. Et s'il en est encore pour trouver arrogante l'idée d'afficher ses ambitions, c'est peu dire que lui n'a pas peur de clamer les siennes. En termes de place au classement ATP, pour Holger, il n'y en a qu'une qui compte : c'est la Une…
"C'est mon objectif, mon rêve et si je veux l'atteindre un jour, je dois m'habituer à être tête de série numéro 1 dans un tournoi, a-t-il par ailleurs confié, pour revenir sur ce sujet. Je le prends comme un nouveau challenge et je suis excité à l'idée de le relever. C'est de la pression bien sûr mais c'est aussi un sentiment agréable. C'est quand même mieux que d'être tête de série numéro 8. Maintenant, ça ne veut pas dire que jevais gagner. Je suis encore jeune et je n'attends pas de moi de gagner à tous les coups." C'est préférable, du reste. Car, comme on dit, nul n'est davantage prêt à gagner que celui qui est préparé à perdre.
A tout le moins, Holger Rune sera particulièrement attendu dans un contexte qui, en dépit de son incontestable polyvalence, est jusqu'à preuve du contraire celui qui lui sied le mieux : en indoor, et en France. "Avec en plus une surface très similaire à celle de Bercy, donc je n'ai pas à me plaindre, a-t-il aussi pu constater alors qu'il sortait de son premier entraînement. D'une manière générale, j'aime la France, j'aime les tournois français, l'organisation est toujours au top et le public enthousiaste."
Sans parler de son propre ancrage hexagonal puisqu'il s'entraîne régulièrement dans le Sud de la France au sein de l'académie de Patrick Mouratoglou, qui a intégré sa structure à temps plein en octobre dernier pour une collaboration fructueuse vouée, comme le joueur l'a confirmé, à se prolonger. Au moins le temps que Simona Halep, avec qui l'entraîneur français était préalablement engagé, finisse de purger sa suspension après son contrôle antidopage positif.
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Holger Rune

Crédit: Imago

Retrouvailles avec Marc-Andrea Huesler

D'ailleurs, c'est bien simple : depuis l'arrivée de Mouratoglou dans le staff de Rune aux côtés de son entraîneur de longue date Lars Christensen (et de sa mère Aneke, qui chapeaute le projet), juste avant le tournoi de Stockholm, le Danois en est à 17 victoires pour une défaite en indoor, en finale du tournoi de Bâle, contre Felix Auger-Aliassime. Et pas n'importe quelles victoires, face à notamment six joueurs du top 10 dont le numéro 1 mondial Carlos Alcaraz et celui qui n'aura donc pas tardé à le redevenir, Novak Djokovic.
"Battre tous ces top joueurs m'a donné beaucoup de confiance en moi-même et d'espoirs pour cette nouvelle année, avertit celui qui avait par ailleurs également atteint son premier (et seul à ce jour) quart de finale en Grand Chelem l'an dernier à Roland-Garros. Maintenant, je sais aussi combien d'efforts tout cela m'a demandé pour atteindre ce niveau. Je sais à quoi m'attendre."
Ses adversaires aussi, au premier rang desquels Marc-Andrea Huesler qui, justement, est l'avant-dernier à l'avoir battu en indoor, en finale du tournoi de Sofia, début octobre dernier. Là où le vent avait (re)commencé à tourner dans le bon sens pour Holger Rune. Depuis, la petite brise qui commençait à souffler gentiment sur le paysage du tennis mondial s'est mué en cyclone dévastateur. On sait que la météo se trompe souvent, mais tout de même : à Montpellier, l'avis de tempête est déclenché…
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Huesler fait craquer Rune dans le tie-break et s'impose : la balle de match en vidéo

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