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Rolex Paris Masters 2023 | Grigor Dimitrov, pour l'amour du beau

Maxime Battistella

Mis à jour 05/11/2023 à 12:09 GMT+1

Pour la première fois de sa carrière en finale du Rolex Paris Masters, sa deuxième en Masters 1000 après Cincinnati voici six ans, Grigor Dimitrov a émerveillé toute la semaine par la qualité de jeu qu'il a proposée avec une constance assez exceptionnelle. A ce niveau, le Bulgare assure le spectacle presque à lui tout seul, soulève les foules et incarne un tennis idéal… mais structuré.

Henin adore Dimitrov : "Quand la confiance est là chez lui c'est un régal !"

Dans une salle de presse où règnent habituellement calme et concentration, l'effervescence était aussi au rendez-vous. Le son des écrans retransmettant le dénouement de la demi-finale entre Grigor Dimitrov et Stefanos Tsitsipas samedi avait beau être coupé, certains journalistes présents n'ont pu réfréner certains cris d'admiration. Car devant une telle magie, il est bien difficile de rester indifférent, quelle que soit l'objectivité dont on aime se targuer.
Les sensibilités diffèrent, les goûts et les couleurs aussi, mais il y a des joueurs qui emportent l'adhésion collective par quelque chose qui relève de l'indicible et parfois même de l'inexplicable. Grigor Dimitrov en fait assurément partie, et revoir le Bulgare évoluer à de telles altitudes cette semaine à Bercy a fait bien des heureux. A chacune de ses entrées en scène, Marc Maury lui-même, le speaker de l'événement, n'a pas pu s'empêcher de faire référence à "l'élégance" du Bulgare dont chacun des gestes semblent aussi naturels et fluides que parfaits techniquement.

Une référence inatteignable et étouffante

Le beau est à la source de bien des débats philosophiques, et dans le tennis moderne, Dimitrov en est l'une des incarnations les plus marquantes, avec l'idée forte qu'il pratique ce sport comme il devrait l'être idéalement. Mais entre l'idéal et la réalité, le décalage est souvent inconciliable et le Bulgare en a fait les frais à de multiples reprises dans sa belle (mais frustrante) carrière. Pendant longtemps comparé à la référence ultime en termes de style Roger Federer en raison d'un mimétisme certain, Dimitrov a eu logiquement du mal à assumer ce poids et franchement, comment le lui reprocher ?
En voulant se créer sa propre identité tennistique, il s'est presque transformé en caricature du tennisman admiré par les puristes. Rechercher le coup le plus spectaculaire, le moins évident à réaliser, celui susceptible d'éblouir les foules n'était peut-être pas un objectif consciemment formulé dans son esprit, mais dans les faits, le Bulgare a souvent privilégié l'esthétique à tout prix. Quitte à perdre de vue une dimension essentielle du sport de haut niveau : la gagne.
Habitué des saisons en montagnes russes en termes de résultats, il s'est souvent perdu pour se retrouver quelques fois sur des périodes limitées. Sa saison 2014 devait consacrer son envol. Il n'en fut rien. Puis, en 2017, il y eut l'espoir de voir enfin ce potentiel ahurissant devenir l'acteur majeur du circuit qu'il aurait pu être. Mais Grigor Dimitrov n'est pas Roger Federer, et encore heureux. Il partage avec le Suisse ce côté blagueur qui fait de lui l'un des joueurs les plus appréciés du circuit par ses collègues, mais il lui manque ce côté "tueur" sur le court.
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Le combat des revers à une main a tenu ses promesses : comment Dimitrov s'est hissé en finale

De la clarté pour joindre l'efficace à l'agréable

Ou plutôt, il lui manquait. Car avec Dimitrov, chaque nouvelle envolée charrie son lot d'espoirs. Et cette semaine à Bercy, dans la lignée de celles de sa tournée asiatique, ne fait pas exception. Par certains côtés, l'impression de voir naître un joueur nouveau, imperturbable sur le plan mental malgré les aléas parfois contraires de ses duels face aux cadors Alcaraz (à Shanghai), Medvedev et Tsitsipas, a affleuré. Le regard noir, habité comme rarement, le Bulgare semble savoir plus que jamais ce qu'il veut et réussit en ce moment la synthèse du beau et de l'efficace, le combat de sa vie tennistique.
Et pour ce faire, il a accepté de remettre de la structure et un plan de jeu clair dans un tennis certes créatif mais qui ne relève plus de l'improvisation permanente. C'est d'ailleurs le sens des mots de son nouveau coach Jamie Delgado, qui l'a bien relancé cette année. "C'est très agréable d'entraîner un joueur si beau à voir jouer, mais c'est surtout passionnant parce qu'il a plein d'options. Il y a des joueurs qui ne les ont pas et il y a moins de possibilités pour progresser. Il y a des chances qu'il soit capable de faire tout ce que je lui demande de faire et c'est bien plus sympa !", s'est-il exclamé.
Dimitrov ne s'est pas renié pour autant cette semaine : les smashes de revers spectaculaires, les tweeners, les slices délicieusement ciselés et les passings de revers en demi-volée "pinces à sucre" selon l'expression consacrée de Henri Leconte ont été au rendez-vous. Il y a assez de "highlights" dans son tournoi parisien pour faire plusieurs compilations, mais ils servent un seul objectif : gagner. Ce Dimitrov-là est irrésistible et mériterait bien une couronne au Rolex Paris Masters. Histoire de faire triompher une certaine idée du tennis.
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Tweener et smash en revers, Hurkacz et Dimitrov ont régalé le public de Bercy

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