Classement ATP - Comment Jannik Sinner peut coiffer Carlos Alcaraz et finir l'année N°1

"C'est impossible que je termine numéro un à la fin de l'année". Sans espoir et catégorique. En arrivant à Paris, Jannik Sinner avait esquivé illico la question de sa lutte avec Carlos Alcaraz pour le trône du tennis mondial. Battu par son rival espagnol en finale de l'US Open le 8 septembre dernier, l'Italien avait au passage cédé la première place du classement ATP, qu'il occupait depuis 65 semaines. Mais est-ce aussi impossible qu'il l'affirmait mardi en conférence de presse ? Pas forcément.

La défaite surprise d'Alcaraz mardi soir face à Cameron Norrie est venue en partie changer la donne. Pas tant pour cette semaine que pour la fin de saison. Pour que Jannik Sinner puisse redevenir numéro un lundi prochain, il lui fallait gagner le Rolex Paris Masters et espérer que "Carlitos" coince avant les demi-finales. Qu'il perde dès son entrée en lice ou en quarts ne modifiait pas la donne. Dans l'optique du statut de numéro un mondial à l'issue de la campagne en cours, ce n'est pas la même histoire. L'exploit de Norrie accroît légèrement les chances de Sinner de coiffer Alcaraz au poteau. Cela reste assez peu probable mais, contrairement à ce qu'il dit, ce n'est pas impossible.

Basons-nous sur le classement ATP Race, qui se confondra à l'issue du Masters avec le classement "technique", celui de référence. Avant ces quarts de finale à Paris, la situation est la suivante :

1. Carlos Alcaraz : 11050 points
2. Jannik Sinner : 9200 points

1850 points séparent donc les deux champions. Une différence colossale à la toute fin du mois d'octobre. Alcaraz ne bougera donc plus d'ici Turin. Il est out à Paris et ni lui ni Sinner n'ont prévu de jouer la semaine prochaine à Athènes ou Metz.

Si le Trentinois s'incline en quart ou en demie à La Défense, l'affaire sera définitivement réglée. Les ATP Finals rapportent au maximum 1500 points (200 points pour chaque victoire de poule, 400 pour une demie remportée et 500 de plus pour la victoire en finale). Il doit donc impérativement se trouver à moins de 1500 points d'Alcaraz en quittant Paris. 

Il serait à 9200 en perdant vendredi et 9400 en cas de défaite samedi. S'il s'incline en finale, le protégé de Darren Cahill émergera à 9650 points, soit 1400 points derrière Alcaraz. Il aurait donc encore une toute petite chance de finir numéro un, dans un seul cas de figure : qu'il gagne le Masters et que son rival n'y remporte pas un seul match de poule. Un chemin pour le moins étroit.

Pour avoir une vraie chance de réussir le hold-up, Jannik Sinner a donc tout intérêt à soulever l'arbre de Fanti sur le Central de La Défense Arena. Avec 10000 points contre 11050, il serait encore loin du compte, mais la pression sur Carlos Alcaraz serait nettement plus forte. Une chose est sûre, l'Italien serait à nouveau condamné à décrocher le titre au Masters. Ce n'est qu'à ce prix qu'il pourrait espérer rafler la mise.

S'il conserve son titre à domicile devant le public de Turin, il finira la saison avec 11500 points (en gagnant ses trois matches du premier tour) ou 11300 (avec une défaite). Dans ce cas, Carlos Alcaraz ne pourrait pas se permettre de passer au travers à l'Inalpi Arena. Seul le fait de gagner ses trois matches de poule (600 points, pour grimper à 11600) le mettrait à l'abri. Mais il pourrait rester à quai avec deux victoires en poules et une défaite en demi-finale. Compte tenu de son passif au Masters, où il n'a encore jamais vraiment brillé en deux participations, il devrait a minima être sur ses gardes.

"Je n'aime pas défendre, je préfère vraiment chasser", avait clamé Jannik Sinner juste avant l'US Open, alors qu'il était encore numéro un, dans la position du gibier. Redevenu chasseur, il n'a pas encore fondu sur sa proie, il est encore un peu loin pour cela, mais au moins l'aperçoit-il. Et si par bonheur pour lui, il connaît un premier triomphe parisien dimanche, les choses pourraient devenir très intéressantes pour lui. Tout ceci relève encore du tennis-fiction. Mais le terme "impossible" n'est d'ores et déjà plus celui qui convient le mieux.