Rolex Paris Masters 2025 - Excellent trimestre, élève appliqué : Félix Auger-Aliassime, nouveau troisième homme

La roue tourne vite sur le circuit ATP. À part pour les métronomes de la gagne, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, qui ne laissent pas grand-chose au reste du monde, au sein de ce reste, la notion de troisième homme a pris ces derniers mois des visages bien fluctuants. Au cours du dernier trimestre, et même un peu plus, l'inattendu Félix Auger-Aliassime s'est installé dans ce rôle. L'échantillon est maigre, convenons-en, mais depuis Wimbledon, soit depuis la mi-juillet, seuls Sinner et Alcaraz ont engrangé davantage de points que le Canadien.

Une demi-finale à l'US Open, une finale (au moins) en Masters 1000, un titre en 250 à Bruxelles et une régularité dans la performance qu'on lui avait rarement connue. Lors de ses six derniers tournois, il a toujours atteint au minimum les quarts de finale. Dans le lot, il y a tout de même un Grand Chelem, trois 1000 et un 500. Pas de la petite monnaie. Auger-Aliassime, depuis le milieu de l'été et une défaite d'entrée au Masters 1000 de Toronto, c'est donc du lourd, et ça commence à durer.

Voici les points pris depuis Wimbledon :

1. Jannik Sinner 3650 points
2. Carlos Alcaraz 3550
3. Félix Auger-Aliassime 2210

4. Alex De Minaur 1910
5. Alexander Zverev 1780

6. Ben Shelton 1760
7. Taylor Fritz 1530

8. Alexander Bublik 1460
9. Daniil Medvedev 1320

10. Novak Djokovic 1200

Loin derrière les deux monstres, certes, mais le Québécois est le seul à se situer au-dessus de la barre des 2000 points sur cette période. Pas sûr qu'il ait déjà été aussi fort que ces dernières semaines. "Depuis quelques mois, a-t-il confié samedi, je sens que mon jeu se met en place, que je fais mon nid peu à peu, que je commence à maîtriser plus mon sujet. Cette période et celle que j'ai vécue en 2022 où j'avais réussi à gagner 16 matches de suite ont probablement été les meilleures de ma carrière."

Vendredi, quand nous lui demandions s'il était optimiste quant au fait de pouvoir s'ancrer durablement au sein du Top 10, peut-être étions-nous trop prudents. S'il garde ce cap, c'est peut-être plus haut qu'il peut viser. Vers le Top 5 et même, pourquoi pas, ce statut de troisième homme dont personne ne semble vouloir durablement en ce moment sur le circuit. Djokovic ? Trop peu présent. Zverev ? Il est en théorie le taulier du poste mais cette saison 2025 l'a fragilisé. Les autres ? Aucun n'est intrinsèquement supérieur à un Auger-Aliassime des bons jours.

Alors, F2A sur le premier strapontin derrière Alcaraz et Sinner à l'horizon 2026, pourquoi pas ? Il l'a fait sur trois mois, et répéter la chose sur une année entière est une autre paire de manches, mais il a des atouts. "Je ne vais pas trop me projeter, dit-il prudemment. Mais je suis beaucoup le tennis, je regarde tout ce qui se passe, les autres joueurs, les dynamiques sur le circuit et je vois ce qui se fait de mieux. Jannik et Carlos sont vraiment à un très haut niveau. Derrière, des joueurs ont montré beaucoup de constance. On pense à Zverev, à Fritz, ils amènent ça sur le court presque à chaque fois. Moi, j'ai encore du travail à ce niveau-là."

Mais c'est un premier pas. Le Félix Auger-Aliassime des 10 dernières semaines a une bonne tête de troisième homme, même à distance très lointaine du duo de tête. Cela passera aussi par la même régularité à l'échelle des Grands Chelems où, en dehors de sa demi-finale lors du dernier US Open, il avait été inexistant depuis plus d'un an (trois éliminations au premier tour et seulement deux matches gagnés). Le prochain Open d'Australie sera un vrai test à cet égard. Il y sera attendu. D'ici là, il a cette année à boucler. Ce tournoi, d'abord. En restant, si possible, dans la droite lignée de son dernier trimestre.