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Le grand écart, signe ultime de la grandeur de Federer

Laurent Vergne

Publié 17/02/2018 à 11:06 GMT+1

Vainqueur de Robin Haase vendredi, Roger Federer est désormais assuré de redevenir numéro un mondial lundi prochain. Plus de cinq ans après avoir goûté pour la dernière fois au trône. Plus de quatorze années après sa première prise de pouvoir. Ce double grand écart, totalement inédit dans l'histoire du tennis, témoigne de façon frappante du côté exceptionnel de la carrière du Suisse.

Roger Federer

Crédit: Eurosport

Depuis une quinzaine d'années, le tennis masculin nous gratifie d'une foule d'accomplissements appelés à marquer durablement l'histoire, à travers le trio Federer-Nadal-Djokovic. Près de 50 titres du Grand Chelem et 87 Masters 1000 à eux trois, 13 années et demie à se partager le pouvoir sur les 14 dernières, des records dans tous les sens. Le Suisse, l'Espagnol et le Serbe ont établi des nouveaux standards dont beaucoup seraient à leurs débuts apparus saugrenus même aux esprits les plus imaginatifs.
Mais le dernier fait d'armes en date, à savoir le retour de Federer à la première place mondiale, est peut-être l'un des plus sidérants. Lundi, Roger Federer sera donc le plus vieux leader du classement ATP depuis sa création en 1973. Et de loin. Le précédent record, détenu jusqu'alors par Andre Agassi, installé sur le trône juste après ses 33 ans, s'apprête à voler en éclats. Lundi, lorsque sa reprise de pouvoir sera officielle, le Bâlois aura 36 ans, 6 mois et 11 jours.
Son âge, en soi, est un élément marquant. Même si, d’une certaine manière, ce n'est qu'une preuve supplémentaire d'un des aspects majeurs de notre époque, le vieillissement du sommet du tennis mondial. Pendant un quart de siècle, du milieu des années 70 à la fin des années 90, il était fréquent de briller très jeune au plus haut niveau, et rarissime d'y demeurer performant au-delà de trente ans. Cette norme s'est aujourd'hui totalement inversée.
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Roger Federer

Crédit: Getty Images

Sa permanence au sommet, aspect trop sous-estimé de sa carrière

Mais briller à 30-31 ans ou à 36, ce n'est évidemment pas tout à fait la même chose et c'est bien cela qui frappe dans la (re)prise de pouvoir du Suisse. Nous touchons là à un élément trop sous-estimé, ou en tout cas trop peu souligné de sa carrière : sa longévité et, plus encore, sa permanence au sommet, que l'on prenne ce terme au sens restrictif (la place de numéro un) ou un peu plus large (le Top 10). Federer devenu numéro un mondial pour la première fois en février 2004, il y a tout juste 14 ans.
14 années entre sa première semaine au pouvoir et la dernière en date, c'est du jamais vu. C'est même ahurissant. Jusqu'à aujourd'hui, personne n'avait été numéro à dix années d'intervalle. Rafael Nadal s'en est approché. Le Majorquin a accédé au trône en août 2008 et il y était donc encore en février 2018. Soit neuf années et demie. Jimmy Connors (neuf ans) et Andre Agassi également (huit ans et demi) le suivent dans ce classement. Mais 14 ans... Dans ce domaine comme en beaucoup d'autres, le précédent établi par Federer a quelque chose d'extravagant.
D'ici la fin du printemps, Federer battra un autre record, méconnu celui-ci : le nombre de semaines passées dans le Top 10. Lundi, le Bâlois entamera sa 801e semaine parmi les 10 premiers du classement (dont 725 dans le Top 5 !). Seul Jimmy Connors le devance encore, mais plus pour longtemps. L'Américain, de 1974 à 1989, en a cumulées 817. Plus encore que dans ses 20 titres du Grand Chelem, c'est là que se noue la grandeur de Federer. De la même manière qu'on peut être plus impressionné encore par le fait d'avoir aligné neuf années pleines sans être absent des quarts de finale en Grand Chelem que par ses 20 couronnes majeures.

Le vieillissement de l'élite est général, mais Federer reste une exception

On a beaucoup loué le jeu de Federer au fil des ans, mais la dimension athlétique du personnage n'en est pas moins bluffante. Elle l'est même davantage à mesure qu'il avance en âge. David Goffin, interrogé à ce sujet cette semaine, ne dit pas autre chose : "Je ne suis pas surpris par son tennis, parce qu'il a tout dans sa raquette depuis le début de sa carrière. Mais je suis surpris de voir à quel niveau il peut se maintenir physiquement. Il se connait tellement bien qu'il sait quand il doit reposer son corps, quand il peut être à 100% et c'est peut-être à ce niveau-là qu'il est un vrai modèle pour les autres joueurs."
Un modèle qui ne sera pas simple à suivre. Pas sûr que l'on revoit de sitôt un leader du tennis mondial de presque 37 ans. Si le vieillissement de l'élite est général, Federer reste une exception. En se plaçant à nouveau devant le reste du monde lundi, il va boucler la boucle de son incroyable retour au premier plan entamé voici treize mois. Qui aurait pu imaginer ça ?
Si au début du mois de novembre 2012, lorsqu'il a cédé sa place de numéro un à Djokovic, quelqu'un nous avait dit que le Suisse la retrouverait cinq ans et demi plus tard, cela aurait semblé, au minimum, très audacieux. Un an plus tard, quand il touchait son fond tennistique après ses sorties de route précoces à Wimbledon et à l'US Open, pareil pronostic aurait même prêté à rire. Sans parler de son semestre d'absence en 2016, qui l'avait fait reculer comme jamais dans la hiérarchie.
Il y a quinze mois, Roger Federer abordait l'Open d'Australie pour ne pas sortir du Top 30. Le revoilà numéro un. Et rien de ce qui transparait dans son jeu, son allure ou son envie, n'incitent à penser que cela pourrait s'arrêter à court terme.
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