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Roger Federer, de flamboyant à frustrant

Laurent Vergne

Mis à jour 16/11/2019 à 21:36 GMT+1

MASTERS – Grandiose contre Novak Djokovic jeudi, Roger Federer a affiché un visage bien différent samedi en demi-finale. Incapable de saisir ses opportunités et globalement déficient au service comme à l'échange, le Suisse a quitté le court vaincu (6-3, 6-4) et surtout terriblement frustré de ne pas avoir su s'exprimer comme il l'avait fait 48 heures plus tôt.

Roger Federer lors du Masters 2019.

Crédit: Getty Images

Comme souvent ces dernières années, Roger Federer aura connu un Masters en forme de montagnes russes. Un coup en bas, un coup en haut. On l'avait quitté jeudi soir virevoltant et étincelant lors d'une démonstration de force et de finesse face à Novak Djokovic. Le Serbe dehors, Rafael Nadal à son tour éliminé le lendemain, Federer semblait avoir un vrai gros coup à jouer pour conquérir, enfin, son 7e Masters, huit ans après son dernier sacre. Mais il a présenté un visage bien différent samedi et, comme ces deux dernières années, il est tombé aux portes de la finale face à un novice à ce stade de la compétition. Après David Goffin en 2017 et Alexander Zverev l'an dernier, il s'est cette fois cassé les dents sur Stefanos Tsitsipas.
Loin du Federer version Djokovic, ce fut davantage samedi celui aperçu dimanche dernier contre Dominic Thiem. Toute la rencontre, le Suisse s'est bagarré avec lui-même. On l'a senti frustré, agacé de ne pouvoir donner sa pleine mesure. Il a fait trop de cadeaux pour espérer un meilleur sort, à l'image de ce break concédé d’entrée avec deux énormes fautes. "Me faire breaker avec deux smashs ratés dans le même jeu, ça n'a pas dû m'arriver depuis longtemps, si ça m'est déjà arrivé un jour...", a-t-il pesté. Au fond, tout était déjà écrit dès les deux premiers jeux de cette demi-finale : son incapacité à saisir sa chance sur le service de son adversaire, et sa propre fragilité sur sa mise en jeu.
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C'était du grand Tsitsipas, et un tout petit Federer : Les temps forts de leur demi-finale

Service en panne, réalisme en berne

Contre Djokovic, il n'avait perdu que neuf points sur son engagement. Samedi, il en a lâché autant… sur sa première balle, avec seulement 70% de réussite. Et sur sa seconde balle, il s'est souvent retrouvé agressé dès le retour du jeune Grec. Résultat, moins d'un point sur deux remporté (46%) sur l'ensemble du match. Très fragile sur son coup droit (17 fautes directes), souvent un baromètre chez lui, il a également bien sûr payé ce ratio apocalyptique sur ses opportunités de break : il n'a converti qu'une seule de ses douze occasions. Et encore, ce fut pour... débreaker en début de seconde manche. "A ce niveau, ça ne pardonne pas", a-t-il concédé.
Rien n'a donc jamais été simple pour lui samedi et, chaque fois qu'il a pu espérer se relancer, il s'est pris aussi sec le boomerang, quand il ne l'a pas envoyé lui-même. "J'ai eu quelques bons passages, mais j'ai aussi raté trop de choses, poursuit le Bâlois. Il a bien joué sous la pression, il n'a pas fait de bêtise, pas de double faute, il a été costaud sur ces balles de break. Je suis frustré de ne pas avoir pu mieux jouer et quand j'ai réussi à me remettre dedans, j'ai tout gâché dans la foulée."
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De l'autre côté du filet, ça jouait très bien
Globalement dominé à l'échange, Roger Federer a tenté de varier, de changer son fusil d'épaule, de perturber Stefanos Tsitsipas, mais rien n'y a fait. "J'ai essayé d'utiliser mon chip, de rester au fond, de monter, de rester agressif, de me mettre dans le court, mais ce n'est pas évident contre lui parce qu'il prend la balle très tôt, explique le numéro 3 mondial. Et si j'ai commis des fautes, c'est aussi parce que, de l'autre côté du filet, ça jouait très bien. Il a juste été un peu meilleur que moi sur les petits détails aujourd'hui."
Venu à Londres pour tenter de glaner un titre de première importance à défaut d'avoir pu le faire en Grand Chelem, Federer est resté à l'O² Arena comme dans presque tous les grands rendez-vous de l'année 2019 : un peu court. Une finale à Wimbledon, une demie à Roland-Garros, une autre au Masters... A 38 ans, il demeure sacrément compétitif, en témoigne sa constance tournoi après tournoi et son bilan final (53 victoires, 9 défaites). Mais il y aura toujours eu un grain de sable pour le priver d'une victoire de grande envergure. "L'année est finie, honnêtement, j'ai vraiment fait du mieux que je pouvais", dit-il simplement. Solide, parfois génial, mais souvent frustrant. Un peu à l'image de son Masters, en somme...
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Roger Federer lors de la demi-finale du Masters contre Stefanos Tsitsipas

Crédit: Getty Images

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