Noah va devoir trancher (et ce ne sera pas simple)

Si une interrogation subsiste encore sur la composition du groupe de quatre pour la finale, on connait en revanche déjà la moitié de l'équipe de façon certaine. Les deux joueurs de simple seront Jo-Wilfried Tsonga, l'incontournable leader, et Lucas Pouille. Comme lors de la demi-finale face à la Serbie. En s'imposant respectivement à Anvers puis Vienne en indoor cet automne, et en terminant tous les deux dans le Top 20 au classement ATP (15e et 18e), ils ont solidifié leur place.

Sauf s'ils se cassent une jambe d'ici jeudi midi, ils seront donc sur le court vendredi. Vous pouvez a priori miser votre 13e mois ou votre PEL dessus, vous ne risquez pas grand-chose. Leur marge sur le reste du groupe est substantielle. Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert ne sont considérés que comme des joueurs de double, Julien Benneteau aussi, à un degré moindre, et ce malgré sa superbe performance au Masters 1000 de Bercy où il a atteint le dernier carré, en battant notamment… Jo-Wilfried Tsonga. Quant à Richard Gasquet, s'il possède un palmarès et un vécu, y compris en Coupe Davis, supérieur à un Lucas Pouille, la logique des derniers mois, et celles des dernières semaines prévaut.

En considérant que Tsonga et Pouille forment un tandem automatique pour les simples, la grande interrogation concerne la composition du double. Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert ont été alignés à quatre reprises au cours des deux dernières éditions, sous le capitanat de Yannick Noah. Ils forment la paire de référence et rien ne dit qu'ils ne seront pas à nouveau choisis. Pour autant, leur statut apparait fragilisé avant cette finale. Les Bleus ne manquent pas d'options et, en dehors de Pouille, les cinq autres membres du groupe sont presque interchangeables pour former l'équipe de double.

La reconduction de la paire Mahut-Herbert, qui avait joué la demie à Lille, n'a donc rien d'automatique. De ce duo, Pierre-Hugues Herbert semble clairement le plus menacé. Parce qu'il a été touché au dos la semaine dernière, mais pas seulement. Il est plus dépendant de Mahut que le contraire. Si Noah décide d'intégrer Benneteau ou Gasquet, il l'associera sans doute plus facilement à Mahut qu'à Herbert. Il est aussi le plus jeune des quatre joueurs en lice pour les deux derniers billets, et le seul à ne pas avoir trente ans. Même si c'est un critère secondaire, Noah peut se dire qu'il a encore le temps. Mahut, Benneteau, voire Gasquet, beaucoup moins.

Si Yannick Noah décide de ne pas accorder sa confiance à la paire Mahut-Herbert pour le double, il a deux options : modifier totalement ses plans par rapport à la demi-finale en retenant Richard Gasquet et Julien Benneteau, ou conserver un des deux éléments pour lui associer soit Gasquet soit Benneteau. Dans le second cas de figure, il est fort probable que Mahut soit préféré à son habituel partenaire. Ces derniers jours, à l'entraînement, Mahut et Benneteau ont été régulièrement alignés du même côté du filet.

Mardi, ils ont disputé ensemble un super tie-break face à une paire composée de Herbert et… Jonathan Eysseric, qui sert de sparring-partner depuis le début du stage. Une indication ? Possible. A moins que Noah n'ait voulu par là titiller l'orgueil de P2H, le tester. La paire Mahut-Benneteau a aussi l'avantage de ne pas être inédite. Pas plus tard que lors du quart de finale contre la Grande-Bretagne au mois d'avril, Noah l'avait alignée, avec succès, puisqu'elle s'était imposée contre Jamie Murray et Dominic Inglot, qui forment pourtant un double de qualité.

Julien Benneteau, et plus encore Richard Gasquet, présentent un énorme avantage par rapport à Mahut et Herbert : en cas de pépin physique d'un des deux titulaires en simple, ils offrent plus de garanties pour le dimanche s'il faut les aligner. Imaginons que Lucas Pouille, touché à la cuisse à Bercy, rechute vendredi face à Goffin. Si le Saladier d'argent se joue lors du match 5 contre Darcis, Gasquet ou Benneteau constituent une solution de repli plus sécurisante qu'un Pierre-Hugues Herbert, et même qu'un Nicolas Mahut.

Reste donc la possibilité d'aligner le Biterrois et le Bressan. Après tout, en double, ils ont conquis une médaille olympique à Londres en 2012... Ce n'est sans doute pas l'hypothèse la plus probable (Mahut tient clairement la corde pour être sur le court samedi), mais elle tient la route. Noah a encore quelques heures pour trancher s'il ne l'a pas fait. Mais la multitude des options qui s'offre à lui, si elle marque un problème de riche, lui complique aussi la tâche. Forcément, il y aura des déçus et, d'une certaine manière, des injustices.