Hrbaty répond à Ljubicic

COUPE DAVIS - FINALE

A Bratislava, Slovaquie-Croatie 1-1.

Ivan Ljubicic (Cro) bat Karol Kucera (Slq) 6-3, 6-4, 6-3

Le brusque revirement de Miroslav Mecir n'a rien changé à la donne. En remplaçant le jeune Karol Beck par le "vieux" Karol Kucera deux heures avant le premier match, l'entraîneur de l'équipe Slovaque espérait peut-être perturber le meilleur joueur de cette finale (au regard des classements ATP et des récentes performances) : Ivan Ljubicic. Trois sets après le début de la rencontre, le numéro 9 mondial avait déjà rempli la première partie de son contrat qui compte trois volets.

Sans montrer la moindre émotion, toujours concentré, Ivan "le terrible" a débuté la rencontre avec prudence avant de lâcher progressivement ses coups une fois que le score a tourné en sa faveur. Surpris par les variations de Karol Kucera en fond de court pendant les quatre premiers jeux, Ljubicic a ensuite pris la mesure de son adversaire. A 2-2, Karol avait entrevu une faille sur quelques points joués crânement en avançant. Mais la suite du match n'a pas donné raison au seul Slovaque qui n'avait jamais perdu face à Ljubicic.

"Voir une équipe changer de joueur le vendredi matin, ça ne m'était jamais arrivé", a tenu à dire le N.1 en Croatie. "Mais je n'étais pas tellement surpris car à l'évidence Beck est blessé. De toute façon, Kucera et Beck sont des joueurs assez similaires. Ça n'aurait pas changé grand chose tactiquement."

Inconsistant à la volée, Karol a encaissé les coups dès le sixième jeu, c'est-à-dire, dès qu'il a joué au-dessus de ses moyens. Jouer vers l'avant soit, mais encore fallait-il garder la balle dans le court. A 30/40, 2-3, un revers à mi-court sort largement dans le couloir. Karol perd son engagement et ses espoirs. Sûr de son fait, Ivan a évité les fioritures et enfoncé lentement le clou. "J'ai bien servi et bien joué les points importants. C'est un match que j'ai contrôlé", a expliqué le Croate. "Je n'ai jamais cessé de me méfier car je sais que Kucera a été N.6 mondial (en 1998) et qu'il peut jouer bien mieux que ça, même s'il n'est plus au sommet de sa forme depuis quelques années."

Les trois sets ont d'ailleurs été de la même facture. Dans les deux derniers sets, le Croate a breaké très tôt (2-0 dans le second, 1-0 dans le troisième) et contrôlé les brèves envolées de Kucera trop lent et imprécis pour faire douter un joueur qui a remporté 80% de points sur sa première balle et 70% sur sa seconde, avec qui plus est un total de 69% en première balle.

Ce premier match met donc en lumière la sérénité de Ljubicic. Héraut de la Croatie, il est toujours invaincu en Coupe Davis cette saison avec dix victoires de rang au compteur. Sa maîtrise de la rencontre ne permet toutefois pas de pouvoir juger de son état de forme, il n'a pas eu à puiser dans ses ressources. Côté Slovaque, la tension monte d'un cran.

Beck diminué, Kucera trop loin de son meilleur niveau actuel, le troisième simple de dimanche s'annonce angoissant pour Mecir. Kucera était pourtant prêt : "J'ai appris que j'allais jouer à 10h45 parce que Karol (Beck) s'était blessé" , a-t-il expliqué. "Dans mon subconscient, je m'étais préparé à jouer car je savais que tout pouvait arriver avec le genou de Beck. Dans l'ensemble je suis assez satisfait de ma performance."

D. Hrbaty (Slq) bat M. Ancic (Cro) 7-6(7/4), 6-3, 6-7(4/7), 6-4

La finale est lancée ! Après une victoire trop rapide et trop logique de Ljubicic sur Kucera, le duel entre Hrbaty et Ancic a réchauffé la "Sibamac Arena" et prouvé que cette rencontre inédite au sommet du tennis mondial n'allait pas laisser un simple goût fade aux passionnés. Nerveux en début de rencontre et marqué physiquement en fin de rencontre, Mario Ancic n'a pourtant pas grand chose à se reprocher sur son propre engagement. Il n'a d'ailleurs perdu le premier set sur un seul point (à 4/2 dans le tie-break).

Avec 29 aces (contre 17 pour le Slovaque), le Croate aurait pu se mettre hors de portée des retours de son adversaire. Mais après avoir concédé la première balle de break du match au septième jeu de la seconde manche, Mario a donné l'impression de s'écrouler au point de perdre une seconde fois son engagement à 5-3 sur une double faute... A ce moment de la partie, Dominik Hrbaty est euphorique. Avec son service atypique (lancé très haut), il fait mal à l'équipe de Croatie sur un de ses points forts. Présent en défense grâce à placement latéral efficace, il n'hésite pas à faire courir Ancic et à miser sur une série de plusieurs coups pour finir ses points.

A 2-1 dans la troisième manche, Dominik accélère en coup droit mais ne peut concrétiser la seule balle de break du set. Ancic se retranche derrière ses premières balles et laisse passer l'orage. Le Croate atteint sain et sauf le tie-break et profite de la plus grosse erreur du match de Hrbaty (un revers faiblard dans le filet qui a donné 3/1, puis 4/1 avec un double mini-break à la clef). Requinqué, "Baby Goran" s'encourage pour la première fois du match. Mais la montée d'adrénaline n'a pas suffi.

Sonné, Hrbaty a connu un premier jeu difficile en ce début de quatrième manche avant de reprendre son rythme de croisière. A 2-2, Ancic est au service et faiblit à nouveau, usé par les longues courses que lui impose son rival.

Placé en embuscade loin de sa ligne de fond de court, Dominik sort un passing de coup droit long de ligne qui fait basculer le match. Monté à contre-temps, Ancic s'étale de tout son long. Breaké, le Croate sauvera l'honneur à 3-3, 0/30 pour s'incliner plus tard à 6-4.

Motivé, démonstratif comme jamais, Hrbaty a relevé le défi de Ljubicic. Après un double difficile à décrypter samedi, en raison des incertitudes qui planent autour de la participation de Karol Beck (blessé, victime d'une polémique liée au dopage), Dominik a donné rendez-vous à Ivan pour le choc de la finale, le troisième simple.