Bîmes, le pacificateur

Christian Bîmes se veut rassembleur. L'ambiance lourde dans les couloirs de la FFT a laissé place au calme et au raisonnement : le président de la Fédération Française de Tennis a reconduit Guy Forget dans ses fonctions de capitaine pour les deux prochaines années à venir, soit jusqu'à la fin de son mandat. Malgré trois échecs en quart de finale de Coupe Davis face à la Russie. Et pour relancer la machine avec en ligne de mire une victoire d'ici 2009, rien de tel qu'une remise à niveau... avec un statu quo total.

Décrié ces derniers temps et avide de changements, Christian Bîmes a remis les points sur les "i" en ne changeant presque rien, mais en réaffirmant ce que tout le monde savait. Forget reste le capitaine et Patrice Hagelauer l'entraîneur. Seul Guillaume Raoux n'a pas été reconduit dans son poste d'intendant. Comme la pratique l'avait déjà instauré, les entraîneurs personnels des joueurs convoqués en Coupe Davis seront les bienvenus, dans les tribunes, mais pas sur le terrain.

"J'avais senti qu'il y avait des petites choses à régler, de points à aborder, on s'est vite rendu compte que ce n'étaient que des petits détails qu'il fallait évacuer", ne manquait pas de souligner Bîmes lors d'une entrevue avec la presse qu'il avait conviée à Roland-Garros. Mais le Président de la FFT avait-il vraiment le choix de ne pas reconduire Forget? Celui qui a les pleins pouvoirs au sein de la sphère du tennis français n'est-il pas plutôt le capitaine des Bleus?

Une chose est sûre : les joueurs sont du côté de Forget. Tout le monde a soutenu le capitaine et s'offusquait presque des rumeurs d'un futur changement à la tête de l'équipe de France. "C'était le souhait de tous les joueurs que Guy soit reconduit, déclarait Arnaud Clément lundi à Bercy. C'est un grand capitaine, je ne comprends pas toutes les tergiversations qu'il y a eu. Ces moments de flottement ont duré beaucoup trop longtemps et ont été complètement inutiles."

La question du maintien de Forget devait tout de même être posée, la France calant systématiquement sur la Russie depuis trois saisons, et le choix des joueurs alignés plus que discutable. "C'est moi qui ai nommé le capitaine après avoir entendu l'ensemble des joueurs, confirmait Bîmes. Mais il ne me viendrait pas à l'idée, en tant que Président de la FFT, de proposer le nom d'un capitaine qui ne serait pas en adéquation avec ses joueurs. Ce serait incohérent. C'est déjà tellement compliqué et dur quand on veut gagner la Coupe Davis que l'on ne peut pas envoyer une équipe avec un capitaine qui n'aurait pas le soutien de ses joueurs. Ce n'est pas possible."

Ne pas garder cet élément aurait donc été mettre à mal un peu plus le Président, qui est déjà au centre d'accusations d'abus de biens sociaux. Si cette épée de Damoclès reste au-dessus de la tête de Bîmes, la justice n'ayant pas statué sur son cas, il faut reconnaître que ce dernier continue d'endosser son rôle de Président avec envie. Ses souhaits sont clairs : repartir de l'avant pour regagner la Coupe Davis d'ici à deux ans et obtenir l'accord pour une extension du site de Roland-Garros en 2011, enjeu primordial pour faire perdurer ce tournoi du Grand Chelem comme l'un des plus attirants de la planète tennis.

Si moment de flottement il y a eu, Christian Bîmes est aujourd'hui dans une dynamique de conquérant. Et rien de tel que Guy Forget à ses côtés pour y arriver. Le Président a réaffirmé son soutien inconditionnel à ce dernier, qui serait encore plus démontré par sa présence sur les lieux où la France jouera la Coupe Davis, histoire de montrer physiquement cette cohésion. "Franchement, j'ai le sentiment qu'aujourd'hui, il n'y a plus aucun problème dans cette équipe de France. Maintenant, il faut aller de l'avant et avancer. Il faut faire confiance à Guy pour mener une belle campagne 2008." La balle est bien dans leur camp.