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Le bras d'honneur de la Vieille Dame

Laurent Vergne

Mis à jour 07/04/2018 à 19:16 GMT+2

COUPE DAVIS – Sous sa forme, la vénérable Coupe Davis vit peut-être ses dernières heures. Ce week-end, qui a rameuté l'immense majorité des principaux joueurs concernés par les quarts de finale, vient pourtant rappeler que si elle a besoin d'un lifting, elle peut demeurer séduisante. A l'image du choc annoncé dimanche entre Rafael Nadal et Alexander Zverev.

La Coupe Davis, on l'a dans nos gênes

Crédit: Getty Images

C'est ce qu'on appelle un pied de nez. Cela pourrait même s'apparenter à un petit bras d'honneur, avec toute la distinction d'une vieille dame et un petit sourire en coin, à l'endroit de ceux qui voudraient déjà la mettre au cimetière. Ce week-end, la vénérable Coupe Davis, proche de ses 120 ans, ne se porte finalement pas si mal.
Paradoxal, puisque, sous couvert de révolution, sa mort est annoncée pour l'an prochain. Certes, l'ITF envisage de conserver le nom, qui s'apparente pour elle à une marque, mais la nouvelle formule présentée le mois dernier n'a absolument plus rien à voir avec la Coupe Davis. Ce sera autre chose, ce sera peut-être bien, mais en tout état de cause, si ce projet est entériné, ce ne sera plus la Coupe Davis.
Dans l'antichambre de la morgue, Madame Davis a pourtant sorti sa plus belle robe en ce début de mois d'avril, à l'occasion des quarts de finale. Elle qui n'intéresse plus les grands joueurs peut se targuer de la venue au bal des quarts du numéro un mondial en personne, Rafael Nadal.
C'est évidemment autant affaire de circonstances que d'engagement. Absent depuis deux mois et demi, Nadal avait besoin de matches avant de lancer sa campagne sur terre à Monte-Carlo. Le duel face à l'Allemagne, sur la terre de Valence, tombait donc à pic. Un échange de bons procédés. Nadal rend service à la Coupe Davis, et vice-versa.
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Rafael Nadal

Crédit: Getty Images

Un quasi carton plein dans le Top 20

La présence d'un des plus grands champions actuel donne un relief inattendu à ce deuxième rendez-vous de l'année en Coupe Davis. Cela fait un bien fou de revoir le Majorquin avec un maillot rouge, devant son public. Il n'avait plus joué un simple en Coupe Davis depuis trois ans, et encore, ce n'était pas dans le groupe mondial. Vendredi soir, il a parlé d'une journée "mémorable". Il est trop tôt pour envisager une présence récurrente cette saison si l'Espagne atteint le dernier carré, mais ne boudons pas notre plaisir.
Mais, et c'est là la vraie bonne nouvelle, Nadal n'est pas le seul joueur de premier plan à avoir répondu présent ce week-end. Sur les huit pays concernés par ces quarts de finale, onze joueurs du Top 20 étaient potentiellement concernés. Dix ont répondu présent (David Goffin, blessé, avait de toute façon annoncé qu'il ferait l'impasse) même si Pablo Carreno Busta, initialement retenu avec l'Espagne, a finalement déclaré forfait.
Mais parmi les tops joueurs concernés, les quarts de finale ont presque fait carton plein. On retrouve même trois des quatre premiers de l'actuel classement ATP : Rafael Nadal donc, Marin Cilic, et Alexander Zverev.
Un bonheur ne venant jamais seul, Nadal et Zverev ont rendez-vous dimanche. Un choc entre le N.1 et le N.4 mondial, quoi de mieux pour lancer ce printemps terrien ? Ce sera à consommer sans modération et pour peu que les deux se montrent sous leur meilleur jour, il pourrait même s'agir d'un des matches de la saison. C'est exactement ce dont la Coupe Davis avait besoin. C'est un message envoyé. Oui, elle intéresse encore certains joueurs.
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Alexander Zverev, Alemania

Crédit: Eurosport

La soigner, oui, l'euthanasier, non

Cette embellie, peut-être seulement passagère, ne la dispensera pas de penser à son avenir. Mais encore une fois, celui qu'on nous propose à compter de 2019 n'en est pas un. C'est une impasse. A-t-elle besoin d'évoluer ? Oui. Mais là, c'est un dépeçage qui s'annonce. On peut toucher à beaucoup de choses, mais pas au principe fondateur qui donne tout son sel à cette épreuve et lui confère son caractère unique : le fait d'évoluer à domicile ou à l'extérieur. Mettre fin à ce trait de personnalité de la Coupe Davis, c'est la lobotomiser. Jouer pour son pays, devant son public, il n'y a que la Coupe Davis pour vous offrir ça. Comme je l'avais écrit après la finale 2017, le côté domicile-extérieur devrait être sacralisé.
L'édition précédente a clairement marqué un point bas pour l'épreuve, même si d'un strict point de vue franco-français, elle s'est bien terminée. Le souci n'est pas que le Big Four déserte l'épreuve. Elle peut survivre sans eux. Mais quand 90% du Top 20 décide de faire l'impasse, l'ampleur du problème devient dramatique. Il n'est pas normal que les Bleus aient pu soulever le Saladier d'argent sans signer une seule victoire contre un joueur classé parmi les quarante meilleurs joueurs du monde. Reste que sur les dernières années, 2017 demeurait quand même une forme d'exception.
Les éditions précédentes avaient eu de la gueule. En 2016, Del Potro-Cilic et Del Potro-Murray avaient constitué des sommets de la saison. L'année précédente, Murray avait guidé la Grande-Bretagne jusqu'au sacre et en 2014, la victoire du tandem Federer-Wawrinka n'avait pas manqué de sel non plus. Tout n'est pas tout noir ou tout blanc. La Coupe Davis a de la fièvre, elle n'a pas la rage, ce dont l'accuse l'ITF. Plutôt que de la soigner, on préfère l'euthanasier. Ce week-end, Nadal, Zverev, Cilic, Isner, Pouille et les autres rappellent quand même qu'elle bouge encore.
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