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Pour Noah, la réforme de la Coupe Davis est "scandaleuse"

Laurent Vergne

Mis à jour 08/04/2018 à 21:58 GMT+2

En marge de la qualification des Bleus pour les demi-finales après leur victoire en Italie, Yannick Noah s'est également exprimé sur l'avenir de la Coupe Davis, dont la réforme annoncée menace l'identité même de l'épreuve. Très virulent devant cette révolution, qu'il juge "scandaleuse", le capitaine tricolore entend se battre autant qu'il le peut pour défendre le format actuel de la compétition.

Yannick Noah, capitaine énervé.

Crédit: Getty Images

Yannick Noah était heureux et énervé dimanche. Heureux de la qualification de l'équipe de France pour les demi-finales après un succès probant en Italie, mais aussi en pétard devant la menace qui plane au-dessus du format actuel de la Coupe Davis. Sans surprise, il n'a pas manqué l'occasion de le rappeler.
Si le projet de réforme est validé cet été lors de l'assemblée générale, la vénérable compétition par équipes ne mobiliserait plus les joueurs durant quatre semaines (au maximum en comptant la préparation) mais sur une seule en novembre et dans un seul lieu. Ce serait donc la fin des matches à domicile et à l'extérieur, l'une des grandes caractéristiques de l'épreuve. Et ça, Noah ne veut pas en entendre parler.
"Cette épreuve devrait être intouchable pour ceux qui aiment vraiment le tennis, juge l'ancien vainqueur de Roland-Garros. La Coupe Davis, c'est autre chose. Il y a presque une dimension sociale. Rien ne pourra payer l'autographe que Fabio Fognini a signé à un petit Italien qui vient de commencer le tennis." Noah s'en est pris à ces "dirigeants qui sont là depuis peu et ne connaissent peut-être pas leur histoire."
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Yannick Noah exulte, à Gênes, lors de la victoire de Lucas Pouille face à Andreas Seppi

Crédit: Getty Images

Si demain cette décision scandaleuse passe, ce sera la fin de la Coupe Davis
Mais il fustige également l'attitude de certaines figures centrales du circuit, dont le désintérêt pour la Coupe Davis ces derniers temps a poussé l'ITF à envisager ces mesures pour le moins drastiques. Rafael Nadal et Novak Djokovic, notamment, semblent plutôt pencher pour une suppression de la formule actuelle au profit d'un format plus ramassé.
"Il y a des joueurs très importants, qui gèrent quasiment le jeu, qui ont peut-être la mémoire courte, ou en tous cas pas de mémoire du tout, juge Noah. Leurs motivations ne sont certainement pas celles de vouloir protéger le jeu. On parle de 7 ou 8 joueurs qui ont donné beaucoup au tennis mais le tennis leur a aussi beaucoup donné. C'est une situation assez extraordinaire. Ils ont beaucoup profité du jeu et aujourd'hui en veulent encore plus. Je pense que c'est trop."
Pour le capitaine de l'équipe de France, aucun doute, même si le nom "Coupe Davis" est conservé, la réforme envisagée pour 2019 marquera la mort de cette épreuve créée au tout début du XXIe siècle. "Si demain cette décision scandaleuse passe, ce sera la fin de la Coupe Davis. C'est dommage", regrette-t-il. Avec ses moyens, il entend néanmoins se battre. "Ce n'est pas fini, prévient-il. Je suis encore dans le match et je vais essayer de peser du mieux que je peux. Il semble que la plupart des capitaines engagés dans ces quarts de finale sont de mon avis."
Au-delà de la Coupe Davis, Yannick Noah s'inquiète de cette attaque envers un monument historique du tennis car, selon lui, elle pourrait préfigurer d'autres soubresauts à plus ou moins long terme. "Aujourd'hui, poursuit-il, c'est la Coupe Davis, demain ce sera certains tournois du Grand Chelem et puis on jouera tous les tournois en Asie…"

Giudicelli : "Ne prenez pas comme argent comptant le projet"

Interrogé à ce sujet, le président de la Fédération française, Bernard Giudicelli, a quelque peu rétropédalé. D'abord opposé au projet il y a plusieurs mois, il s'y est rangé en tant que membre du conseil de la Fédération internationale, qui porte le projet. Mais selon lui, tout n'est pas figé. "Des choses peuvent encore évoluer, assure le patron de la FFT. Ne prenez pas comme argent comptant le projet, les choses évoluent, l'ITF discute avec ceux qui veulent faire évoluer l'épreuve et on verra ce qui va sortir lors de l'assemblée générale."
Une chose est sûre selon lui, le statu quo n'est plus tenable, sauf à voir un retour massif et constant des meilleurs joueurs du monde lors des week-ends de Coupe Davis, ce qui parait peu réaliste en dépit de l'embellie de ces quarts de finale, qui ont vu la présence de la quasi-totalité des ténors concernés, de Nadal à Cilic en passant Zverev, Isner, Pouille ou Fognini.
"Le format actuel est en danger. Le conseil des joueurs a communiqué sur le fait qu'il ne voulait plus jouer quatre semaines, a rappelé Bernard Giudicelli. L'ITF a besoin d'assurance pour financer cette épreuve". "La Coupe Davis est magnifique quand les meilleurs la jouent. Si tous les meilleurs joueurs du monde voulaient se donner la main, on n'aurait pas tous les problèmes que l'on a eus ces dernières années", a-t-il conclu.
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