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Les Challengers sortent de l'ombre : "L'ATP veut créer de plus en plus de passerelles"

Maxime Battistella

Mis à jour 01/05/2023 à 19:53 GMT+2

Avec une nouvelle catégorie de "Challengers premium", organisés lors des secondes semaines de Masters 1000, l'ATP a réussi à attirer à l'échelon inférieur des joueurs plus connus. Ce coup de projecteur abolit-il pour autant l'écart entre les deux circuits, permettant à plus de tennismen de vivre de leur sport ? Eclairage avec Arnaud Clément, concerné via le Challenger d'Aix-en-Provence (1-7 mai).

Gaël Monfils à Indian Wells en 2023

Crédit: Imago

Andy Murray face à Gaël Monfils et Benoît Paire contre David Goffin dès le 1er tour d'un tournoi : pas de doute, il se passe quelque chose sur le circuit secondaire. Pourquoi un tel engouement ? Tout simplement parce que l'ATP a créé une nouvelle catégorie de tournois : cinq Challengers 175 dits "premium" qui accordent, comme leur nom l'indique, 175 points au vainqueur et ont l'avantage d'avoir lieu pendant les secondes semaines des Masters 1000 d'Indian Wells, de Madrid et de Rome.
Cette place particulière dans le calendrier permet à quelques noms du circuit ATP, prématurément éliminés de ces trois Masters 1000, de se remettre vite en selle pour potentiellement vite retrouver confiance. Matteo Berrettini avait ainsi tenté sa chance dans l'Arizona en mars dernier après sa sortie de piste d'entrée dans le désert californien. D'autres pourraient être tentés de l'imiter lors de ce printemps sur terre battue.
Certains ATP 250 sur terre battue ne sont pas beaucoup plus forts que nous
"Au niveau sportif, notre tableau est complètement différent, nous confirme Arnaud Clément, directeur du Challenger 175 d'Aix-en-Provence (1er-7 mai prochains). Et je ne pensais pas que ça allait l'être autant, même si ça va descendre un peu en fonction des résultats de Madrid (certains inscrits aussi en lice dans la capitale espagnole pourraient faire défaut, NDLR). Avant, on avait parfois 2 et jusqu’à 4 ou 5 joueurs du Top 100 maximum, là, tout notre tableau est dans les 100 premiers. On n'a jamais eu des joueurs aussi bien classés et une telle densité. Mardi, le jour du début du grand tableau, on va vraiment se demander qui on met sur le central, sur le 1, alors qu'avant on se posait moins la question. Certains ATP 250 sur terre battue pendant l'été ne sont pas beaucoup plus forts que nous."
Avec son tableau de 28 joueurs, Aix a l'avantage de permettre à ses quatre premières têtes de série exemptes de 1er de n'avoir à gagner que quatre matches pour décrocher le titre. Et quand on sait que le champion décrochera plus de points qu'un finaliste en ATP 250 (175 contre 150), le voyage dans le Sud de la France ne comporte quasiment que des avantages, dont celui de garder le rythme en accumulant du temps de jeu sur terre battue. Comme le fait remarquer Arnaud Clément, en termes de plateau, ces Challengers premium peuvent rivaliser avec certains des tournois les moins dotés du circuit ATP. De là à créer une forme de concurrence ?
"Non, nous avons obtenu cette dérogation réglementaire de pouvoir accueillir des joueurs du Top 50, parce qu'on est en deuxième semaine de Masters 1000. Un Challenger 175 ne peut pas être en face d'un ATP 250, ce n'est pas possible. Il y a des ATP 250 qui ont des Top 10 et qui offrent des garanties, ce qui n'est pas possible pour les Challengers. Aujourd'hui, on ne se dit pas qu'on fait partie du circuit secondaire. Mais devenir un 250, c'est une autre marche, c'est l'achat d'une date dans le calendrier. Pour certains, ça marche très bien, pour d'autres moins. On n'a jamais eu cette ambition jusqu'ici", tempère celui qui est aussi consultant pour Eurosport.

A Aix, un budget d'organisation de plus d'un million d'euros

Pour être à la hauteur de son nouveau statut, le tournoi d'Aix-en-Provence a dû trouver de nouveaux financements. Certes, il a pu compter sur l'aide de l'ATP et de la Fédération française de tennis de ce point de vue, mais il a fallu aussi trouver des partenaires sur le plan privé et solliciter les collectivités territoriales pour faire face à une augmentation drastique du "prize money" passé de 90 000 à 200 000 euros. En tout, le budget total d'organisation a dépassé le million d'euros, soit près de 30 % d'augmentation par rapport à l'édition précédente pour répondre au cahier des charges fixé par l'ATP (une salle de gym en plus, hébergement pour des joueurs mieux classés et plus entourés, restauration, hausse du nombre d'arbitres).
Est-ce à dire que l'écart se réduit entre circuit principal et circuit Challenger, prenant davantage en compte un niveau sportif plus homogène ? "Quand j'ai arrêté ma carrière et j'ai commencé à organiser le Challenger, l'hébergement n'était pas obligatoire pour les joueurs, il n'y avait pas de 'prize money', ni d'hébergement dans les qualifications, acquiesce Arnaud Clément. Il y a toujours un écart, parce que les modèles économiques ne sont pas les mêmes, mais ça tend à se rapprocher : il y a de plus en plus de passerelles entre les deux circuits. Car dans le tennis, les tout meilleurs gagnent très bien leur vie, mais derrière ça se creuse très vite. Avec ces augmentations de 'prize money', un 250e mondial peut réussir à équilibrer ses comptes financièrement. Il y a plus de joueurs qui peuvent vivre du tennis."
Si tous les Challengers faisaient ce qu'on faisait, il y en aurait beaucoup moins
En présentant sa réforme voici quelques mois, l'ATP annonçait ainsi une augmentation globale de 60 % des dotations des 195 tournois Challengers, pour un montant global de 21,6 millions d'euros contre 13,2 millions en 2022. Et si les cinq fameux "premium" impressionnent par leur capacité d'attraction des joueurs du Top 100, les catégories inférieures aussi ont changé de dimension.
Les Challengers 75 passant de 53 120 à 80 000 dollars (environ 72 500 euros) de 'prize money', et les Challengers 100 de 106 240 à 130 000 dollars (environ 118 000 euros). Le mouvement de fond est donc bien engagé, même s'il faut faire attention à l'effet grossissant de ces nouveaux Challengers 175. Ils ne représentent pas la réalité de ce qui se passe en moyenne sur le circuit secondaire.
"Certains ne prennent pas en charge l'hébergement, mais ce n'est pas non plus de l'exploitation des joueurs, met enfin en garde Arnaud Clément. C'est un autre modèle économique. Si tous les Challengers faisaient ce qu'on fait, il y en aurait beaucoup moins au calendrier. Il ne faut pas imaginer que certains font ça pour s'en mettre plein les poches. C'est un sujet que je connais bien : ce sont des budgets à aller chercher, à équilibrer. Pour pouvoir s'inscrire dans la durée, il faut faire attention à pas mal de choses."
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