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Rolex Paris Masters : De l'urgence de voir Bercy à une autre date dans le calendrier ATP

Sébastien Petit

Mis à jour 05/11/2017 à 12:10 GMT+1

ROLEX PARIS MASTERS - Après plusieurs années d'embellie, le Rolex Paris Masters a vu peu à peu ses têtes d'affiche quitter le navire prématurément cette semaine. La finale ne verra pas un joueur du Top 10 mondial en finale, une première depuis 1988. Pas même un joueur français, si moins bien classé soit il. Un coup de malchance, vraiment ?

Rafael Nadal - Bercy

Crédit: Getty Images

En l'espace d'une semaine, le Rolex Paris Masters a fait un bond en arrière de cinq ans. En 2012, la finale du rendez-vous parisien opposait David Ferrer, alors numéro 4 mondial, à Jerzy Janowicz, issu du tableau des qualifications. Ce match avait frappé les esprits car il laissait alors beaucoup de monde sur sa faim.
A l'époque, l'Espagnol remportait un tournoi qui avait vu tomber ses têtes d'affiche les unes derrière les autres. Le numéro un mondial Roger Federer était déjà forfait, tout comme Rafael Nadal au repos forcé depuis Roland-Garros, le numéro deux Novak Djokovic avait chuté dès le 2e tour face à Sam Querrey et Andy Murray, alors numéro trois, avait été l'une des nombreuses victimes de Janowicz, ce Polonais qui était sorti de l'anonymat en battant trois joueurs du Top 15 mondial pour aller en finale.
Si son histoire a été marquante de par sa rareté, cela n'avait pas empêché aussi de mettre un nouveau coup de projecteur sur la malchance de ce tournoi, encore victime d'une fin de saison éprouvante pour des joueurs forcés de stopper les frais physiquement. Ou de se préserver pour le Masters qui suit quelques jours plus tard. On se souvient qu'en 2005, les principaux héros de l'année - Federer, Nadal et Safin - n'étaient pas là. Qu'en 2006, les trois premiers joueurs mondiaux étaient encore forfait. On pourrait ainsi dresser une liste longue comme le bras des noms prestigieux qui manquent à l'appel chaque année. Une fatalité ? Tant que le tournoi se tiendra en fin de saison régulière, ce sera indéniablement le cas.
Pourtant, lors des quatre dernières saisons, les trois sacres à la suite de Novak Djokovic et celui d'Andy Murray ont atténué les critiques. Mais cette année, Bercy n'aura même pas droit à un membre du Top 10 en finale. Une première depuis Mansdorf (33e)-Gilbert (23e) en 1988. Le fruit d'une incroyable hécatombe depuis plusieurs semaines, dont le tournoi parisien paye le prix fort malgré sa volonté de choyer par tous les moyens les courageux qui foulent le court de Bercy.
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Guy Forget - Paris Bercy 2017

Crédit: Getty Images

Forget : "Si on pouvait déplacer le tournoi en février, bien sûr qu’on serait partants !"

Pourtant, le Masters, dernier gros tournoi de la saison, est toujours basé à Londres, à moins de 3 heures de Paris. Mais les héros de la saison sont fatigués et, pour certains, vieillissants. Déjà, en 2012, Guy Forget sentait l'urgence de faire bouger les choses. L'ancien joueur et capitaine de Coupe Davis était depuis peu le directeur du tournoi parisien et n'avait qu'une chose en tête : avancer ce tournoi plus tôt dans la saison. Cinq ans plus tard, rien n'a bougé.
"On sait que le placement du tournoi est délicat, a reconnu Forget. Pour mon premier Bercy comme directeur, en 2012, le plateau était décimé. 2013 et 2014 ont été de belles éditions. Comme pour un Bourgogne ou un Bordeaux, 2017 sera un cru moyen. Cette édition nous perturbe un peu. Si on pouvait déplacer le tournoi en février, bien sûr qu’on serait partants ! Mais c’est un jeu de chaises musicales compliqués avec la tournée sud-américaine et les engagements déjà pris. Si on a le feu vert pour février, je serai le premier à appuyer sur le bouton."
Bercy a eu beau faire peau neuve, il est toujours d'une attractivité toute relative. Et sa date n'est donc pas encore prête à bouger. Le Masters 1000 parisien s'en est accommodé en essayant de se rapprocher au maximum des conditions de jeu du Masters de Londres. Fini les changements de vitesse du court qui faisaient jaser : avec une surface la plus similaire possible (Gerflor, résine sur bois), Paris se veut désormais un parfait entraînement pour les meilleurs joueurs avant de rallier Londres (sic). Le tournoi a même réussi à obtenir une semaine supplémentaire entre les deux événements pour donner une période de récupération aux joueurs. Mais cette année, entre les forfaits et les abandons en cours de route, c'était la l'édition "pas de chance".
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Rafael Nadal

Crédit: Eurosport

Une première finale sans Top 10 depuis 1988

"Les Murray, Djokovic, Wawrinka n’ont pas raté que notre tournoi. Ils sont absents depuis longtemps. J’avais espéré qu’avec ces forfaits qui annoncent quoiqu’on en dise la fin d’une époque, on allait assister à un transfert de génération entre ceux qui nous font rêver depuis 10 ou 15 ans et la nouvelle génération. Cette transition ne s'est pas faite ici cette année. Cette nouvelle génération, avec Thiem et Zverev, me laisse sur ma faim."
Forget oublie de dire que sept finales de Masters 1000 cette saison ont toujours aligné au moins un Top 10 mondial, l'exception étant jusqu'ici Cincinnati avec Dimitrov (11e tout de même) face à Kyrgios (23e). Il y a un autre chiffre qui ne parle pas en sa faveur : sur les 10 dernières années et l'éclosion du quatuor glouton Federer-Nadal-Djokovic-Murray, au moins l'un d'entre eux a toujours été en demi-finales d'un Masters, à quatre exceptions près : Cincinnati 2017 donc et Paris 2008, 2012 et 2017. Ceux qui voient le verre à moitié vide diront que le tournoi perd alors de son prestige. Ceux qui voient le verre à moitié plein rétorqueront que cela ouvre des portes aux Janowicz et Krajinovic en rendant accessible ce qui ne l'est pas le reste de l'année.
Les finales de Masters 1000 en 2017 :
  • Indian Wells : Federer - Wawrinka
  • Miami : Federer - Nadal
  • Monte-Carlo : Nadal - Ramos
  • Madrid : Nadal - Thiem
  • Rome : A.Zverev - Djokovic
  • Montréal : A.Zverev - Federer
  • Cincinnati : Dimitrov - Kyrgios
  • Shanghai : Federer - Nadal
  • Paris : Krajinovic - Sock
Alors combien de temps cela va-t-il durer ? Combien de temps Bercy sera encore le théâtre des bons vouloirs de joueurs fatigués par une saison à rallonge ? Pour le moment, l'O2 Arena de Londres sera l'enceinte qui accueillera le Masters jusqu'en 2020. Au-delà, un possible déménagement sur un autre continent est envisagé. En Asie ou en Amérique du Sud. Ce qui augmenterait encore plus le risque de forfaits en cascade. Si les meilleurs joueurs sont obligés de quitter l'Europe pour disputer le Masters loin de Paris, à quoi ressemblera le plateau de Bercy avec cette même place dans le calendrier ?
"La perspective du Masters en Asie pour l'instant ne m'effraie pas du tout, a tenté de relativiser Guy Forget. D’abord, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour. Le tournoi de Shanghai ne doit pas être sur dix jours non plus, on resterait sur notre date. L’année prochaine, le Rolex Paris Masters sera à la même date mais j’espère pouvoir vous annoncer autre chose, des nouvelles réjouissantes par rapport à ce tournoi. Je pense qu’il y a une place dans ce calendrier. C'est un bon tournoi indoor. Être juste avant le Masters cela peut avoir des avantages, cette année, cela n'a pas été le cas..." La finale Sock-Krajinovic de dimanche aura au moins été une bonne piqûre de rappel.
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