Masters - Miami : Richard Gasquet, d'un extrême à l'autre

Richard Gasquet ne verra plus Miami de la même manière. Après un début de saison très prometteur, le Biterrois, demi-finaliste malheureux face à Andy Murray, passera à la neuvième place du classement ATP lundi, après avoir signé son meilleur parcours dans le Masters 1000 floridien. Il faut remonter presque cinq ans en arrière (au 6 juin 2008 précisément) pour retrouver le Français à ce rang. Vu le niveau du Top 10, "certainement l'un des tout meilleurs de l'histoire du jeu" nous confiait Patrick Mouratoglou, c'est tout sauf une anecdote. Et encore lorsque l'on sait que Miami est le tournoi où son "affaire" a débuté en 2009, cette performance du Français prend une valeur bien particulière.

Cela fait six mois que Gasquet a effectué son retour parmi les dix meilleurs joueurs du moment. C'est le temps qui lui a fallu pour gravir une marche supplémentaire. Il a fallu qu'il décroche deux titres à Doha et Montpellier et qu'il joue une demi-finale en Masters 1000 pour avancer. Maintenant qu'il a passé Janko Tipsarevic, voici le Français avec 420 points à défendre jusqu'à Roland-Garros contre 800 pour le Serbe. Un petit avantage qui pourrait lui permettre de conserver sa place de choix jusqu'à la deuxième levée du Grand Chelem. Mais peut-il monter encore d'un cran d'ici là ? Sur la marche suivante, bien plus haute, se trouve Jo-Wilfried Tsonga qui accuse plusieurs centaines de points d'avance sur son compatriote et surtout seulement 450 points à défendre ou bonifier jusqu'à Paris. Des chiffres qui montrent qu'un changement de leader tricolore dans les mois qui arrivent n'est pas encore d'actualité.

Avec 21 victoires en 26 matches, le Biterrois a donc confirmé avec brio qu'il effectue le meilleur début de saison de sa carrière. Certains diront que si Roger Federer ou Rafael Nadal avaient été présents à Miami, il ne serait sans doute pas allé jusqu'au dernier carré de Miami. Mais Gasquet a eu au moins le mérite de dominer Tomas Berdych pour arriver à ses fins, signant là sa première victoire face à un joueur du Top 10 (qui était déjà Tomas Berdych) depuis le Masters 1000 de Toronto en août dernier. Et ce signe est d'autant plus fort que le Tchèque venait de le battre à Indian Wells il y a une quinzaine de jours. Dans de meilleures dispositions physiques, Gasquet a cette fois-ci eu le dernier mot à Miami, ce qui a évoqué ses mots pleins de reconnaissance de l'un de ses coaches, Riccardo Piatti : "Un très bon joueur ne perd jamais deux fois de suite contre le même adversaire". Une phrase qui pourrait bien faire siffler quelques oreilles.

A l'origine de cette embellie, une confiance de plus en plus profonde en son jeu et ses capacités. "Cette semaine, je me suis battu du début à la fin sur tous les matches, je ne peux pas aller plus loin, assurait-il à Miami. Je m'accroche tout le temps, j'arrive à bien avancer, c'est vers ça que je dois tendre." Cela ne l'a pas empêché de s'incliner contre Andy Murray, numéro trois mondial en Floride, pour la quatrième fois en huit rencontres, en raison d'un physique qui commençait à décliner, mais aussi en raison de l'efficacité de son adversaire qu'il n'avait plus croisé depuis leur huitième de finale à Roland-Garros de l'an passé.

"J'ai fait un grand premier set, ça jouait bien au tennis mais j'ai sincèrement eu beaucoup de soucis à partir du deuxième set entre ma cheville et des ampoules au pied, ça m'a beaucoup handicapé dans les déplacements. Mais ce n'est pas ce qui m'a fait perdre. C'était difficile de continuer à jouer surtout contre un joueur de ce niveau." Richard Gasquet, qui n'a plus battu de joueur du Top 3 depuis Roger Federer en mai 2011 à Rome, sait maintenant le niveau de jeu qu'il doit atteindre pour espérer viser une nouvelle place dans le Top 8 mondial, qu'il a quittée en avril 2008. Le hasard a voulu que le Biterrois franchisse un nouveau cap à Miami, là même où en 2009 débutait son "affaire" de prise inopinée de cocaïne qui le fit plonger jusqu'à la 86e place mondiale (en mai 2010). En signant sa première demi-finale dans Masters 1000 floridien quatre ans plus tard, ce tournoi tiendra définitivement une place bien à part dans sa carrière.