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Lorenzo Musetti et la génération dorée : "J'espère, moi aussi, faire partie de ce futur"

Rémi Bourrières

Mis à jour 09/11/2022 à 13:29 GMT+1

MASTERS NEXT GEN - En l'absence des trois meilleurs "21 ans et moins" de la planète que sont Carlos Alcaraz, Holger Rune et Jannik Sinner, Lorenzo Musetti part favori du Masters Next Gen, débuté pour lui par une victoire mardi à Milan. Le jeune Italien a confié à Eurosport son ambition de rejoindre très vite au sommet ce peloton des étoiles du tennis de demain.

Lorenzo Musetti

Crédit: Imago

Difficile de trouver un meilleur résumé de la situation actuelle de Lorenzo Musetti dans le tennis mondial que l'édition tout juste écoulée du Rolex Paris Masters 2022. Le jeune Italien de 20 ans y a bien joué, très bien joué même pour éliminer notamment Casper Ruud et atteindre les quarts de finale. Stade auquel il a été "fessé" par Novak Djokovic (6-0, 6-3) avant de finalement se faire voler la vedette par plus jeune que lui, Holger Rune, vainqueur à 19 ans de son premier Masters 1000.
A chaud, le 23e mondial était déçu, moins par le résultat brut que par la manière. Au point de remettre en question sa participation à la cinquième édition du Masters de la Next Gen (pour les joueurs de 21 ans et moins), qui se dispute cette semaine jusqu'à samedi, à Milan. "J'ai envie de jouer et en même temps, j'ai besoin de repos d'autant qu'il y a aussi la finale de la Coupe Davis qui arrive. Je vous tiendrai au courant dans les prochains jours", avait-il soufflé vendredi soir avant de se réfugier dans les méandres ténébreux de l'Accor Arena.
Depuis, pas de nouvelle, bonne nouvelle. Musetti a donc bel et bien tenu sa place et remporté son premier match face au 90e mondial Tseng Chun-hsin (4-2, 4-2, 4-2). Il est ainsi parti à la conquête du statut honorifique (et pas tout à fait vrai) de meilleur espoir de la planète, au sein d'un groupe Rouge dans lequel ont également été placés le Britannique Jack Draper et le Suisse Dominic Stricker.

Sans Alcaraz, Rune et Sinner, Musetti joue gros cette semaine

Evidemment, l'épreuve a plus à voir avec une (super) exhibition qu'avec un (vrai) Masters. En plus des désormais "traditionnels" sets en quatre jeux, de nouvelles règles y seront encore expérimentées cette année comme la réduction à 15 secondes du temps de repos entre deux points après un ace et une double faute, ou la suppression du changement de côté après le premier jeu.
Mais dans le cas de Musetti, il y a peut-être un véritable intérêt symbolique à s'imposer comme le chef de file de la jeunesse galopante en l'absence de Carlos Alcaraz (tenant du titre), Holger Rune ou Jannik Sinner, qui ont pris depuis une dimension bien trop importante pour être du rendez-vous milanais.
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Djokovic n'a laissé aucune chance à Musetti

Plus jeune et mieux classé des "autres", Musetti, 23e mondial, a lui aussi pris beaucoup d'épaisseur ces dernières semaines. Mais il reste encore dans l'antichambre de l'élite quand ses copains de la formidable Génération Z ont d'ores et déjà enfoncé avec fracas la porte de la gloire.
Lui n'était pas si loin de le faire avant eux. N'oublions pas quand même que l'ancien vainqueur de l'Open d'Australie juniors (2019) n'avait que 18 ans lorsqu'il a atteint les huitièmes de finale du Masters 1000 de Rome en 2020. Et 19 lorsqu'il a mené deux sets à rien contre Novak Djokovic en huitièmes de finale de Roland-Garros, en 2021, avant de s'écrouler physiquement.
Entre-temps, le jeune Transalpin a eu aussi des problèmes de son âge, avec une rupture sentimentale qui a entravé son moral et son "process" de progression, l'an dernier. Il a depuis recouvré ses esprits et repris le fil de son ascension. Sa saison 2022, marquée par ses deux premiers titres cet été à Hambourg (face à Carlos Alcaraz en finale…) et plus récemment à Naples, aurait eu tous les atours d'un avènement. Elle a juste été "occultée" par des exploits encore plus grands, réalisés par des jeunes encore plus jeunes.

Une belle tournée d'automne

Une forme d'injustice, quelque part, que le principal intéressé est loin de voir comme telle. "Honnêtement, je suis très heureux pour eux, a-t-il confié à Eurosport. Le fait que Carlos Alcaraz soit n°1 mondial, c'est incroyable pour lui mais aussi pour moi. D'une part, parce que nous sommes très bons amis. D'autre part, parce que son avènement a contribué à me stimuler davantage. Ça m'a motivé à endurcir encore un peu plus mon jeu et mon caractère pour accomplir prochainement, à mon tour, de grandes choses."
C'est d'ailleurs ce qu'il a fait puisque, dans les semaines qui ont suivi le sacre new-yorkais d'Alcaraz, Musetti a accompli une superbe tournée automnale (titres à Naples donc, mais aussi demies à Sofia et Florence puis quart à Bercy), tout comme Holger Rune, preuve que l'effet d'entraînement de toute cette jeunesse n'est pas un vain mot.
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Musetti a sorti le grand jeu pour battre son premier Top 5 : le résumé

"Il est normal d'avoir des hauts et des bas sur une route qui mène au sommet d'une montagne, il a fallu trouver un équilibre et je crois que c'est ce que je suis train de réussir à faire, nous a-t-il par ailleurs déclaré. Je suis heureux et fier d'avoir fourni le travail nécessaire pour passer un gros cap, avec l'aide de mon équipe, notamment sur le plan mental."
Les comparaisons valent toujours ce qu'elles valent. C'est-à-dire pas grand-chose. Mais difficile malgré tout de ne pas voir l'esquisse d'un nouveau Big Three voire d'un nouveau Big Four dans l'éclosion de cette richissime génération. Et si tel est le cas, avec son revers à une main et son tennis aussi varié qu'esthétique, Musetti en serait le Federer. Forcément.
C'est vrai, j'ai besoin de temps pour assembler les différentes parties de mon jeu
Un tennis qui constitue son point d'attraction principal mais qui nécessite peut-être, aussi, un peu plus de temps pour se mettre en place. Avoir en soi la possibilité de frapper, à tout moment, tous les coups du tennis est un atout indéniable. Mais c'est aussi un piège : l'embarras du choix dans ses frappes peut contribuer à donner des nœuds au cerveau, quand d'autres ont leur plan de jeu tout tracé.
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Un petit air de Federer : le revers long de ligne délicieux de Musetti

"C'est vrai, j'ai besoin de temps pour assembler les différentes parties de mon jeu, opine le Toscan. J'ai énormément travaillé là-dessus. Mais aujourd'hui, mon axe principal de progression se situe surtout dans le premier coup de raquette : le service et le retour. Ce sont des coups très importants de nos jours. Je n'ai pas autant de points gratuits sur mon service que beaucoup de joueurs qui servent à 220 à tous les points. Et le revers à une main n'est pas le plus facile pour retourner. Je vise également d'être plus agressif avec mon coup droit. Mais je veux aussi conserver beaucoup de variété dans mon jeu. En fait, le but est de parvenir tout au long du match à connecter cette variété au service de la bonne stratégie. C'est un puzzle à mettre en place."
Ça prend du temps, et ça n'est pas toujours linéaire non plus. Son tennis cristallin, magnifique mais fragile, subtil mais délicat, Musetti, chef de file par ailleurs d'une non moins incroyable jeune génération italienne, sait qu'il faut le manipuler avec précaution.
Sous peine de casse, comme contre Djokovic à Bercy : "Cette défaiteun peu 'moche'm'a fait malcar elle ne reflète pas vraiment ce que je montrais ces dernières semaines. Mais voilà, il peut y avoir des rechutes. Il y avait peut-être un peu trop d'attentes sur ce match que je n'ai pas su gérer, et Djokovic a été très bon pour m'enlever toutes les certitudes que je pensais avoir sur mon jeu. A moi de reprendre mon voyage le plus vite possible."
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6 balles de match pour venir à bout d'Alcaraz : les temps forts du 1er titre de Musetti en images

Dès cette semaine, donc, à Milan. Puis dans deux semaines en finale de Coupe Davis. Et, surtout, à partir de 2023, année à partir de laquelle il compte bien, lui aussi, avoir son mot à dire pour les plus grands titres aux côtés des Alcaraz, Rune et autres Sinner, liste peut-être bien non exhaustive tant cette génération semble aussi tentaculaire que talentueuse.
"Nous représentons le futur du tennis mais je crois que désormais, nous sommes aussi le présent, conclut le natif de Carrara. Chacun d'entre nous est d'ores et déjà en mesure d'accomplir de grandes choses. Et plus le temps va passer, plus nous serons à mesure de le faire. Pour l'instant, les joueurs que vous citez sont meilleurs que moi. On peut s'attendre à une grande rivalité entre eux dans les prochaines années. J'espère, moi aussi, faire partie de ce futur. Et je travaille dur pour cela."
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