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Finale Federer-Cilic : l'évidence ou le contre-pied jusqu'au bout

Laurent Vergne

Mis à jour 27/01/2018 à 22:19 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Comme à Wimbledon l'été dernier, Roger Federer et Marin Cilic sont les deux derniers candidats au titre à Melbourne. Le Suisse, à peine titillé durant deux semaines, a les faveurs du pronostic alors qu'il brigue une historique vingtième couronne majeure. Le défi est immense pour Marin Cilic, mais le Croate a des atouts à faire valoir.

Marin Cilic - Roger Federer - Open d'Australie 2018

Crédit: Eurosport

Le contexte

Melbourne ne s'en tire pas si mal. Malgré la constance hécatombe qui a décimé les têtes d'affiche du tableau au fil des tours et des jours, l'affiche de cette finale 2018 s'avère plus que présentable. D'un côté, Roger Federer, tenant du titre, numéro deux mondial et principal candidat à sa propre succession à l'ouverture des hostilités voilà deux semaines. De l'autre, Marin Cilic. Le Croate est en train de prendre des bonnes habitudes en Grand Chelem et il ne lui manque plus grand-chose pour devenir le Wawrinka des prochaines années. Sans être un classique, ce Federer-Cilic nous est tout de même servi pour la deuxième fois en six mois en finale de Grand Chelem. Ce n'est pas rien.
La route empruntée par le numéro 6 mondial (numéro 3 dès lundi quoi qu'il arrive en finale) a été nettement plus vallonnée que celle de son illustre rival. Il a lâché quatre sets en route, Federer aucun. Mais son parcours était aussi autrement plus corsé, avec Pablo Carreno Busta en huitièmes de finale et, surtout, Rafael Nadal en quarts. Le destin lui a donné un petit coup de pouce (ou de cuisse) avec la blessure du numéro un mondial. Mais s'il est impossible de dire si Cilic s'en serait sorti ou non sans cela, il est en revanche certain que son niveau de jeu dans ce tournoi est bien digne d'un prétendant au titre.
Roger Federer, lui, s'est donc gentiment promené. A l'exception du premier set de son quart de finale contre Tomas Berdych, il a toujours été en contrôle et a passé un minimum de temps sur le court (6h13 de moins que Cilic...). Malgré ses 36 ans, il sera frais comme un gardon. L'enjeu est colossal pour "Rodgeur", qui peut rejoindre Emerson et Djokovic au rang des recordmen des titres en Australie. Surtout, il peut atteindre cette hallucinante barre des vingt titres en Grand Chelem, réservée jusque-là aux seules déesses du tennis féminin. Vingt titres en trente finales, les comptes seraient ronds, les comptes seraient bons.

Face-à-face

Leur dixième duel, le huitième sur dur, le cinquième en Grand Chelem et le deuxième dans une finale, à chaque fois une finale majeure. Voilà le topo des confrontations entre Roger Federer et Marin Cilic. Évidemment, très net avantage au Suisse, qui mène huit victoires à une. Mais l'unique succès du Croate vaut son pesant d'or et elle a marqué les deux hommes.
C'était en demi-finale de l'US Open 2014. Cilic avait détruit Federer (6-3, 6-4, 6-4) avant de remporter dans la foulée son premier et unique titre majeur à ce jour. Mais si RF mène nettement, ses victoires ont parfois été étriquées, à l'image du quart de finale de Wimbledon en 2016, où Cilic avait bénéficié d'une balle de match. Leur dernier match en commun est tout récent, lors du Masters en novembre dernier. Cilic, déjà éliminé, avait tout de même joué le jeu à fond lors du dernier match de poules et pris un set à son adversaire (6-7, 6-4, 6-1).
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Roger Federer et Marin Cilic

Crédit: Getty Images

Le parcours des finalistes

  • Roger Federer
1er tour : bat Aljaz Bedene (6-3, 6-4, 6-3)
2e tour : bat Jan-Lennard Struff (6-4, 6-4, 7-6(4))
3e tour : bat Richard Gasquet (6-2, 7-5, 6-4)
Huitième de finale : bat Márton Fucsovics (6-4, 7-6(3), 6-2)
Quart de finale : bat Tomas Berdych (7-6, 6-3, 6-4)
Demi-finale : bat Hyeon Chung (6-1, 5-2 abandon)
  • Marin Cilic
1er tour : bat Vasek Pospisil (6-2, 6-2, 4-6, 7-6)
2e tour : bat João Sousa (6-1, 7-5, 6-2)
3e tour : bat Ryan Harrison (7-6(4), 6-3, 7-6)
Huitième de finale : bat Pablo Carreno Busta (7-6), 3-6, 7-6, 7-6)
Quart de finale : bat Rafael Nadal (3-6, 6-3, 6-7, 6-2, 2-0, abandon)
Demi-finale : bat Kyle Edmund (6-2, 7-6, 6-2)
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Cilic a toujours laissé la tête d'Edmund sous l'eau

Ils ont dit

Roger Federer
Il y a un peu plus d'un an, quand je suis arrivé ici pour jouer l'Open d'Australie, je n'aurais pas imaginé être en mesure de remporter trois titres du Grand Chelem supplémentaires. Si on m'avait dit ça, j'aurais dit 'c'est une plaisanterie, elle est bien bonne !' J'aurais signé tout de suite pour pouvoir en gagner ne serait-ce qu'un de plus.
Marin Cilic
Roger, c'est toujours un immense challenge. Il arrive encore à devenir meilleur, même à 36 ans. On sait que, plus il avance dans les tournois, plus il est difficile à battre. En finale, vous pouvez être sûrs qu'il jouera du grand tennis.

Quatre stats à avoir en tête

  • 3. Roger Federer a atteint la finale de cet Open d'Australie via un parcours immaculé. S'il s'impose à nouveau en trois manches contre Marin Cilic dimanche, le Suisse décrochera son troisième titre du Grand Chelem sans avoir perdu le moindre set. Il égalerait les records de Bjorn Borg et Rafael Nadal. Federer a accompli cette performance à l'Open d'Australie en 2007 et à Wimbledon l'an dernier.
  • 9. Vainqueur de Rafael Nadal en quarts de finale, Marin Cilic peut devenir le neuvième joueur dans l'ère Open à gagner un tournoi du Grand Chelem en ayant battu les têtes de série un et deux du tournoi. A noter que deux joueurs ont réussi cette performance deux fois dans leur carrière : Mats Wilander (Australie 1983, Roland-Garros 1985) et Stan Wawrinka, beaucoup plus près de nous, à Melbourne en 2014 (Nadal et Djokovic) dix-huit mois plus tard à Paris (Djokovic et Federer).
  • 50. Y a-t-il un avantage à jouer la première demi-finale, disputée le jeudi, par rapport à celle du vendredi, dans l'optique du match pour le titre le dimanche ? L'histoire récente semble répondre... non. Lors des dix dernières éditions, cinq ont été remportées par le finaliste qualifié le jeudi et cinq autres par le vainqueur de la seconde demi-finale. C'est du 50/50 !
  • 155. En cas de victoire dimanche, Roger Federer sera plus proche que jamais de la première place mondiale. Le Bâlois reviendrait à seulement 155 points de l'actuel leader, Rafael Nadal. Ce dernier ayant les 300 points de sa finale à Acapulco à défendre fin février (Federer n'en a que 45 à remettre en jeu le mois prochain), le Suisse redeviendra automatiquement numéro un mondial si Nadal, touché à la cuisse, ne peut reprendre la compétition à temps. Il n'a plus été au sommet de la hiérarchie depuis la fin de l'été 2012.

Notre avis

D'abord, un souhait. Que cette finale en soit vraiment une, avec, si possible un vrai combat. Après le formidable duel entre Federer et Nadal ici-même au mois de janvier, le Grand Chelem 2017 avait offert trois finales insipides à Roland-Garros, Wimbledon et à l'US Open. Trois matches sans aucun intérêt, survolés par Nadal et Federer. En dépit de la portée historique des succès de l'Espagnol et du Suisse sur la terre battue parisienne et le gazon londonien, ces matches, ou plutôt non-matches, avaient fortement déçu. Espérons que la rencontre de dimanche soit plus proche de celle de l'an dernier à Melbourne que des trois purges qui ont suivi.
C'est là un espoir raisonnable, car si Federer part logiquement favori, à la fois pour le poids de leur passé commun comme de leurs récents états de service, Cilic a toutes les armes nécessaires pour lui opposer une vraie résistance. Le préalable indispensable (mais pas forcément suffisant) à une victoire du Croate sera évidemment l'efficacité de son service. Sans un pourcentage de premières balles très élevé, il aura du mal à s'en sortir. Il a affiché une attitude très volontaire et constamment positive, notamment face à Nadal, où il a constamment couru après le score jusqu'à la blessure du Majorquin. Il lui faudra conserver cette mentalité "agressive", dans le bon sens du terme.
Marin Cilic a déjà gagné un titre majeur. Il a déjà battu Federer. Il ne part donc pas totalement dans l'inconnue. Attention toutefois. Si son cavalier seul de Flushing avait à juste titre marqué les esprits, il s'agit jusqu'à preuve du contraire d'une exception, non d'une règle, dans l'histoire de leurs confrontations. Si le Suisse, qui n'a pas vraiment été testé dans ce tournoi, parvient à réciter sa partition sans fausse note, Cilic sera condamné à l'irrationnel, comme lors de cet US Open 2014. Il ne fait aucun doute que le Croate peut rivaliser. De là à gagner et priver le patron de la barre historique des vingt titres ? C'est là un pari audacieux, que nous ne sommes pas prêts à relever.
Notre pronostic : Victoire de Federer en quatre sets.
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Il y a un an, Federer retrouvait les sommets après une finale inoubliable contre Nadal

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