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Kristina Mladenovic, comment sortir de la crise ?

Cyril Morin

Publié 17/01/2018 à 17:51 GMT+1

OPEN D’AUSTRALIE - Empêtrée dans une série de défaites inquiétantes, Kristina Mladenovic arrive à Melbourne dans une spirale négative avant d'affronter Ana Bodgan. Sevrée de victoire depuis juillet 2017, la Française espère repartir de l’avant dans un tournoi qui ne lui a pas toujours réussi. Encore faut-il surmonter cette épreuve mentalement.

Kristina Mladenovic lors de son 1er tour à l'US Open.

Crédit: Getty Images

C’est le genre de chiffre qui donne la migraine. Du genre de celles qui ne disparaissent jamais. 14. 14, comme le nombre de défaites consécutives connues par Kristina Mladenovic. Une série infernale débutée en juillet dernier à Washington que la Française n’a pas encore réussi à briser.
Après s’être blessée au genou à Wimbledon, "Kiki" avait décidé d’enchaîner et de continuer à jouer avec des douleurs récurrentes. Et malgré une courte pause déclarée en octobre dernier, rien ne s’est arrangé. C’est même tout l’inverse. Des sorties de route au premier tour face à de jeunes inconnues parfois classées au-delà de la 100e place mondiale. Et une impression très claire : la Mladenovic de feu du printemps 2017 (quart à Roland, finales à Stuttgart, Madrid ou Acapulco et titre à Saint-Petersbourg) a laissé place à une joueuse instable, sans confiance ni repère.
Et, le poids des défaites étant toujours plus lourd à porter, la série s’étend. La confiance s’effrite. Et les victoires ne reviennent pas. Alors, que faire ? Thomas Sammut, préparateur mental du Cercle des Nageurs de Marseille et de l’OGC Nice est catégorique : il ne faut rien forcer. "Il ne faut pas vouloir rattraper le temps. Il ne faut pas vouloir sortir de cette zone d’échec le plus rapidement possible au risque d’y rester encore plus longtemps. Plus on veut se précipiter à sortir de cette spirale, moins on y arrive" explique-t-il.

Nouvelles méthodes, la solution ?

Pour le coach mental, qui a notamment accompagné Camille Lacourt lors de périodes de doutes, il faut aussi tirer du positif de ces moments compliqués. "Ces périodes de doutes, d’échec, n’arrivent pas de manière incongrue. C’est une période qui permet la remise en question, la réflexion propice à mettre en place des choses nouvelles" détaille-t-il.
Un conseil visiblement suivi à la lettre par la Française. Après avoir travaillé le foncier pendant que d’autres se reposaient d’une saison harassante, elle a décidé de s’entourer de Janko Tipsarevic, le joueur serbe. Pas vraiment un coach, davantage un conseiller comme elle l’expliquait à L’Equipeen décembre dernier : "Il ne me coache pas car il joue encore mais l'idée est d'avoir un conseiller, un œil extérieur. Pourquoi lui ? On a un peu le même profil, c'est un gros bosseur". Plus qu’un entraînement, c’est davantage des petits conseils à droite à gauche que l’ancien numéro 8 mondial peut lui prodiguer.
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Kristina Mladenovic au WTA Elite 2017

Crédit: Getty Images

Et puis, mine de rien, la nouvelle année est arrivée. Pour se débarrasser d’une spirale négative, toute nouvelle dynamique est bonne à prendre. "Même si c’est dans la continuité des défaites, mine de rien, ça marque une rupture" explique celui qui accompagne les Aiglons. Et là encore, Mladenovic ne disait pas autre chose.
Après sa 13e défaite, à Brisbane, elle avait demandé aux médias de tourner la page : "C'est du passé, je ne regarde pas du tout comme ça. Il y a eu un long break, la période foncière, je repars complètement de zéro. Les défaites d'avant sont effacées. C'est un truc que je vais demander : qu'on arrête de me parler de ça". Mais la 14e défaite est arrivée, sur un forfait face à la chaleur et les questions, évidemment, reviennent inlassablement.
Je n’espère pas pour elle de gagner des matches facilement
Pour autant, Mladenovic se sait en progrès. Ses matches, bien que décousus, sont bien plus consistants qu’à l’époque où elle prenait deux bulles face à Qiang Wang à Tokyo. Elle expliquait même avoir appris de cette période de doute : "Je n'en ai rien à faire du regard des autres et du jugement. J'avais envie de comprendre. On apprend plus de l'échec, j'ai appris sur mon mental, mon physique, ma santé, etc. Quand tu es en grande difficulté et que tu essaies d'y arriver, je suis sûre que ça te sert et que ça va faire monter mon niveau d'un cran" avancait-elle à L’Equipe.
Là encore, Thomas Sammut ne peut qu’acquiescer : "Gagner à nouveau, cela ne va pas se faire en claquant des doigts. Cela va se faire en serrant les dentes, les poings, en gagnant des matches à l’arrache pour qu’après on lance une nouvelle dynamique" avance-t-il.
D’ailleurs, si le préparateur mental a un espoir pour Mladenovic, c’est qu’elle s’en sorte avec les tripes. En galérant franchement même : "Je n’espère pas pour elle de gagner des matches facilement. Il faut repasser par des phases où cela va être à l’arrache. C’est là qu’on trouve en nous des ressources insoupçonnées et c’est ça qui donne après un élan supplémentaire".
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Kristina Mladenovic

Crédit: Getty Images

La peur de gagner existe-elle ?

Mais reste le moment fatidique à passer : conclure. Tous ceux qui ont pratiqué un sport individuel le savent : tout est dans la tête. Surtout au tennis. Et, quand on est en passe de gagner, le bras peut se tendre. Surtout si on a perdu l’habitude.
"Quand on aura le match en notre faveur, évidemment il y aura de la crispation car notre cerveau va automatiquement nous remémorer tous ces moments où cela a été pénible pour nous. A ce moment-là, la main, le bras a plus de chance de trembler. Mais il faut aussi passer par là pour sortir de cette zone" détaille notre coach mental. Et finalement, c’est aussi là la marque des champions.
À Melbourne, Mladenovic voudra prouver qu’elle fait partie de cette trempe-là. Qu’une série de défaite n’annule pas un potentiel mais permet, parfois, de le sublimer. Et la meilleure des réponses serait limpide pour elle : passer ce 1er tour qui s’était refusé à elle la saison passée. Et enfin lancer sa saison 2018. Histoire de mettre 2017 définitivement dans le rétroviseur.
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Kristina Mladenovic au Masters bis de Zhuhai, le 1er novembre 2017.

Crédit: Getty Images

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