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Australien Open - L'antisèche : Medvedev trop fort pour Tsitsipas, et pas assez fragile pour se battre lui-même

Laurent Vergne

Mis à jour 28/01/2022 à 15:11 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Vainqueur en quatre sets de Stefanos Tsitsipas (7-6, 4-6, 6-4, 6-1), Daniil Medvedev s'est qualifié pour sa 4e finale de Grand Chelem. Il était globalement au-dessus de son adversaire, sevré d'armes pour le contrer durablement. En réalité, Medvedev était son principal ennemi vendredi. Parfois proche de l'autodestruction, il a heureusement su ne pas aller trop loin.

Medvedev se défoule sur l'arbitre : "Regarde-moi ! Je te parle ! Tu es tellement mauvais !"

Le pourquoi du comment

Stefanos Tsitsipas avait remporté deux des trois derniers matches entre les deux hommes, mais dans des circonstances particulières, à Roland-Garros sur terre battue l'an passé, et lors du Masters 2019, où Daniil Medvedev était arrivé totalement rincé. Dans des conditions plus "normales", le Grec, désormais mené 7-2 dans leurs duels directs, fait face à une équation très complexe à résoudre dans la filière de jeu qu'impose cette opposition de styles.
Vendredi, cette demi-finale a proposé une grande qualité de tennis, mais tactiquement, mentalement et, in fine, physiquement en dépit de son combat de 4h42 mercredi face à Félix Auger-Aliassime, Medvedev était au-dessus. Pourtant, Tsitsipas n'a pas grand-chose à se reprocher. Il s'est montré agressif, cherchant des zones de jeu à haut risques à l'échange. Il n'avait pas le choix, mais Medvedev lui impose presque constamment, sinon de surjouer, en tout cas de jouer à la limite.
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Avant de crier sa rage à l'arbitre, Medvedev avait bazardé un jeu de service

Si le numéro 2 mondial n'avait pas activé le mode "autodestructeur" en plusieurs occasions, il aurait même pu, et peut-être dû, s'imposer plus nettement encore. C'est lui qui a relancé son adversaire avec deux jeux de service proches du film d'horreur dans le deuxième set. Il avait pu effacer le break concédé d'entrée de manche, mais pas le deuxième, lâché à 4-4. Presque autant que contre Tsitsipas, Medvedev a dû lutter contre ses démons et ses frustrations. La manière dont il s'est déchaîné contre l'arbitre à la fin du 2e set en est le révélateur. Sa tirade, dépassant les bornes sur la forme, aurait pu lui coûter cher et, si le Moscovite assure beaucoup travailler sur le sujet, il a visiblement encore beaucoup de progrès à faire.
Mais sa grande force, c'est de ne pas sombrer dans ces cas-là, de ne pas aller au bout de ce processus potentiellement autodestructeur. Une fois ses esprits repris, Medvedev est redevenu celui qu'il était : le plus fort des deux joueurs présents sur le court vendredi soir. Cette demi-finale témoigne aussi bien des fragilités qui sont encore parfois les siennes que de la force, immense, qui l'habite désormais et qui n'appartient qu'à ceux qui sont déjà passés par là. Là, c'est une victoire en Grand Chelem.
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Henin : "Sur le fond, Medvedev n’a peut-être pas tort... sur la manière, c’est intolérable"

Le moment-clé

Un set partout. 5-4 Medvedev. Pas de break. Au bord de l'implosion en début de manche après sa violente diatribe contre Jaume Campistol, le protégé de Gilles Cervara s'est calmé. A ce moment-là, tout semble encore possible en théorie et cette demi-finale semble presque traverser un moment de calme.
Puis le vainqueur du dernier US Open place un gros coup d'accélérateur. Deux revers gagnants. Derrière, sous pression, Stefanos Tsitsipas va craquer pour céder son service, le set et, en réalité le match. Dans ce bras de fer, le Grec aura tenu deux sets et demi, avant de lâcher prise d'une manière brutale, puisqu'il aura perdu huit des neuf derniers jeux. Comme un K.-O. qu'il n'aurait pas vu venir. Ce sont ceux qui font le plus mal.
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Medvedev est redevenu froid comme la glace pour porter l'estocade

La stat : 67

Stefanos Tsitsipas a remporté 67% des points derrière sa première balle. A titre de comparaison, face à Jannik Sinner et Taylor Fritz lors de ses deux précédents matches, il était à 79%. Contre Benoît Paire au tour d'avant ? 89%. Mais face à un relanceur du calibre de Medvedev, cette arme n'a pas été fatale et l'Athénien a été contraint d'engager l'échange plus souvent qu'il ne l'aurait souhaité. Le Russe, lui, a affiché un taux de réussite de... 86% sur son premier service. Il a même été plus efficace sur sa seconde balle (72%) que Tsitsipas sur sa première.

La décla : Daniil Medvedev

Au micro de Jim Courier sur le court, après la rencontre, au sujet de l'incident avec l'arbitre : "Je ne pense pas que ce type d'émotions soient bonnes. Ça me fait perdre de l'énergie alors je me suis tout de suite dit que ce n'était pas bien. Je me suis dit que le match était quand même important et que je devais me reprendre".
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Medvedev, libéré après avoir hurlé sur l'arbitre ? "Je ne crois pas que ça m'a aidé…"

La question : Medvedev sera-t-il encore l'arme anti 21 ?

Décidément... Il y a quatre mois et demi, Daniil Medvedev affrontait Novak Djokovic en finale de l'US Open. En jeu, côté serbe, le Grand Chelem, le "vrai", mais aussi un 21e titre majeur, synonyme de record absolu pour se téléporter devant ses deux rivaux à l'échelle de l'histoire, Rafael Nadal et Roger Federer. Enseveli sous le poids de l'enjeu il est vrai hors normes, le "Djoker" avait pris trois sets. Sa défaite, mais aussi la victoire d'un Medvedev impérial.
Dimanche, rebelote. Sans l'enjeu du Grand Chelem, évidemment. Mais il sera toujours question d'une 21e couronne majuscule. L'adversaire, en revanche, n'est plus le même. Si Novak Djokovic n'avait pas été interdit de territoire en Australie, peut-être est-ce à nouveau lui qui se dresserait en face du Russe pour retenter sa chance dans l'optique du nombre 21. On ne le saura jamais, et ce n'est pas le problème de Daniil Medvedev, pas plus que celui de l'autre légende qu'il aura en face de lui sur la Rod Laver Arena, Rafael Nadal.
L'énorme différence réside sans doute dans l'état d'esprit des protagonistes. Nadal traverse cet Open d'Australie aussi décontracté que Djokovic a pu vivre son US Open des nœuds dans l'estomac et dans la tête. Bien sûr, le Majorquin joue pour le record, mais vu où il était il y a encore quelques semaines, ne pas soulever le trophée Norman Brooks pourra difficilement être considéré comme le grand drame de sa carrière. Pour Medvedev aussi, la donne a changé. Depuis cette fameuse finale de Flushing, il s'est délesté d'un poids en entrant dans le cercle des vainqueurs en Grand Chelem.
Alors, qui sait, peut-être sera-t-il davantage question de jeu que d'enjeu, dimanche ? Leur première finale majuscule, à l'US Open, en 2019, avait offert un spectacle magnifique et un scénario grandiose. On ne demande pas mieux qu'un match du même acabit dimanche. S'il y a bien quelqu'un dans ce tableau capable de priver le survivant Nadal du gros lot, c'est Medvedev. Mais l'inverse est tout aussi vrai. C'est bien pour cela que Melbourne tient sa finale idéale.
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Rafael Nadal et Daniil Medvedev lors de la finale de l'US Open 2019.

Crédit: Eurosport

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