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Finale de l'Open d'Australie - L'antisèche : Djokovic a créé un monstre

Laurent Vergne

Mis à jour 29/01/2023 à 14:47 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Trop solide, trop fort, trop tout. Novak Djokovic était au-dessus de Stefanos Tsitsipas dimanche en finale. Il a survolé ce dernier match comme il a survolé le tournoi. A plus de 35 ans, il affole encore et toujours les compteurs. Son palmarès est tout simplement sidérant. Et ce n'est sans doute pas fini, tant son emprise sur le circuit est forte ces derniers mois.

Tsitsipas n'a rien pu faire en finale : Djokovic était encore le plus fort

Le pourquoi du comment

Ce ne fut pas la finale espérée, mais celle qu'on pouvait redouter. Non pas quant à son issue, mais dans son déroulement. Cet Open d'Australie 2023 a considérablement manqué de souffle dans le tableau masculin mais le bouquet final de ce feu d'artifice un peu tristounet aura ressemblé au reste du tournoi : à un pétard mouillé.
Comme face à Dimitrov, De Minaur, Rublev et Paul, Novak Djokovic a appliqué son tarif maison dans son antre de la Rod Laver Arena. Trois sets zéro, au revoir et merci. Soyons justes avec Stefanos Tsitsipas, s'il a pris 3-0 comme les autres, il n'y avait pas la même différence que lors des tours précédents. En termes de niveau de jeu, il a davantage rivalisé et il n'y a pas photo. Après un premier set rapidement plié, il y a eu match dans les deux manches suivantes, achevées au tie-break.
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Novak Djokovic n'a pratiquement jamais tremblé dans cette finale.

Crédit: Getty Images

Mais soyons durs, aussi, avec le Grec. L'intérêt de cette finale tenait à sa capacité à capitaliser sur ses occasions. On les pressentait rares et elles l'ont été. Mais elles ont existé. Cette balle de set à 5-4 dans la deuxième manche a pesé lourd (voir ci-dessous). Il donnait alors une réplique solide au maître des lieux. Mieux, il semblait légèrement au-dessus et ce n'est pas un hasard si Djokovic a montré de grands signes d'agacement dans ce deuxième acte. Il le savait, tout se jouait là.
Stefanos Tsitsipas n'a pas davantage su profiter de son break d'entrée de troisième set, profitant du seul vrai mauvais jeu de service du "Djoker". Il a été débreaké dans la foulée. Pour résumer, Djokovic a légèrement dominé Tsitsipas dans le jeu, mais il l'a totalement écrasé psychologiquement dans les moments importants, ceux où ce que chacun possède dans la raquette ne suffit pas. Il y avait deux grands joueurs sur le court dimanche, mais un seul grand champion.

Le moment-clé

La fin du 2e set. Une manche où Tsitsipas est apparu très légèrement au-dessus de son adversaire. La tension est montée, Djokovic s'est beaucoup agacé, sans doute parce qu'il sentait la menace se préciser. Après deux jeux de service où il a été mené 15-30, à 5-4 Tsitsipas, le Serbe a fait face à sa première balle de break du match, sous la forme d'une balle de set.
Stefanos Tsitsipas tenait presque ce set dans sa raquette, d'autant que l'échange s'est engagé. Mais il s'est montré trop neutre, trop tendre, a joué trop court et le "Djoker" a fini par le punir pour sauver cette balle de set, gagner son jeu de service avant de s'imposer 7-4 dans le tie-break. C'était LA chance du Grec de changer le cours de cette finale. Elle n'allait jamais repasser.
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Occasion en or, occasion ratée : le moment où Tsitsipas a failli prendre un set à Djokovic

L'image de la finale

Le moment le plus fort, le plus prenant et le plus émouvant est donc survenu... après le match. Après une réaction plutôt neutre sur la balle de titre, Novak Djokovic a ouvert les vannes de l'émotion en s'effondrant en larmes pendant de longues minutes, d'abord avec son clan, puis seul sur sa chaise. Un vrai beau moment.
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Le poids de l'émotion : Djokovic s'écroule en larmes une fois son 10e Open d'Australie en poche

La stat : 1

Novak Djokovic n'a perdu qu'un seul set au cours de cette quinzaine australienne. S'il n'a jamais gagné de tournoi du Grand Chelem sans perdre un set, contrairement à Rafael Nadal ou Roger Federer, ce fut peut-être sa démonstration la plus probante à Melbourne, ce qui n'est pas peu dire. Bravo au Français Enzo Couacaud, qui a réussi à ne pas être fanny au deuxième tour en arrachant la deuxième manche au jeu décisif.
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Sans complexe, Couacaud égalise à un set partout : revivez la fin du jeu décisif face à Djokovic

La décla : Stefanos Tsitsipas

"Novak, je ne sais pas quoi dire. Je pense que ta victoire parle d'elle-même avec ce que tu as accompli jusqu'à présent. Tout est dans les chiffres, alors félicitations. Non seulement à toi, mais aussi à ta famille qui te soutient. Ce fut un parcours incroyable pour vous et j'admire ce que tu as fait pour notre sport. Tu es le plus grand."
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Tsitsipas à Djokovic : "J'admire ce que tu es pour notre sport, tu es le plus grand"

La question : Djokovic va-t-il écraser la saison ?

Il a en tout cas écrasé le début de saison en bouclant ce mois de janvier invaincu : un titre à Adélaïde pour se chauffer avant, bien sûr, le morceau de choix à l'Open d'Australie. Une entame parfaite, qui fait suite à une seconde moitié de saison 2022 déjà remarquable avec des titres à Wimbledon ou au Masters et une seule petite défaite après Roland-Garros. Depuis ce quart de finale perdu contre Nadal sur le Chatrier, Djokovic reste sur 37 victoires en 38 matches.
A cheval sur deux saisons, le Serbe est donc au-dessus du lot et il n'y a aucune raison de penser que cette tendance ne sera pas durable. Physiquement, il est toujours au top et sa saison 2022 saucissonnée par des absences forcées en raison de son statut vaccinal a peut-être été un mal pour un bien sur ce plan. Lui pète le feu et comme il conserve un appétit de victoires toujours aussi aiguisé, la concurrence a du souci à se faire.
Il faudra vraiment que ses principaux rivaux retrouvent des couleurs, sans quoi un cavalier seul du "Djoker" deviendra une hypothèse tout à fait crédible. On pense notamment à la saison sur terre battue au printemps. A Rafael Nadal et Carlos Alcaraz, notamment. Si les deux Espagnols ne mettent pas très vite de côté leurs problèmes physiques, Djokovic pourrait dominer la terre comme il domine le monde.
2023 s'éveille à peine mais ce sera peut-être l'année où "Nole" étend encore un peu plus sa collection de records et d'accomplissements. Le record de titres en Grand Chelem pour lui tout seul ? Fort possible. Probable, même. Les 100 titres en carrière ? Pourquoi pas. Il était à 91 fin 2022. Il lui en fallait donc neuf, il n'en manque plus que sept. Même s'il subsiste une forte incertitude sur sa capacité à s'aligner sur les tournois américains, rien ne semble impossible. Parce qu'il est monstrueux, et parce que la concurrence se traîne un peu.
En 2008, après son élimination en demi-finale de l'Open d'Australie contre... Novak Djokovic, alors qu'il avait disputé 10 finales majeures de suite, Roger Federer avait soufflé une phrase devenue célèbre : "J'ai créé un monstre." Djokovic en a créé un autre. Et le reste du monde peine à le combattre.
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Djokovic : "Ne laissez personne voler vos rêves"

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