Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Open d'Australie : Stefanos Tsitsipas a-t-il vraiment progressé ?

Maxime Battistella

Mis à jour 02/02/2023 à 09:19 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Stefanos Tsitsipas a lancé sa saison 2023 sur une note positive en atteignant sa deuxième finale de Grand Chelem. Mais si le Grec a indéniablement retrouvé une certaine fraîcheur mentale et de l'énergie, sa prestation face à Novak Djokovic dimanche dernier a mis en évidence quelques failles encore trop importantes pour considérer qu'il a pris une dimension totalement différente.

Stefanos Tsitsipas à l'Open d'Australie en 2023

Crédit: Getty Images

"C’est un pas en avant." Par ces mots simples, Stefanos Tsitsipas a fait dimanche un bilan positif de son tout début de saison 2023. Et pour cause, avant que Novak Djokovic ne mette fin à ses espoirs de coup double – premier titre en Grand Chelem et place de numéro 1 mondial –, le Grec avait gagné ses 10 premiers matches de la saison. Une dynamique positive perceptible au-delà des chiffres sur le court où le désormais numéro 3 mondial a eu des airs de conquérant. Détermination, jeu vers l'avant et un certain panache ont ainsi caractérisé sa quinzaine.
De ce côté-là, le contraste avec sa seconde partie de saison 2022 est net. Pour rappel, Tsitsipas restait sur deux résultats très en deçà des attentes liées à son statut en Grand Chelem : d'abord une défaite au 3e tour à Wimbledon – même si le potentiel de son bourreau Nick Kyrgios tend à relativiser la contre-performance – et surtout une piteuse élimination dès le 1er tour de l'US Open contre le modeste Colombien Daniel Elahi Galan (alors 94e joueur mondial). A Melbourne, il a donc redressé la barre de manière spectaculaire.

Une réaction mentale spectaculaire par rapport à 2022

De quoi lui donner de l'espoir pour la suite. "J’ai hâte d’engranger plus de points pendant cette saison, d’obtenir de meilleurs résultats et de me battre pour des trophées importants. J’apprécie beaucoup ma manière de jouer, mon attitude sur le court, ma stabilité sur le plan mental et mon niveau de concentration", a-t-il renchéri dimanche. Le Grec n'a pas tort : plus calme, capable de tourner bien plus vite la page d'un point à un autre, il est apparu de nouveau apte à relever le bras de fer psychologique au plus haut niveau.
picture

Djokovic trop humain, Tsitsipas pas assez bon ? "Djoko avait toujours réponse à tout"

Représentant de l'ancienne "Next Gen", Tsitsipas a envoyé un message clair en résistant à la remontée de Jannik Sinner contre lequel il a sauvé de très nombreuses balles de break. Il est bien décidé à ne pas se laisser à nouveau déborder par la génération qui le suit, comme ce fut trop souvent le cas l'an dernier. De ce point de vue, ses progrès en quelques semaines sautent aux yeux. Mais ils ne disent pas tout de ses performances.
Certes, Tsitsipas a rejoué une finale de Grand Chelem pour la première fois depuis près de deux ans, et il ne s'agit pas de le lui enlever. Il n'a pour autant pas réalisé d'exploit notable pour y parvenir, comme ce fut le cas quand il avait remonté deux sets à Rafael Nadal en quart de finale en 2021. Le Grec n'a battu que des joueurs qu'il était censé battre, son mérite principal aura été d'assumer son statut, ce que peu de ses collègues du Top 10 ont été capables de faire, il faut bien le reconnaître.

Pas (encore ?) plus fort qu'en 2021

Un autre constat s'impose : à Melbourne, il n'a jamais entrevu le titre aussi clairement qu'à Roland-Garros il y a près de deux ans. A l'époque, il ne lui avait manqué qu'un set face au même adversaire. Est-ce à dire que l'écart s'est même encore creusé avec Novak Djokovic ? En toute honnêteté, affronter le Serbe sur la terre battue parisienne ne représente pas le même défi que dans son jardin australien où il a conquis une decima ahurissante et n'a toujours pas perdu en finale.
picture

Tsitsipas n'a rien pu faire en finale : Djokovic était encore le plus fort

Il n'en reste pas moins que Tsitsipas lui-même a avoué avoir "pris une fessée" dont il a dit vouloir tirer les leçons. L'observation est lucide, mais on peut aussi se demander si l'espoir n'est pas un peu vain. Si l'on s'en tient aux cruelles statistiques, l'intéressé en est désormais à 10 défaites consécutives face à l'ogre serbe qu'il n'a plus battu depuis un quart de finale à Shanghaï en 2019. Il ne semble donc pas avoir beaucoup appris.
Rien ne nous permet de dire que le Tsitsipas version 2023 est meilleur que celui de 2021. Mais peut-être est-ce aussi parce qu'il est encore en phase de transition. Ces derniers mois, il s'est remis en question en essayant de rendre son tennis plus agressif. Il sert à nouveau très bien, prend la balle plus tôt et conclut ainsi plus souvent les points au filet. Il a aussi ajouté un slice de revers à sa panoplie, ce qui lui permet de varier davantage à l'échange et de se rendre plus imprévisible.

Nouvelles armes à assimiler et hésitation tactique

Mais sa réussite varie encore suivant les adversaires. Contre Djokovic dimanche, son coup droit a déraillé et il n'a jamais trouvé le bon dosage dans les moments très chauds, se montrant fébrile au filet. Son revers slicé était également apparu bien trop flottant contre un Jiri Lehecka ou un Karen Khachanov. Tsitsipas ne maîtrise pas à 100 % ses nouvelles armes et il le doit en partie à certaines hésitations sur le plan tactique. Il avait lui-même reconnu avoir été trop passif au moment de conclure dans le 3e set de sa demi-finale. Ce fut aussi le cas sur cette fameuse balle de 2e manche en finale quand il n'avait pas su exploiter une seconde balle à 128 km/h de Djokovic.
picture

Occasion en or, occasion ratée : le moment où Tsitsipas a failli prendre un set à Djokovic

Doit-il cette frilosité à une certaine confusion dans les messages qui lui parviennent des tribunes ? Écoute-t-il encore en priorité son père Apostolos – toujours très agité – ou s'en remet-il davantage au plus flegmatique Mark Philippoussis ? "Sa famille est si investie dans sa carrière et ses succès. Ils veulent tellement pour lui, ils veulent l'aider mais ils ne lui font que du mal. Et ça compromet ses chances de jouer du bon tennis", estimait d'ailleurs lors du dernier Masters Jim Courier, témoin des tensions entre Tsitsipas et son clan.
La situation s'est calmée depuis. Et Tsitsipas est plus serein, indéniablement. Pour digérer définitivement ses progrès récents, mieux vaudrait toutefois ne pas rester dans cet entre-deux. Car si le Grec est aussi au point tactiquement qu'il l'était mentalement lors de cet Open d'Australie, alors il pourrait bien définitivement reprendre sa marche en avant. Vers des sommets qu'il n'a pas encore atteints.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité