Open d'Australie 2024 | Cori Gauff, la fin de l'innocence

Cori Gauff n'enchaînera pas un deuxième titre du Grand Chelem consécutif. Titrée à l'US Open en septembre dernier, elle devait, comme d'autres, attendre de voir comment elle allait aborder le Majeur suivant, comment elle affronterait les premières difficultés. D'autres avant elle ont mis du temps à digérer un premier sacre suprême. En perdant en demi-finale ce vendredi face à Aryna Sabalenka, Gauff a répondu aux attentes. Déçue, elle l'est évidemment mais il n'y a pas que du négatif dans ce dernier Grand Chelem avant ses 20 ans.

Clin d'œil de l'histoire, le tirage au sort avait mis sur sa route celle qu'elle avait battue en finale de l'US Open. Aux États-Unis, Gauff avait gagné. En Australie, elle a perdu. Et pourtant… "À l'US Open, ça n'avait pas été un grand match pour moi. Oui, j'ai gagné mais je pense que j'ai mieux joué ce soir." Il lui a manqué de convertir les quelques occasions qu'elle s'est procurées. De mieux tenir son coup droit qui faiblit parfois et de mieux servir en deuxième balle pour éviter de subir les retours agressifs au possible de Sabalenka.

Ces faiblesses, Gauff les connaît et elle va continuer à travailler dessus. Pour que l'US Open 2023 ne soit pas sans lendemain. Que sa quatrième place mondiale soit le témoin de sa capacité à franchir cette dernière marche. Présente sur le circuit depuis bientôt cinq ans, "Coco" souffre du syndrome de celle que l'on vieillit un peu trop vite. Après sa défaite face à Sabalenka, elle a néanmoins été invitée à se retourner sur ses performances sur le circuit depuis son premier Grand Chelem, à Wimbledon 2019.

"Je pense que globalement c'était évidemment une période de succès", résume-t-elle. Sept titres dont un en Grand Chelem, une seule finale perdue, à Roland-Garros 2022 face à Iga Swiatek, et le sentiment qu'elle fait partie d'un Big 4 qui se dessine avec la Polonaise, Elena Rybakina et Aryna Sabalenka, sont en effet "une période de succès". "Oui, j'ai tendance à être dure avec moi-même", sourit-elle.

Ce vendredi, elle a manqué l'occasion de remporter, déjà, un 50e match de Grand Chelem avant ses 20 ans et de rejoindre une certaine Jennifer Capriati. Sa défaite la laisse à 49 et au niveau de… Serena Williams. On a fait pire comme compagnie et d'ailleurs la légende américaine comptait elle aussi un Grand Chelem avant ses 20 printemps (l'US Open 1999) puis en a décroché 22 autres.

"J'ai vu cette statistique, assurait Gauff ce vendredi à Melbourne. J'ai vu ça et ça m'a fait me sentir… je ne sais pas, j'ai juste l'impression de voir le verre à moitié vide, donc je suis négative. Puis j'ai regardé cette statistique et je me suis dit qu'elles avaient eu de grandes carrières. Alors je me dis que je suis dans la bonne direction. Je dois juste me rappeler le chemin parcouru et ne pas trop penser à l'instant présent."

Le présent la renvoie à la déception du jour mais se retourner un peu fait rarement de mal : "Je suis vraiment fière de moi. Je voulais gagner un Grand Chelem quand j'étais adolescente, et c'est ce que j'ai fait." Désormais, Cori Gauff va ouvrir un nouveau chapitre de sa carrière. Celui où toute l'expérience acquise doit lui permettre de grimper plus haut encore. Où l'on comprend plus de choses et où l'on est capable de mieux. Tout ceci s'accompagnera d'une plus grande exigence mais Coco est prête.