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Rafael Nadal est peut-être fini, mais il reviendra quand même

Laurent Vergne

Mis à jour 18/11/2022 à 10:21 GMT+1

ATP FINALS - Vainqueur de Casper Ruud jeudi (7-5, 7-5) Rafael Nadal quitte Turin sur une bonne note. Reste que, depuis sa blessure à Wimbledon, il n'a été que l'ombre de lui-même. Il n'en fallait pas plus pour que la petite musique l'expédiant à la casse ne refasse surface. Alors, Nadal est-il "fini" ? Le mieux est encore de lui foutre la paix et d'attendre sa réponse sur le court en 2023.

Du spectacle et une victoire pour l'honneur : comment Nadal a (bien) conclu sa saison

On n'ira pas jusqu'à dire que Rafael Nadal a sauvé l'honneur puisqu'il n'y avait rien à sauver ni à laver. Mais si elle ne change rien à son destin dans ce Masters, la victoire de l'Espagnol contre Casper Ruud, jeudi, lui permet au moins de tourner le dos à cette saison 2022 d'abord faramineuse puis anémique sur une note positive. Inutile d'extrapoler davantage sur le sens d'un succès dans un match entre un joueur déjà qualifié et un autre déjà éliminé. Question enjeu, c'était une des rencontres les plus anecdotiques de l'année.
Au moins a-t-on pu voir que Rafael Nadal savait encore jouer au tennis, ce qui, à lire ou écouter certains spécialistes et moins spécialistes, n'était plus vraiment évident. Une, deux, trois et même quatre défaites de suite, soit sa pire série depuis l'adolescence. Quatre petits succès en cinq matches depuis Wimbledon. Il n'en a pas fallu davantage pour que le petit refrain bien connu soit à nouveau entonné : Il est fini, le Rafa. Cuit. Rincé. Plus d'avenir. Il appartient au passé.
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L'impuissance de Nadal, la sérénité d'Auger-Aliassime : le résumé du match

C'est loin d'être la première fois que la chanson est reprise à tue-tête. Pour ne citer qu'un exemple le concernant, ce fut un festival de jugements définitifs en 2015, sa "pire" saison depuis des lustres. Pas une seule demi-finale en Grand Chelem. Une fin de règne à Roland-Garros alors qu'il était quintuple vainqueur sortant. Une défaite à l'US Open contre Fabio Fognini en ayant mené deux sets à rien, du jamais vu pour lui. Trois titres "mineurs", pour lui en tout cas, un 500 et deux 250. C'était promis, craché, juré, jamais on ne reverrait Nadal au sommet du tennis mondial. On connaît la suite.
Il était tout aussi fini voilà un an, puisqu'il avait passé le second semestre 2021 à l'infirmerie. Comme, en prime, le Majorquin avait été dominé par Djokovic à Roland-Garros, il n'était plus le roi de rien, pas même de la terre. Là encore, on connaît la suite. Puis rebelote en cette fin d'année 2022. Et ça continue, encore et encore...
Objectivement, Rafael Nadal traverse une passe difficile. Oui, son niveau de jeu ces dernières semaines est problématique. A Bercy, face à Tommy Paul, on l'a même vu afficher des signes de découragement en fin de rencontre. Il ne prenait même plus la peine d'empiler tous ses tics avant chaque point. Comme si, dans sa tête, un ressort s'était cassé. Ce serait le pire signe : que l'envie l'abandonne. Peut-être son corps finira-t-il par lui imposer la date de son départ, à l'image de son vieux compère Federer, mais on le croyait à l'abri d'une démotivation fatale. A ce titre, ce qu'il a montré et dit à Turin lors du Masters est rassurant. Il s'y est montré volontaire, même si cela n'a pas suffi. En dehors du court, il a répété à quel point il était déterminé à tout faire pour retrouver son meilleur tennis.
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Et Nadal s'est écroulé... Le résumé de sa défaite contre Paul

Il a 36 ans bien tassés. Compte tenu de ce que son corps a enduré depuis deux décennies, chaque période un peu sombre menace d'être la dernière. S'interroger, quoi de plus normal. Mais peut-on au moins lui faire crédit de ce qu'il est ? Un champion d'une nature différente, habitué à tout surmonter. A minima, le parcours de Nadal, revenu tant et tant de fois d'entre les morts, devrait inciter à la modestie et la prudence.
Au fond, de quoi cet empressement, presque cette obsession du déclin (mille fois) annoncé est-il le nom ? D'un curieux désir de tenir le rôle de la juste Cassandre qui finira par avoir raison, pour pouvoir dire, le Jour J, "Vous voyez, je vous l'avais dit" ? Mais quoi qu'il advienne, ceux qui s'imaginent pertinent en portant la vérité sous le bras auront eu tort de croire une telle chose.
Rafael Nadal ne nous doit rien. Il ne nous écoute pas et peut-être a-t-il encore quelque chose à dire raquette en main. Après tout, dans cette saison qui s'achève, il a remporté deux titres du Grand Chelem et son dernier Roland-Garros en date ne remonte qu'à cinq petits mois. Mais tout ça est déjà oublié. Pensez donc, c'était il y a cinq mois ! Cinq mois, c'est un siècle dans cette ère du poisson rouge où la vérité du jour peut devenir préhistorique le lendemain à coups de certitudes assénées, peu importe si elles balaient celles de la veille. Le poisson rouge, par définition, se moque de ses propres contradictions qui n'en sont pas à ses yeux. Puisque Nadal n'y arrive pas en ce moment, c'est qu'il n'y arrivera plus jamais.
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"La tête de Nadal n'était pas sur le court, mais peut-être encore sur ses douleurs"

Dans ce Roland-Garros 2022, son dernier titre du Grand Chelem (en date, pas forcément le dernier dans l'absolu...) il a au passage battu en quarts de finale son plus grand rival et tenant du titre à Paris, Novak Djokovic. Ceci étant dit pour tordre le cou au procès en légitimité, autre mal de l'époque, après la quête de son 21e Majeur en janvier à l'Open d'Australie où Djokovic n'avait pu s'aligner pour les raisons que chacun sait. Des procès en illégitimité à Nadal, cela aussi, il fallait l'oser. Mais le poisson rouge ose tout, c'est (aussi) à ça qu'on le reconnaît.
L'an prochain, Rafael Nadal reviendra au sommet. Ou pas. Lui seul a la réponse. Ni vous, ni moi. Même chose pour Federer en 2013 (souvenez-vous, lui aussi aurait mieux fait de prendre sa retraite à l'époque) ou Djokovic lorsqu'il était en quête de lui-même entre Roland-Garros 2016 et Wimbledon 2018). Même un été austral peu convaincant en janvier ne suffirait pas à entériner l'extinction du champion espagnol. S'il ne met plus un pied devant l'autre sur terre battue au printemps, il sera temps d'en reparler. Mais nous n'en sommes pas là. L'automne en indoor n'a jamais été son truc même si, convenons-en, on l'y a déjà vu plus convaincant.
En choisissant de l'enterrer sur la foi d'un seul trimestre, les "sachants" prennent le risque d'être tournés en ridicule par un champion dont la grandeur est inversement proportionnelle à leur jugement. Une fois de plus. Pas sûr que ça les arrête pour autant.
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Rafael Nadal a bouclé sa saison 2022 sur une victoire.

Crédit: Getty Images

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