Richard Gasquet, l'homme qui voulait du bien à Nick Kyrgios

Ces deux-là pourraient partir en vacances ensemble. Richard Gasquet et Nick Kyrgios seront adversaires lors du troisième tour de Roland-Garros vendredi, mais sont déjà impatients de croiser leur route dans ce tournoi du Grand Chelem. Cela tombe bien, les spectateurs ne le sont pas moins, ce match étant l’une des affiches les plus attendues de la première semaine parisienne. Six rencontres ont déjà eu lieu entre eux depuis leur première rencontre en 2014. Avec des moments "mémorables", si on les écoute.

"Je dois être le type qui le joue le plus souvent, c’est assez surprenant, s’étonne le Biterrois. J’aime bien jouer contre lui. On s’est affronté pas mal de fois déjà alors qu’il est assez jeune (21 ans, NDLR) et qu’il est sur le circuit depuis deux, trois ans seulement. A chaque fois, ça donne des matches assez fous. Notamment lorsque l’on s’est affrontés à Wimbledon. J’ai toujours bien joué contre lui, j’ai toujours remporté mes matches… j’espère qu’il en sera de même vendredi."

A ne garder que les bons souvenirs, le Français en élude les deux défaites qu’il a subies face à l’Australien. Si la deuxième n’avait pas grand-chose de mémorable (6-0, 6-4 à Marseille cette saison), la première avait été épique. Au 2e tour de Wimbledon il y a deux ans, le Français menait deux sets à zéro avant de s’incliner en cinq manches… en ratant la bagatelle de neuf balles de match dans le dernier acte, perdu 10-8. Ce qui aurait pu être une énième frustration pour Gasquet s’est transformée en une pièce rendue l’année d’après, en huitième de finale du même tournoi du Grand Chelem, où cette fois trois balles de match ont été nécessaires pour éliminer l’Australien. Cela aurait pu laisser un goût amer. Eux, cela les a visiblement rapprochés.

De ces onze balles de match ratées (ou sauvées, c’est selon) en deux matches de tournoi majeur, Gasquet et Kyrgios en sourient volontiers. "Pour être honnête, plusieurs de mes matches préférés l’ont été contre lui, souligne l’Aussie. A chaque fois qu’on a joué l’un contre l’autre, à Wimbledon, ça a été un beau combat. Je ne peux pas l’oublier car cela a lancé ma carrière." En 2014, il s’est révélé sur le gazon londonien alors qu’il était 144e mondial. Dans la foulée de son incroyable victoire sur Gasquet, il a confirmé son talent en dominant Rafael Nadal, alors numéro un mondial, deux matches plus tard.

Aujourd’hui, Kyrgios connaît le meilleur classement de sa carrière (19e) et est le plus jeune joueur du Top 20 mondial. Depuis ce coup d’éclat, il est devenu un client, comme on dit, sur le circuit, un espoir incontestable du tennis mondial, un prétendant au Top 5 dans les années à venir. Mais c’est aussi une tête de cochon et un provocateur de première classe, comme le circuit en a connu autrefois et qui se font tout de même de plus en plus rares. "C’est une grosse personnalité, préfère retenir Gasquet. C’est bien pour le jeu d’avoir des joueurs comme lui qui arrivent. En dehors, il est très respectueux. Sur le court, à chaque fois, cela s’est très bien passé avec moi. C’est une chance de l’avoir."

Beaucoup de joueurs n’ont pas la même vision que lui. Demandez à Stan Wawrinka, pris à parti par l’Australien lors du Masters 1000 de Montréal l’an passé. Ou encore à Novak Djokovic, pointé du doigt par l’Australien il y a quelques jours pour n’avoir eu aucune sanction après avoir poussé un arbitre avec son bras lors d’une contestation d’une trace de balle à Rome. A Kyrgios, on ne lui passe rien. Son avertissement reçu il y a quelques jours au premier tour de Roland-Garros, pour avoir hurlé sur un ramasseur de balles, est le dernier exemple en date. Et la liste des réprimandes sur les réseaux sociaux s’allonge de plus en plus.

Face à Richard Gasquet, il n’aura sans doute pas le soutien du public. Même si le Français part quand même avec une longueur d’avance sur son adversaire, le match devrait quand même être accroché, les deux hommes le parient d’ailleurs volontiers. Et même si ça se passe mal, Kyrgios sait qu’il aura au moins un réconfort sur le court. De l’autre côté du terrain. Et qu’il aura quand même passé un bon moment, quoi qu’il arrive.