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Du blues d'Indian Wells au nirvana parisien : Comment Nadal a retrouvé le feu sacré

Laurent Vergne

Mis à jour 09/06/2019 à 23:46 GMT+2

ROLAND-GARROS – La routine. Rafael Nadal a conquis presque sans coup férir son 12e titre à Paris dimanche, en battant Dominic Thiem. Mais si l'Espagnol a été égal à lui-même pendant ces deux semaines, il revient de loin. A la sortie de l'hiver, il a énormément douté. Ce n'est qu'au prix d'une lutte mentale contre lui-même qu'il a su enclencher à nouveau la dynamique dont il avait besoin.

Rafael Nadal

Crédit: Getty Images

Un jour, quand le temps aura effacé les circonstances pour ne laisser que la trace du palmarès, ce Roland-Garros 2019 aura les atours de la banalité. Vainqueur : Rafael Nadal. Mais la lecture a posteriori de ce tournoi ne dira que très partiellement ce qu'a été le 12e titre de l'Espagnol sur la terre battue parisienne. Si le dénouement n'a surpris personne, le chemin emprunté, lui, a été bien plus chaotique que sur d'autres éditions.
Petit retour en arrière. Madrid, samedi 11 mai. Il y a quatre semaines. Rafael Nadal s'incline en demi-finale contre Stefanos Tsitsipas. La cote d'alerte est atteinte. C'est le troisième tournoi consécutif où le Majorquin ne va pas au bout, ni même en finale, après Monte-Carlo et Barcelone. Depuis le début de son règne terrien en 2005, il avait toujours disputé au moins une des trois premières grandes finales du printemps sur ocre. Même en 2015, son année noire. Là, rien.
Culture de l'instant oblige, beaucoup rangent déjà Nadal à la casse. C'était, évidemment, bien prématuré. Il est juste, en revanche, de dire que l'homme de Manacor a traversé une sérieuse période de doutes. Même si la chronologie, elle, est erronée. A Madrid, Nadal était déjà en train de remonter la pente.
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Celle-là, Tsitsipas s'en souviendra : les temps forts de sa victoire contre Nadal

C'était dur, parce que je ne prenais pas de plaisir
C'est au mois de mars, à Indian Wells qu'il a connu son point bas. Contraint au forfait avant de retrouver Roger Federer en demi-finale, Nadal accuse le coup avec le retour de sa tendinite au genou droit. "Depuis que je travaille avec lui, a confié cette semaine Carlos Moya au New York Times, ça a été le moment le plus difficile. Je ne l'avais jamais vu aussi pessimiste." Dimanche, après son 12e triomphe parisien, l'intéressé a confirmé. "C'était un moment où j'étais au plus bas, physiquement, mais surtout psychologiquement, admet-il. Être blessé, je connais, mais c'est dur quand les problèmes s'enchainent comme ça. Mentalement, j'étais au plus mal."
Plus que cette blessure elle-même, c'est bien l'accumulation qui a fini par coller le blues à Rafa. Un vrai ras-le-bol pour cet habitué de l'infirmerie. "J'ai eu dix-huit mois très compliqués, rappelle-t-il. L'an dernier, niveau tennis, c'était bien, mais je n'ai joué que neuf tournois, et j'en ai fini sept. J'ai dû abandonner à l'US Open, mettre un terme à ma saison à cause de mon genou. Puis je me suis fait opérer du pied. Début 2019, mon niveau de jeu était bon, mais j'ai encore enchainé les problèmes. Brisbane, Acapulco, Indian Wells... Trop de pépins pendant dix-huit mois. C'est ça qui est difficile à supporter, de voir que, dès que tu règles un problème, un autre surgit."
Même le début de la saison sur terre battue n'a pas suffi à lui redonner le sourire. Au contraire. Ses éliminations précoces à Monte-Carlo et Barcelone, deux de ses tournois fétiches, ont inquiété. Dans son clan aussi. "C'était dur, parce que je ne prenais pas de plaisir, a-t-il avoué dimanche. Pour être honnête, j'avais des pensées trop négatives. Après mon premier tour contre Mayer à Barcelone, je me suis isolé pendant deux heures et j'ai réfléchi à toutes les options. M'arrêter complètement pendant un moment pour me reposer. C'était une possibilité. L'autre, c'était de changer drastiquement d'attitude et de mentalité les deux semaines suivantes, à Madrid et Rome."
Il fallait retrouver la passion, l'engagement et la bonne attitude
En Catalogne, il aura touché le fond de la piscine. Depuis, il n'a fait que remonter à la surface, jusqu'au triomphe ce de 9 juin. Un retour très progressif, pas à pas. Comme il les aime. "A partir de là, chaque jour je me suis amélioré. A Barcelone, je n'ai pas si mal joué les trois matches suivants. A Madrid, c'était encore mieux puis, bien sûr, à Rome où j'ai gagné le titre et enfin ici à Paris. Mais c'était très progressif et c'est mieux comme ça. Je devais corriger et améliorer des petites choses et j'ai réussi à le faire." Le 11 mai, lorsqu'il a cédé en demie à Madrid contre Tsitsipas, alors que tout le monde s'inquiétait pour lui, il se savait sur le bon chemin. "Ce jour-là, Tsitsipas a fait un très bon match mais j'étais content de moi", dit-il.
Même Rafael Nadal peut donc douter, voire perdre le feu sacré. "Heureusement, je suis entouré des bonnes personnes, souligne-t-il. Mon équipe, ma famille, j'ai eu beaucoup de soutien." Mais il ne s'oublie pas. Son retour, il le doit d'abord à sa "volonté". "Pour revenir là où je me trouve aujourd'hui, dit-il encore, il fallait retrouver la passion, l'engagement et la bonne attitude."
Le reste, son titre à Rome, son presque cavalier seul ici à Roland-Garros, coulait alors presque de source. Le principal combat à mener, et à gagner, était d'abord sur lui-même. "Ce trophée, souffle-t-il en montrant la Coupe des Mousquetaires, signifie énormément pour moi. Mais ce dont je suis le plus fier, la plus grande satisfaction, c'est d'avoir su retrouver cette dynamique positive."
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