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Forget sur le report de Roland-Garros : "Une décision stratégique et courageuse"

Laurent Vergne

Mis à jour 27/05/2020 à 13:37 GMT+2

ROLAND-GARROS – Interrogé par Mats Wilander dans Tennis Legends, Guy Forget a fait le point sur la situation de Roland-Garros. Le directeur du Grand Chelem parisien espère toujours une quinzaine au début de l'automne. Le choix du report, très critiqué il y a deux mois, est pleinement assumé. L'hypothèse du huis-clos, elle, fait doucement son chemin...

Guy Forget.

Crédit: Getty Images

Comme tout le monde, Guy Forget a eu un petit pincement au cœur ces derniers jours. Roland-Garros, le tournoi dont il est le directeur, aurait dû débuter le week-end dernier et devrait battre son plein ces deux prochaines semaines. Le Covid-19 en a décidé autrement et c'est d'autant plus douloureux pour les organisateurs que cette édition 2020 était planifiée comme celle du renouveau. Le stade de la porte d'Auteuil a changé de visage depuis que Rafael Nadal a soulevé sa 12e Coupe des Mousquetaires l'an dernier.
"C'est la raison pour laquelle nous étions si excités que les gens découvrent le nouveau Roland-Garros, a confié Forget à Eurosport dans le cadre de l'émission Tennis Legends, au cours de laquelle il a échangé avec Mats Wilander et Justine Hénin. Nous avons consenti beaucoup d'efforts et investi près de 400 millions d'euros pour rendre cet endroit meilleur et le moderniser. Nous étions à la traîne par rapport aux autres et l'écart a été réduit, notamment avec la rénovation du court Philippe-Chatrier."
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Forget : "Avec le recul, je pense que c'était une bonne décision"

"Les Grands Chelems sont les piliers du tennis"

Outre la disparition "un peu triste" selon les mots du patron du tournoi du très apprécié court numéro 1, désormais transformé en un grand espace vert, le toit installé sur le court central constitue évidemment la grande nouveauté. Un outil indispensable qui, Forget le promet, ne dénaturera pour autant pas l'atmosphère de l'endroit : "C'est un peu comme Wimbledon. La première fois qu'on a découvert le Centre Court avec le toit fermé, j'étais là, et c'était bizarre. Je pense que 90% du temps, le toit sera ouvert, mais il sera là quand on en aura besoin." Et Forget de rappeler que "des gens viennent de toute la France, achètent des billets longtemps à l'avance. Quand ils arrivent et qu'ils ne peuvent pas voir un seul point à cause de la météo, c'est un cauchemar." Ce temps-là est donc révolu.
Sauf que, pour l'heure, Roland-Garros est au repos forcé. Touché par le Covid-19, mais pas encore coulé. Tentant de garder la main sur son destin, voire de le forcer, la Fédération française de tennis a annoncé dès la mi-mars le report de ses dates au tout début de l'automne. Une décision alors très critiquée dans le milieu du tennis, notamment sur la forme, mais que Guy Forget justifie plus que jamais aujourd'hui :
"Avec un peu de recul, c'était une décision très courageuse. Nous savions que nous allions être critiqués. Certains vont penser que c'est une décision égoïste. Mais à ce moment-là, la responsabilité de Bernard Giudicelli, c'est de sauver Roland-Garros, de sauver ce tournoi, quoi qu'il en coûte. Les Grands Chelems sont les piliers du tennis. Je pense que c'était la bonne chose à faire. Peut-être pas en termes de communication, mais si au final, on joue finalement Roland-Garros, que les joueurs viennent, dans de bonnes conditions, que les fans viennent, alors les gens diront : 'c'est tellement bon qu'on puisse jouer Roland-Garros cette année. Donc, oui, il fallait essayer de sauver Roland-Garros, quoi qu'il arrive. C'était une décision stratégique et encore une fois, avec le recul, il fallait la prendre."

"Nous travaillons sur le huis clos, bien sûr"

Reste à savoir dans quelles conditions le tournoi pourra se tenir, s'il peut se dérouler comme souhaité entre la fin septembre et le début du mois d'octobre. La solution la plus souhaitable, mais la moins probable à ce jour, réside dans un "French Open" comme les autres, sans restriction au niveau du public.
Ce cas de figure est suspendu à l'éradication totale du virus d'ici la fin de l'été, ce qui n'est pas gagné, même si Guy Forget veut encore y croire. "Pour l'instant, la tendance semble plutôt positive donc on peut espérer que ça continue d'aller de mieux en mieux, que les restaurants vont rouvrir, que les spectacles à petites capacités reprendront, et ainsi de suite", explique-t-il.
Mais toutes les options, même les moins idéales, sont à l'étude. "Nous travaillons sur le huis clos, bien sûr", confirme le patron du tournoi. Et sur un scénario avec moins de spectateurs, avec une capacité réduite, peut-être un siège sur deux. Toutes ces options sont sur la table mais notre objectif est évidemment de faire un Roland-Garros normal, comme nous le connaissons." Sur ce plan, Roland-Garros n'a en revanche pas totalement la main : "Au final, ce sont les gouvernements qui donneront le feu vert. Nous sommes en contact régulier avec le gouvernement."

Des 250 en même temps que les Majeurs ?

Compte tenu de l'évolution de la situation, très mouvante, quatre mois, c'est encore long. Et encore loin. Quel Roland-Garros ? Quelle saison de tennis ? L'US Open aura-t-il lieu ? Est-il possible d'insérer des tournois entre le Majeur new-yorkais et celui de la porte d'Auteuil en admettant que les deux rendez-vous soient maintenus ?
Toutes ces (nombreuses) questions font l'objet de discussions entre les instances dirigeantes du tennis mondial et les organisateurs de tournoi. Selon Guy Forget, l'idée de glisser un ou deux Masters 1000 sur terre battue en amont de Roland-Garros continue de faire son chemin. "La terre battue demande un temps d'adaptation et nous aimerions qu'il y ait des tournois sur terre avant Roland-Garros, confirme-t-il. Il y a d'autres tournois qui veulent se maintenir." Le Masters 1000 de Rome est ainsi sur les rangs.
Pour l'heure, rien n'est entériné. "Andrea Gaudenzi (le président de l'ATP, ndlr) fait de son mieux pour avoir une seconde partie de la saison avec autant de tournois que possible, juge encore Guy Forget. On entend beaucoup de rumeurs. Deux tournois en même temps, voire un ATP 250 en même temps qu'un Grand Chelem, sur une seconde semaine..." Mais des rumeurs, des souhaits ou du champ des possibles à la réalité, le chemin apparaît encore long. Et très incertain.
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Guy Forget et Bernard Giudicelli.

Crédit: Getty Images

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