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Roland-Garros 2020 - "Allez Dan", Sky, Wawrinka: voici Daniel Altmaier, l'autre révélation de Roland

Alexandre Coiquil

Mis à jour 05/10/2020 à 17:54 GMT+2

ROLAND-GARROS - Opposé à Pablo Carreño Busta en 8e de finale, Daniel Altmaier s'est enfin fait un nom lors de cette édition 2020 où il s'est baladé. Arrivé en deuxième semaine sans perdre un set, et après être sorti des qualifications, le 186e mondial touche enfin au but après un gros passage par le case blessure. Voici cinq choses à savoir sur l'autre révélation du tournoi.

Daniel Altmaier lors de Roland-Garros 2020

Crédit: Getty Images

Son idole c'est... Stan Wawrinka

On va commencer par ça pour vous situer le personnage. Daniel Altmaier ne jure que par Stan Wawrinka. Alors, l'Allemand a plutôt du goût car il supporte quelqu'un qui a trois Grands Chelems dans sa besace. Mais à une époque où la nouvelle génération a grandi en suivant les exploits de Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, ça fait vraiment à part. Doigt pointé sur la tempe comme son idole, l'Allemand se tire toujours vers le haut mentalement.
Si vous avez regardé un de ses matches, cela n'a pas dû vous échapper : Altmaier n'est pas du genre discret, mais dans le bon sens du terme. Il s'encourage avec force, mais ça ne va pas plus loin. En tendant bien l'oreille, vous avez dû entendre du français. Et oui, si certains "come on" sortent de sa bouche, quelques "allez" se perdent de temps à autre. Là aussi, il y a la patte Wawrinka derrière. "Quand je le regardais jouer, il disait toujours : 'Allez, Stan'. Je l'ai un peu copié car j'aime bien dire : 'Allez Dan'. Donc j'aime bien mixer les deux pour m'encourager. Vu que je dois être mon meilleur ami sur le court, je m'encourage comme cela parfois."
Les deux hommes se connaissent bien et partagent le même sponsor (Yonex). Le Suisse n'a d'ailleurs pas manqué de le féliciter pour ses performances parisiennes. Pour la petite histoire, il aime bien Roger Federer également. Son autre modèle est le boxeur britannique Anthony Joshua à qui il voue un culte. Si son but est de remporter un Grand Chelem, c'est le gazon de Wimbledon qui a toujours eu sa préférence. "Si je pouvais en choisir un ce serait celui-là", disait-il, il y a deux ans.
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Daniel Altmaier lors de Roland-Garros 2020

Crédit: Getty Images

Un style rugueux qui a évolué

Vous l'avez vu, Altmaier c'est un joueur qui cogne pas mal, mais surtout qui croque le cerveau. Feliciano Lopez, Jan-Lennard Struff et Matteo Berrettini ont pu s'en rendre compte : le tennis du 186e mondial vampirise celui de son adversaire. Plutôt du genre Wawrinka de base, le joueur de 22 ans aime avoir le contrôle des choses et faire les points avec son revers à une main qui ressemble à celui du Vaudois. Côté coup droit, c'est moins puissant, mais ça gifle bien quand ça part long de ligne. Plutôt complet, il va aussi au filet. C'est un polyvalent.
"Je n'aime pas défendre en général et attendre les erreurs de mes adversaires. J'aime être l'acteur sur le court, avoir le contrôle sur les événements et le contrôle du jeu en général. Je suis quelqu'un d'agressif, mais différent. J'aime être imprévisible d'un point de vue tactique", disait-il en 2017. Depuis, son style de jeu a légèrement évolué. C'est moins brut de décoffrage.
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Altmaier, c'est bluffant : sa démonstration face à Berrettini

Son évolution tennistique, c'est son coach Francisco Yunis qui lui a apporté. L'Argentin est un vieux routier du circuit et un acharné des progrès techniques : il a coaché les meilleurs joueurs de son pays (Franco Squillari, Agustin Calleri, Carlos Berlocq, Horacio Zeballos, et Leonardo Mayer) ainsi que Magnus Norman au milieu des années 1990 et Nicolás Kiefer. Celui qui est également le coach d'un autre joueur qui monte, Federico Coria, a mis une équipe sud-américaine au chevet d'Altmaier, plutôt du genre bosseur.
Débutée en août 2019, sur suggestion de Magnus Norman (le manager d'Altmaier a demandé au Suédois s'il connaissait un coach disponible pour récupérer "Dani"), leur collaboration, a porté ses fruits : Altmaier a gagné 296 places au classement ATP et réalisé une saison 2020 assez folle. Avec 21 succès sur le circuit Challenger (37 tous circuits confondus), il possède le deuxième meilleur bilan de la deuxième division du circuit professionnel, un endroit qui lui a permis de faire un gros bond en avant ces derniers mois. "C'est un gamin qui a beaucoup de qualités", disait Yunis au site argentin El Norte au mois de juin.
Très à l'aise sur ocre, Altmaier a eu un gros déclic au début du mois de septembre après une belle victoire contre Lorenzo Musetti, le héros du Masters 1000 de Rome, en demi-finale du Challenger de Cordenons. La suite l'a emmené en 8e de finale de Roland-Garros à sa première tentative en Grand Chelem, ce qui est une performance énorme. Le tout en ayant perdu un seul set... en qualifications. "Il est sûr de lui ce garçon. Ca fait du bien de voir quelqu'un avec autant d'insouciance et qui est heureux", a analysé notre consultant Arnaud Di Pasquale.
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Altmaier : "Il joue avec cette impression de n'avoir rien à perdre"

Les Blessures lui ont coûté neuf mois d'absence

Impossible de dire quelle sera la carrière de Daniel Altmaier après ce Roland-Garros car le gamin est plutôt fragile physiquement. Sa participation à Paris n'a été décidée qu'à la veille du début des qualifications après un énième problème survenu en demi-finale du Challenger d'Aix-en-Provence face à son compatriote Oscar Otte. En mai dernier, alors que l'Allemagne reprenait le cours des choses avant tout le monde après le confinement, il s'était blessé lors d'un tournoi exhibition face à son compatriote Dustin Brown. Son corps ne l'aide pas.
En mars 2018, une grave blessure à la hanche, et aux abdominaux, a totalement freiné sa progression et l'a mis sur le tapis. Avec des conséquences qui se font encore ressentir aujourd'hui. Du coup, Altmaier est particulièrement méticuleux avec son outil de travail. Il n'a pas oublié les neuf mois de galère, loin de tout. "J’ai d’abord eu une blessure à l’épaule, puis je me suis blessé à la hanche sur un court en dur après une chute. J’ai déjà des soucis récurrents à cause de mon corps, des problèmes musculaires et d'autres aux abdominaux, près de la zone touchée lors de ma chute. Celle-ci n’a rien arrangé. Ce n’était vraiment pas marrant." Il s'est retapé au centre de rééducation Eden Reha sous la surveillance de Klaus Eder, historique physiothérapeute de l'équipe d'Allemagne de football.
Présent en Argentine au moment où la pandémie de la Covid-19 a débuté, l'Allemand, qui préparait à l'époque Roland-Garros numéro un, celui de mai, a pu repartir chez lui avec un vol de rapatriés grâce à l'appui de l'ambassade d'Allemagne en Argentine. Le confinement lui a permis de faire une grosse préparation physique dont les effets se ressentent aujourd’hui.
"J’ai énormément travaillé sur les zones où je me suis beaucoup blessé. J’ai fait du travail à distance via Zoom avec Esteban (Giménez), mon préparateur physique, qui est en Argentine. On a travaillé pendant onze semaines, à base de 5 ou 6 jours", a détaillé le néo-huitième de finaliste en Grand Chelem. "Des fois, il se levait à 5h du matin pour me donner mon programme et me pousser pendant mes sessions. Cela veut dire beaucoup pour moi ce qu'il fait. Je crois que le travail est en train de payer."

C'est un boursier de la Sky

BSkyB, l'empire multi-cartes de Rupert Murdoch, s'est diversifié au fil des années. Entre 2010 et 2019, le succès de la Sky en Pro Tour, avec ses six sacres sur le Tour de France, n'a échappé à personne. A côté de son ancienne activité cyclisme, l'empire britannique a lancé lors de la décennie 2010, la Sky Sports Scholars, un programme boursier qui accompagne la carrière de sportifs de tous horizons. Prévu pour les Britanniques et les Irlandais à la base, sur un cycle de trois ans, il s'étend aussi aux branches des pays où le groupe émet : en Italie, en Autriche et en Allemagne. C'est là que ça concerne Altmaier.
Le tennisman a donc été sélectionné en octobre 2017 pour intégrer le programme comme boursier. Altmaier est même devenu le premier sportif étranger au Royaume-Uni à intégrer cette Sky Sports Scholars. Le groupe Sky a bien pensé la chose et propose un accompagnement de carrière plutôt complet. Les sportifs se rencontrent, échangent entre eux lors de voyages et sont tous suivis par un mentor qui prodigue entre autres des conseils sportifs. Accompagnement de carrière, médias training, business et gestion du patrimoine : la Sky Sports Scholars est une véritable béquille pour les aspirants sportifs de haut niveau.
Le mentor d'Altmaier chez Sky se nomme Adam Smith. Il est journaliste et producteur TV de profession, en charge de la section boxe chez Sky Sports depuis 2010. Le Britannique et Altmaier s'entendent bien et se voient souvent, comme le veut le programme. Smith débriefe même tous ses matches pour Sky Sports. Commentaire de cet amoureux de la boxe après le succès contre Matteo Berrettini : "C'est le Carl Froch du tennis. Il est concentré, il croit en lui. Il sait qu'il peut aller sur le court et battre n'importe qui (...) Apportez-lui Carreño Busta. Dan ne tremblera pas."
Interrogé sur la partie compte en banque, Altmaier reconnaît avoir eu les bons apports à des moments importants de sa carrière, soit au tout début. "Sur la question financière, j'ai toujours eu la chance d'avoir une bonne structure avec moi qui m'aide financièrement. J'ai aussi un investisseur depuis que je suis très jeune. Il a toujours cru en moi. Grâce à ça, j'ai toujours été en capacité de faire mon travail, de jouer au tennis", a-t-il précisé sur le plus vieux problème des aspirants joueurs.
"Je n'ai jamais eu de soucis avec l'argent surtout grâce aux sponsors. Il y a la situation sociale de ma famille : je pense que sans les sponsors je n'aurais pas été en capacité d'envisager une carrière de joueur de tennis.Je suis aussi très content d'avoir une équipe stable à mes côtés. Mon manager m'aide aussi dans le choix de mon staff, ainsi que dans la gestion de l'argent, afin que je sois financièrement stable."

Altmaier est... plus Russe qu'Allemand

Après sa belle victoire contre Matteo Berrettini, Daniel Altmaier s'est présenté devant les micros, remplissant la feuille de route des formalités d'usage. Et à la fin de ce speech, où il s'est introduit au public parisien, il a parlé... en russe, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
L'histoire est simple : Daniel Altmaier est né à Kempen, une ville d'environ 40 000 habitants située dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, non-loin des Pays-Bas, en septembre 1998. Mais bien qu'Allemand sur le papier, il est en fait plutôt de l'Est.
"J'ai des origines russes. Mon père est Ukrainien et ma mère est de Russie. C'est pour cela que je parle russe. J'ai grandi en parlant russe à la maison. Toute ma famille est russe", a précisé le nouveau centre d'intérêt du tennis allemand. L'histoire de sa famille fait évidemment écho à celle de la famille Zverev, elle aussi d'origine russe et partie de Sotchi pour s'installer à Hambourg en 1991.
Le sport est une histoire de famille chez les Altmaier, c'est une culture : Jurij, son père, est lui un ancien boxeur amateur ukrainien. Cette famille très protectrice l'a d'ailleurs souvent accompagné dans les différentes étapes de sa carrière, notamment les premières quand il était chez les juniors. Cela valait bien un petit clin d'oeil.
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Altmaier se présente au public parisien : "Je suis heureux de vous rencontrer"

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