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Roland-Garros 2020: la bulle sanitaire liée à la Covid-19 oppresse les joueurs, fatigués mentalement

ParAFP

Mis à jour 01/10/2020 à 20:27 GMT+2

ROLAND-GARROS - Réduits à des aller-retour entre hôtels et courts à Roland-Garros, comme depuis la reprise du circuit, joueurs et joueuses ne voient pas de répit dans l'enchaînement des bulles sanitaires, et certains se disent déjà dégoûtés.

David Goffin lors de Roland-Garros 2020

Crédit: Getty Images

"D'habitude, j'adore jouer au tennis, être en tournoi. Là, ça devient vraiment un boulot. J'ai du mal à m'entraîner, je ne prends pas du tout de plaisir sur le court". Eliminé d'entrée par le modeste qualifié Rodionov, le trentenaire français Jérémy Chardy, 65e mondial, a laissé planer le doute sur la suite de carrière. Benoît Paire (26e), retenu isolé pendant dix jours à New York après un test positif au Covid-19 qui l'a privé d'US Open, s'est pour sa part dit "limite soulagé d'avoir perdu" au deuxième tour. "Ca fait six semaines que je ne suis pas rentré chez moi, que je suis dans des chambres d'hôtel. J'ai juste envie d'aller faire un resto, même si ça ferme à 22 heures", a ajouté le Français.
Et il ne pense pas être le seul. "La plupart des joueurs sont contents de rentrer chez eux quand ils ont perdu", affirme Paire, alors que "ce n'est que le quatrième tournoi" depuis la reprise du circuit ATP mi-août. Autre victime du blues, le Belge David Goffin, numéro 13 mondial mais sèchement sorti au premier tour, se dit "constamment préoccupé avant chaque tournoi" par un environnement devenu anxiogène, entre l'épée de Damoclès des tests PCR et des bulles sanitaires - un concept très relatif - à la rigueur variable.
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Rebelote en Australie

Après cinq mois d'interruption du tennis professionnel pour cause de pandémie, "on a cru que tous les joueurs reviendraient avec une extrême motivation, avec la faim de jouer. Et ce n'est pas le cas", constate Goffin, qui appréhende une fin de saison "qui, clairement, dans cette situation, va être très longue".
Dans de telles conditions, la spirale négative guette-t-elle ces trois joueurs en manque de résultats ? "Si après une défaite, ils sont pressés par le temps pour enchaîner avec une autre compétition qui les force à être isolés à l'hôtel, il y a un risque sur le plan psychologique car ils n'auront pas le temps de récupérer mentalement", estime Alexis Ruffault, psychologue et chercheur à l'Insep. Ce n'est pas la perspective de la tournée australienne, début 2021, qui devrait raviver leur flamme : dans une lettre envoyée lundi, le patron de la Fédération australienne Craig Tiley demande aux joueurs de rallier l'île-continent avant le 14 décembre pour s'y soumettre à une quatorzaine avant le lancement de la saison 2021. L'Open d'Australie, lui, doit débuter le 18 janvier.
Si dans l'ensemble, les joueurs sont pour l'instant "plutôt contents de jouer", estime Christophe Bernelle, responsable du département mental à la Direction technique nationale (DTN) de la Fédération française (FFT), "ça deviendrait plus compliqué d'aller de bulle en bulle si ça continuait pendant six mois".
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"Il n'y a pas beaucoup de malades"

Plus que la privation de liberté, c'est "l'incertitude" liée aux règles mouvantes qui pourrait miner le moral des joueurs, considère Ruffault. Surtout après le "cauchemar" de l'US Open, selon les mots de Kristina Mladenovic, pendant lequel plusieurs joueurs français ont subi un isolement très strict pour avoir été considérés "cas contact" de Benoit Paire.
"Un petit traumatisme", admet Bernelle, qui estime que "ce climat anxiogène peut décompenser une fragilité" chez certains. "Des symptômes peuvent apparaître, des insomnies, une anxiété très importante", ajoute ce médecin psychiatre pour lequel les outils classiques de relaxation (méditation, yoga, sophrologie...), mais surtout l'entourage, peuvent constituer des bouées de sauvetage. Et sur ce plan comme sur le court, les joueurs ne sont pas tous égaux. "Ceux qui ont les ressources, que ce soient personnelles ou dans l'entourage, pour faire face à ces difficultés seront bien moins impactés par cette situation", confirme Ruffault.
A Roland-Garros, la majorité des joueurs interrogés ont exprimé leur gratitude envers les tournois maintenus, quand d'autres ont dû être annulés (Wimbledon notamment), fragilisant un peu plus la trésorerie des moins bien classés. "C'est une bonne chose d'avoir cette bulle", dit la numéro 4 mondiale Karolina Pliskova en rappelant l'objectif sanitaire. "Ce que je vois pour l'instant, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de malades, et pas de contagion."
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