Roland-Garros - Hugo Gaston, Garcia-Mertens, Anisimova : Les tops et flops de vendredi

Atteindre les huitièmes de finale d'un Grand Chelem quand on n'a jamais remporté le moindre match sur le circuit principal, ce n'est pas commun. Battre un triple vainqueur de Grand Chelem, dont tout le monde répétait à juste titre qu'il avait une bonne tête de gros client dans cette quinzaine, ça l'est encore moins. Surtout en cinq sets. Surtout en lui collant un 6-0 dans la manche finale.

Hugo Gaston a réussi tout cela et un peu plus encore vendredi sur le court Suzanne-Lenglen face à un Stan Wawrinka qu'il a fini par rendre chèvre. L'exploit monumental du jeune Français de 20 ans sort de nulle part, mais sur ce match, il n'y a pourtant rien à redire. Agressif, audacieux mais toujours lucide, le Toulousain a vraiment été épatant sur tous les plans.

Dominic Thiem est repassé en mode US Open. A Flushing, l'Autrichien avait déroulé avec une impressionnante facilité jusqu'à la finale. A Paris, il n'est encore qu'en huitièmes, mais il se montre tout aussi solide. Face à Christian Rudd, le joueur ayant gagné le plus de matches sur terre battue en 2020, il a sorti le grand jeu.

Sur les points importants, d'abord, lors d'une première manche où le Norvégien a eu des opportunités. Mais il y a toujours eu un côté inexorable dans la manière dont Thiem a récité son tennis. Vainqueur 6-4, 6-3, 6-1, le voilà en huitièmes sans avoir perdu un set. Le plus dur est devant lui, avec un possible enchaînement Schwartzman – Nadal – Djokovic s'il veut aller au bout (avant, il devra évidemment se défaire d'Hugo Gaston), mais il faudra vraiment être très, très fort pour battre ce Thiem-là.

A croire qu’ils s’étaient passé le mot. Ce vendredi, à Roland, c’était le jour des enfants. Plus précisement, des jeunes hommes. Sebastian Korda, 20 ans, a ouvert le bal en s’offrant son premier 8e de finale après sa victoire nette et sans bavure face à Martinez Portero (6-4, 6-3, 6-1). Hugo Gaston l’a suivi, juste après, en s’offrant une victoire XXL face à Stan Wawrinka. Le tout à 20 ans aussi. Korda et Gaston ont porté tour à tour le costume du plus jeune joueur à être en deuxième semaine à Roland depuis 2008. Puis, Jannick Sinner y a ajouté son grain de sel. A 19 ans et 2 mois, le surdoué italien est devenu le plus jeune à se qualifier en 8e du Majeur Parisien depuis un certain Novak Djokovic en 2006. Un raz-de-marée de jeunesse et d’audace qui fait du bien.

Du suspense, des frissons et surtout une sacrée qualité de tennis. Cette fin de match entre Caroline Garcia et Elise Mertens nous a fait oublier les nuages noirs qui ont bouché le ciel parisien ce vendredi, comme depuis le début de la quinzaine. Agressive, la Lyonnaise a pris le chemin du filet pour aller chercher le match et a surtout vaincu ses démons : débreakée alors qu’elle servait pour le match à 5-4, elle s’est remobilisée immédiatement pour l’emporter deux jeux plus tard à sa 6e balle de match. "Vous n’étiez pas nombreux, mais vous avez fait autant de bruit que d’habitude, alors je ne sais pas ce qui se passe", a-t-elle plaisanté, apostrophant les rares spectateurs acquis à sa cause et qui ont bien réchauffé l’ambiance avec une ola. What else ?

Ce n'était pas l'affiche la plus sexy de la journée. Mais elle a abouti à une fin de match surréaliste, avec un tie-break déjà dans la légende. Au bout de 31 minutes d'un jeu décisif complètement fou, Lorenzo Sonego a fini par battre Taylor Fritz en trois manches (7-6 (7/5), 6-3, 7-6 (19/17)). Oui, vous avez bien lu : 19-17 dans le tie-break. Dantesque !

Le "remake" du quart de finale de l’an passé n’aura pas tenu ses promesses. En 2019, Amanda Anisimova n’avait pas encore 18 printemps et avait créé une immense sensation en sortant (sèchement) de Roland-Garros la tenante du titre Simona Halep. Mais vendredi, l’Américaine n’a pas existé, ne sauvant qu’un jeu (6-0, 6-1). La faute à une tête de série numéro 1 avide de revanche ? En partie, oui, parce que le tennis de la Roumaine transpire la confiance après 17 victoires consécutives désormais (la meilleure série de sa carrière). Mais pas seulement. Anisimova n’a clairement pas été à la hauteur de l’événement : ses 32 fautes directes en 54 minutes de jeu (plus d’une toutes les deux minutes) sont là pour le confirmer. Un non-match à méditer.

Pour les organisateurs, la météo de ce vendredi s’annonçait problématique. Dans la matinée, les averses menaçaient de reporter le début de programme. Finalement, il n’en a rien été, mais dès le début d’après-midi, la pluie a refait son apparition. Il a été alors décidé de poursuivre les matches pour qu’ils avancent au maximum. Déjà bien humide, la terre battue avait des airs de terrain boueux sur le court Suzanne-Lenglen. Et Stan Wawrinka s’en est plaint, à juste titre. Pour préserver l’intégrité physique des joueurs, une interruption plus précoce, par exemple au moment où Hugo Gaston a gagné le deuxième set, aurait été préférable. Heureusement, aucune blessure n’a été à déplorer. Pendant ce temps, le toit a été déployé dès 11 heures sur le Philippe-Chatrier alors que Roland-Garros est un tournoi en plein air. Un manque de cohérence étonnant.