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Roland-Garros 2023 : Mais pourquoi tout ce ramdam autour des balles ?

Cyril Morin

Mis à jour 28/05/2023 à 10:07 GMT+2

Polémique à l'US Open, polémique à l'Open d'Australie : alors que s'ouvre ce dimanche le tournoi de Roland-Garros, les balles seront-elles encore au centre des discussions ? Ces derniers mois, les joueurs et les joueuses n'ont cessé de mettre en avant les douleurs nées des changements incessants de balles. La qualité, selon eux, serait aussi en baisse. Qu'en est-il vraiment ?

La balle de Roland-Garros, fabriquée par Wilson

Crédit: Getty Images

A Lyon, ce fut l'effusion. Alors que l'Open Parc Auvergne-Rhône-Alpes a livré son verdict ce samedi, il aurait pu bénéficier d'un boost d'exposition gigantesque. Car Rafael Nadal a longtemps été espéré dans le cadre de cet ATP 250. "Pour être très transparent, on n'était pas loin d'avoir Rafa Nadal, on était en contact avec lui et son agent pendant quinze jours", dévoilait ainsi Thierry Ascione, patron du tournoi, au moment du tirage au sort, quelques jours après l'officialisation du forfait du Majorquin pour Roland-Garros – et donc pour Lyon.
Mais que serait venu faire un monstre sacré comme Nadal à Lyon ? Reprendre le rythme, certes. Mais surtout retrouver des sensations les plus proches possibles de celles de la Porte d'Auteuil. Parce qu'à Lyon, on joue avec les mêmes balles qu'à Roland-Garros. Celles-là même qu'il avait critiqué très frontalement en 2020, année de changement à Paris. "Je me suis entraîné avec ces balles en Espagne, et elles étaient déjà lentes avec la chaleur, expliquait-il alors. Pour moi ce n’est pas la balle correcte pour jouer sur terre". Tout le monde s'était alors tourné vers Wilson, qui venait de reprendre le flambeau de Babolat – équipementier de l'Espagnol, précisons-le – pour le Majeur français.

Les balles, marronnier des joueurs

"Nous nous étions interrogés sur les critiques qui avaient eu lieu à l'époque, reconnaît aujourd'hui Bertrand Blanc, Global Senior Director de la marque américaine. La balle avait été testée par beaucoup de joueurs dont Rafael Nadal lui-même, qui l'avait approuvée.Il a d’ailleurs remporté l’édition 2020".
Pour une première, Wilson avait été servi : un Majeur sur terre en octobre, avec un temps lourd et humide… Forcément, les conditions ont beaucoup joué sur la perception de cette nouvelle balle. Trois ans plus tard, la polémique n'a connu aucune résurgence et à Roland, la balle fait moins parler publiquement. "C'est pourtant la même qu'en 2020, sourit Bertrand Blanc. Cela prouve que la balle initiale était la bonne. Nous avons juste fait face en 2020 à des conditions météorologiques particulièrement défavorables".
S'il est moins médiatique, le débat sur les balles reste l'un des thèmes les plus évoqués sur le circuit, entre les joueurs et les cellules techniques, comme l'a encore confirmé Daniil Medvedev en conférence de presse. A New York l'an passé, Iga Swiatek critiquait l'utilisation de balles différentes entre le circuit masculin et féminin. A Melbourne, cette année, ce fut un petit festival. "La balle ne rebondit pas" (Auger-Aliassime), "La balle est de moins bonne qualité" (Nadal), "Plus vous jouer des rallyes, plus elle grossit et peluche et donc ralentit" (Djokovic).
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Novak Djokovic s'apprête à frapper la balle à Melbourne

Crédit: Getty Images

Stefanos Tsitsipas, finaliste en Australie, avait même été plus loin : les balles ont été la principale cause de ses ennuis au bras en début de saison. "J'y ai beaucoup réfléchi, expliquait le Grec. J'ai parlé avec d'autres joueurs qui m'ont dit que les balles, là-bas, avaient eu un réel impact sur les épaules, les bras et les poignets." Interrogé à Miami par L'Equipe, Richard Gasquet avait été plus direct et beaucoup plus concret, encore.
"Il y a un problème depuis le Covid, toutes les balles sont plus lentes, il n'y a plus de doute. Ça fait deux ans que je le dis, ce n'est pas nouveau, expliquait-il. Dès qu'elles devenaient grosses comme ça (il mime un ballon), je disais à mon entraîneur : 'C'est quoi ces merdes ?' Maintenant ça commence à se dire partout, mais je suis sûr qu'elles ne sont plus les mêmes qu'avant." L'hypothèse d'un changement de caoutchouc par les fabricants, histoire de réduire la facture en cette période de crise énergétique, tient la corde sur le circuit.

Une balle unique est-elle possible ?

Pourtant, juré, craché, Wilson n'a rien changé de particulier dans la fabrication de ses balles. "Pour Roland-Garros, le cahier des charges de la FFT était très simple : développer une vraie balle de terre battue qui soit vive. En aucune manière, il nous a été demandé d'alourdir les balles, explique Bertrand Blanc. Sur l'US Open, la même balle est utilisée depuis l'année 1978. Elle n'a pas été modifiée depuis, ses caractéristiques techniques et sa composition sont strictement les mêmes, à la seule exception esthétique des logos."
Alors, pourquoi tout ce ramdam autour des balles ? Plus que les qualités intrinsèques de chacune, l'usure des joueurs face à des changements trop fréquents est aussi à prendre en compte. Wilson, Babolat, Dunlop, Slazenger, Penn : les marques qui équipent les tournois ATP sont nombreuses et se partagent un marché gigantesque, avec des tournois aux spécificités géographiques à prendre en compte. Résultat : les balles changent de semaine en semaine, les sensations des joueurs avec.
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Alcaraz-Djokovic-Tsitsipas : trois favoris à la loupe

"Je pense que le plus gros problème sur le circuit cette année, c'est le changement constant de balles, insistait d'ailleurs Tsitsipas à Miami. Nous en parlons entre joueurs. Les balles doivent rester les mêmes dans la plupart des tournois, et surtout sur dur. Ça nous avantage tous et nous protège des blessures." Une demande parfaitement légitime à écouter Bertrand Blanc, interrogé sur la chimère d'une balle unique sur le circuit.
"Pourquoi pas ? Nous sommes ouverts à toutes les discussions, explique le Global Senior Director de la marque américaine. Cela nécessitera de trouver le bon modèle économique avec les tournois et les instances de gouvernance du tennis, les tournois dépendant beaucoup des contrats de sponsoring avec les marques aujourd’hui. La santé et les souhaits des joueurs et des joueuses sont primordiaux, cela doit guider les décisions des équipementiers et des instances dirigeantes du sport. Toutes les semaines, les joueurs et joueuses professionnels sont amenés à changer de ville, de continent, et ils doivent adapter leur matériel et leurs repères. On a tendance à sous-estimer tout cela. Quand on joue au tennis, on comprend à quel point cela peut être perturbant." Et on comprend à quel point cela peut être désespérant pour les joueurs, en recherche constante de nouvelles sensations. Les balles, niche à polémiques systématiques… et pour longtemps ?
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