Roland-Garros : Y a-t-il un favori dans la salle ?
Avant, c'était simple. Rafael Nadal était l'achi-favori de Roland-Garros et, au besoin, Novak Djokovic pouvait lui aussi tenir ce rôle. Mais ça, c'était avant. Entre les difficultés des uns, les problèmes physiques des autres et le manque de certitudes d'à peu près tout le monde, il est bien difficile de ressortir une tête au-dessus de la mêlée sur la ligne de départ.
Roland-Garros cherche un favori.
Crédit: Quentin Guichard
On a beau retourner le problème dans tous les sens et prendre la question par tous les bouts, on ne voit toujours rien venir. A moins de deux semaines du coup d'envoi de l'édition 2024, le tournoi masculin de Roland-Garros cherche toujours une tête de gondole digne de ce nom, susceptible d'endosser clairement le rôle de l'homme à battre. Du favori. En soi, ce n'est pas un problème. Aborder le Grand Chelem parisien avec un côté "Open bar" ne présage en rien d'un manque d'intérêt de cette quinzaine. En revanche, la chose est notable car elle est inédite depuis fort longtemps.
Il faut remonter bien loin pour trouver une comparaison valable. Au minimum avant l'avènement de l'ère Nadal. Sous l'invraisemblable règne du Majorquin (qu'il s'agisse de son ampleur ou de sa durée), le favori était naturel. Même dans ses années plus compliquées, comme en 2015, il suffisait au besoin de se tourner vers Novak Djokovic pour trouver trace de la principale tête d'affiche. L'an dernier, Nadal absent, le Serbe, en dépit d'un printemps tout sauf conquérant, gardait un statut de référence.
Chaud et froid
Alors, pourquoi cela ne pourrait-il pas être le cas cette fois encore ? D'abord parce que Novak Djokovic n'a pas remporté un seul tournoi en 2024. Il a surtout buté lors du premier Majeur de la saison. Si "Nole" avait marché sur Melbourne comme à son habitude, il serait plus aisé de le considérer comme le favori numéro un. Mais ces derniers mois, il est apparu plus fragile. Sa demi-finale à Monte-Carlo avait plutôt bien lancé sa campagne terrienne mais on ne l'a ensuite revu qu'à Rome, où il a livré une bouillie de match dès le troisième tour contre Alejandro Tabilo, même si l'incident de l'avant-veille (il avait pris une gourde sur la tête en signant des autographes après sa victoire contre Corentin Moutet) a possiblement joué un rôle.
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Double faute pour finir : Djokovic, une balle de match symbolique
Video credit: Eurosport
Au-delà du cas Djokovic, c'est d'ailleurs la grande caractéristique de ce Masters 1000 de Rome. Dernière grande sortie avant Roland, la répétition italienne permet souvent de cristalliser les intentions des uns et des autres. Rien de tel cette fois. Au contraire, tout est plus fou que jamais. Parce que Djokovic repart avec un point d'interrogation. Parce que les forfaits de Jannik Sinner et Carlos Alcaraz ont eux aussi soulevé des questions. Parce que Andrey Rublev, vainqueur à Madrid, a disparu d'entrée au Foro Italico, tout comme Casper Ruud, finaliste à Monte-Carlo et vainqueur à Barcelone. Quant à Rafael Nadal, chacun sait ce qu'il a traversé, où il en est et surtout où il n'en est plus.
Tous les principaux protagonistes ont donc, au mieux, soufflé le chaud et le froid ces dernières semaines. Bien sûr, Rome n'a pas encore rendu son verdict mais compte tenu du carnage dans le tableau lors des premières journées, il paraît difficile d'imaginer que l'issue du dernier grand tournoi de préparation permettra de dénicher avec certitude le grand favori de Roland-Garros. Un doublé de Daniil Medvedev, par exemple, n'y aurait pas changé grand-chose (le Russe a été sorti mercredi en huitièmes de finale). La terre battue reste cette surface qu'il affectionne, disons, modérément, et son sacre romain en 2023 ne l'avait pas empêché de disparaître dès le premier tour à Paris.
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Un seul set, un abandon inquiétant pour Medvedev : le résumé d'une victoire tronquée
Video credit: Eurosport
Beaucoup d'hypothèses crédibles
Peu importe où vous tourniez le regard, il est possible, pour chacun des candidats, de souligner leurs manques. Si vous remplissez pour tous une colonne "plus" et une colonne "moins", la seconde sera bien garnie. Pourtant, il faudra bien quelqu'un pour soulever la Coupe des Mousquetaires le 9 juin prochain. Paradoxalement, puisque personne ne sort du lot de façon certaine, toutes les hypothèses ou presque semblent crédibles et c'est ce qui donne tout son sel et confère son charme à la prochaine quinzaine porte d'Auteuil.
Oui, Novak Djokovic fait moins peur ces temps-ci. Mais le voir se retrouver pour aller claquer un 25e Grand Chelem ne constituerait pas la plus grosse surprise de l'histoire du tennis, pour manier l'euphémisme. Si physiquement ils sont aptes et proches de leur pleine expression, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz pourraient ne pas être loin du compte. Casper Ruud était en finale ces deux dernières années et il demeure un énorme terrien. Et si c'était l'année de Stefanos Tsitsipas ? Ou celle d'Alexander Zverev ? Et si Holger Rune emboîtait au moment où on l'attend un peu moins toutes les pièces du puzzle de son talent ? Et si Daniil Medvedev signait à Paris un coup d'éclat similaire à celui de Rome l'an dernier ? Et si, et si, et si ?
Même une éclosion brutale à la Kuerten 1997, que l'on n'a plus vue dans le tennis masculin depuis l'évènement du "Big 3" ne paraît pas totalement incongrue. En tout cas le contexte n'y a plus été aussi favorable depuis longtemps même si la chose reste improbable. Mais peut-être plus impossible. Tant de questions. A chacun ses doutes. Mais cela a le mérite d'ouvrir le jeu. C'est un Roland un peu différent qui s'annonce. Tant mieux.
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Comment Rublev a blackboulé Alcaraz et refroidi Madrid
Video credit: Eurosport
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