Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Nadal et Bercy, quinze ans de malheur

Laurent Vergne

Publié 02/11/2019 à 19:44 GMT+1

Depuis son émergence sur les cimes du tennis mondial en 2005, Rafael Nadal n'a jamais connu de réussite à Bercy. Une seule finale, et surtout une foule de forfaits avant ou pendant le tournoi, à l'image de cette blessure aux abdominaux qui a contraint l'Espagnol à se retirer samedi avant sa demi-finale. La combinaison indoor et fin de saison s'avère fatale pour lui dans le 12e arrondissement.

Rafael Nadal et Bercy, pas vraiment une histoire d'amour.

Crédit: Getty Images

Bercy, 4 novembre 2007. Rafael Nadal s'incline lourdement en finale face à David Nalbandian. 6-4, 6-0. Une claque mais, à 21 ans, cette première participation au Masters 1000 parisien augure tout de même d'une récolte future abondante. Douze ans plus tard, non seulement l'Espagnol n'a toujours pas gagné à Bercy, mais ce coup d'essai de 2007 demeure même ce qui s'est approché le plus d'un coup de maître.
Vainqueur de quatre matches cette année-là, il n'en a plus remporté que quinze depuis. On ne l'a plus jamais revu en finale et, pour tout dire, on ne l'a même souvent pas vu du tout. Son bilan dans l'est parisien a quelque chose de famélique pour un champion de son rang, surtout comparé à ses accomplissements ailleurs.
Rafael Nadal pèse 35 titres en Masters 1000. Un record. Mais aucun à Paris. Il a joué 51 finales au total. Une seule à l'AccorHotels Arena. Sur ses 384 matches gagnés dans cette catégorie de tournois, seuls 19 l'ont donc été à Bercy, soit... 4,9%. Difficile de faire plus antonymique que les deux destins parisiens du Majorquin. Intouchable ou presque à Roland-Garros, où il a établi à peu près tous les records possibles et imaginables et soulevé douze fois la Coupe des Mousquetaires, il n'a connu que galères et désillusions dans son histoire en pointillés porte de Bercy.
picture

2007, la première, et dernière finale de Bercy à ce jour pour Rafael Nadal.

Crédit: Getty Images

Une liste longue comme le bras

Mais la ville-hôte est à peu près la seule chose qui réunit Roland-Garros et Bercy. Pour le reste, tout oppose les deux rendez-vous. L'un est taillé sur mesure pour Nadal, l'autre est sa kryptonite. "Ce n'est pas une question de chance si j'ai gagné douze fois à Roland-Garros, et ce n'est pas de la malchance si je n'ai jamais gagné ici, avait-il estimé en début de semaine. C'est juste la réalité. J'ai souvent été blessé, c'est vrai. J'ai souvent manqué ce tournoi dans ma carrière."
C'est peu de le dire. La preuve avec cette liste longue comme le bras.
2005 : Forfait avant le tournoi. L'année de son premier titre à Roland-Garros. En octobre, Nadal s'impose en indoor à Madrid. Mais, souffrant d'une tendinite aux deux genoux, il renonce à Bercy, puis au Masters à Shanghai.
2006 : Forfait avant le tournoi. Il contracte une élongation intercostale à l'entraînement.
2008 : Abandon en quarts de finale. Contre Nikolay Davydenko, Nadal se retire après le premier set. A nouveau, une tendinite au genou. Il sort sous les sifflets du public. "Il paie, je comprends sa déception, mais je suis sans doute plus déçu encore que les spectateurs", se défend le Majorquin.
2010 : Forfait avant le tournoi. A 48 heures du tournoi, Nadal annonce son retrait. En cause cette fois, une tendinite, encore, mais au bras gauche, après "avoir un peu trop forcé à l'entraînement cette semaine, explique l'intéressé. Je dois me reposer six-sept jours selon les médecins."
2011 : Forfait avant le tournoi. Rafa prend cette fois sa décision bien en amont du tournoi. Dix jours avant, il fait savoir aux organisateurs qu'il ne viendra pas à Paris. Objectif : se préserver pour le Masters. "Cette décision a été difficile à prendre mais elle a été nécessaire afin de me permettre de préparer au mieux la fin de cette saison ainsi que 2012."
2012 : Forfait avant le tournoi. Pour la troisième année consécutive, pas de Nadal à Bercy. Mais tout le monde s'y attendait. Touché au genou, l'Espagnol n'a plus joué en compétition depuis Wimbledon. "Même si je fais chaque jour des progrès significatifs dans mon rétablissement, je ne suis pas prêt pour retrouver la compétition à l’occasion de ces deux événements", dit-il dans un communiqué en annonçant son forfait à Bercy et au Masters de Londres.
2014 : Forfait avant le tournoi. A quelques heures du tirage au sort, il se retire pour "raisons personnelles." Souffrant d'un début d'appendicite, il ne jouera en réalité ni Bercy ni le Masters.
2016 : Forfait avant le tournoi. Le 21 octobre, Nadal a annoncé qu'il mettait un terme à sa saison pour soigner son poignet gauche endolori. Il explique avoir eu le tort de reprendre trop vite la compétition pour disputer les Jeux de Rio.
2017 : Forfait en cours de tournoi. Deux heures en amont de son quart de finale contre Filip Krajinovic, l'Espagnol décide d'arrêter les frais. "Mon genou droit n'est pas à 100%. J'étais venu pour gagner le tournoi mais je ne me vois pas jouer trois matches de plus comme ça", dit-il. "Il s'est excusé cent fois comme un enfant, il était très malheureux", glisse le patron du tournoi, Guy Forget.
Faites les comptes. En ajoutant l'épisode de ce samedi, c'est la dixième fois lors des quinze dernières éditions que Rafael Nadal renonce, avant ou pendant le tournoi. Il n'a joué qu'à sept reprises à Bercy, et n'a achevé que cinq fois le tournoi sans le quitter en cours de route. Au final, son bilan n'est pas si ridicule avec une finale, trois demies et trois quarts.
picture

Rafa Nadal à Bercy cette semaine.

Crédit: Getty Images

L’indoor, terre maudite

Deux éléments sont à la source de ses malheurs dans l'ex-POPB : c'est un tournoi de fin de saison et en indoor. Le premier élément explique en grande partie le nombre élevé de forfaits ou abandons ici. Nadal a d'ailleurs été contraint de renoncer cinq fois au Masters alors qu'il était qualifié pour le rendez-vous des Maîtres. Physiquement, beaucoup de joueurs connaissent des pépins une fois l'automne venu, mais, parmi les tops joueurs, l'homme de Manacor a payé un tribut plus lourd qu'un Djokovic ou un Federer dans ce domaine. Et de très loin.
Son absence de victoires, elle, doit beaucoup à l'indoor, sa terre maudite. Le seul contexte tennistique que Rafael Nadal n'a jamais vraiment réussi à maitriser. "Le jeu de Rafa convient moins à ce type de conditions, estimait cette semaine Marc Lopez, son partenaire en double aux Jeux de Rio. La balle rebondit moins, elle arrive plus vite, elle laisse moins de temps pour réagir et s'organiser." Il ne s'est imposé que deux fois en salle : A Madrid, en 2005, à l'âge de 19 ans, puis en 2013 à Rio de Janeiro, mais sur terre battue. Sur surface rapide, il n'a donc plus jamais gagné en indoor depuis plus de quatorze ans. Une vraie lacune dans son bilan.
"C'est vrai que, par le passé, c'est la surface sur laquelle j'avais le moins de chances, mais je pense avoir beaucoup progressé et je suis capable de très bien jouer ici", tempérait-il pourtant lundi dernier. Il le croyait, cette cuvée 2019 pouvait être la bonne. Celle de la grande réconciliation parisienne ET automnale. Mais le film semble devoir se terminer irrémédiablement de la même manière, année après année. Plus qu’une malédiction, une forme d’évidence.
picture

Octobre 2005 : Rafael Nadal décroche le titre à Madrid.

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité